• Les Galettes de Pont-Aven

    Les Galettes de Pont-Aven (1975)

    FilmsFilmsDans la série des films que nous trouvons mémorables, il y a celui réalisé en 1975 par Joël Séria, le cultissime Les Galettes de Pont-Aven. Il s'agit d'un road-movie qui raconte l'histoire de Henri Serin (Jean-Pierre Marielle), voyageur de commerce, dans la France des années 70. Serin sillonne la Bretagne pour présenter des nouvelles collections de parapluies. Le week-end, il rentre chez lui pour retrouver sa femme et ses enfants. Mais Serin s'ennuie dans son couple à cause d'une femme bigote et peu disposée à remplir le devoir conjugal. C'est avec d'autant moins d'états d'âmes que Serin multiplie les aventures lors de ses déplacements. Il séduit sans difficultés la peu farouche Mme Licois (Andréa Ferréol), l'une des commerçantes qu'il démarche. Mais la vraie passion de Serin, c'est la peinture.

    Les circonstances amènent Serin à faire la connaissance d'Emile (Bernard Fresson), un peintre bourru et truculent. C'est grâce à lui que Serin rencontre Angela, une canadienne callypige qui va bouleverser son existence...

    FilmsPour faire un bon film, il faut plusieurs ingrédients, au premier rang desquels d'excellents acteurs. Jean-Pierre Marielle est extraordinaire, aussi démonstratif dans l'expression de la passion qu'il témoigne aux femmes que dans la manifestation de sa souffrance. Aux côtés de cet immense acteur français, les seconds rôles forment une délectable galerie de portraits. Il y a, on l'a dit, le regretté Bernard Fresson (Emile) dans la peau d'un peintre local porté sur la bagatelle et Andréa Ferréol, également précitée. On note également la présence de Claude Piéplu dans le rôle d'un curé illuminé et de Dominique Lavanant sous les traits d'une prostituée bretonnante déjantée.

    Le film regorge de scènes hautes en couleurs comme celle de l'hôtel dans lequel Serin passe du bon temps avec Angela et où il se lance dans un monologue d'anthologie. On se souvient que dans Cyrano de Bergerac, la célèbre pièce de théâtre d'Edmond Rostand, Cyrano, pour ridiculiser un rival qui l'avait provoqué en se moquant de son nez, s'était lancé dans une tirade mémorable (« C'est un roc !… C'est un pic !… C'est un cap  !… Que dis-je, c'est un cap ?… C'est une péninsule ! »). Dans Les Galettes de Pont-Aven, ce n'est plus cette fois le nez qui est mis à l'honneur mais une croupe, en l'occurence celle d'Angela. C'est ce fameux  passage qu'on peut voir ci-dessous où Marielle, lyrique, crève l'écran. A l'image de cette scène qui a marqué les esprits, les dialogues sont fabuleux tout au long du film.

    Les Galettes de Pont-AvenAu-delà des aspects graveleux et libertins qui émanent des paroles ou des actes des personnages de l'histoire, le film est autant une comédie qu'un drame. Outre qu'il constitue une ode à la libération des mœurs et un bras d'honneur à la morale bourgeoise (tout en étant moins vulgaire que Les Valseuses de Bertrand Blier), le film de Séria est le témoignage d'une époque révolue où on bouffait du curé par anticléricalisme primaire. Le personnage principal, lui-même (tout comme le réalisateur à travers lui), ne cache pas son aversion pour l'église toutes les fois qu'il en a l'occasion. C'est d'autant plus cocasse, par exemple, de le voir contraint de passer la nuit dans une chambre de curé remplies de bondieuseries.

    Le film Les Galettes de Pont-Aven appartient à cette catégorie de cinéma qu'on ne voit plus. On ne pourrait plus faire ce film aujourd'hui.

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