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Illusions, r�alit� et rapports trimestriels

Ins�r� sur le site web de l'UITA le 28-Jul-2009

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Le d�calage entre le monde de la finance et le monde du travail n�a jamais �t� aussi marqu�, ni les b�n�fices aussi trompeurs. Alors que les salari�s/es souffrent d�une d�t�rioration croissante du march� du travail et d�un d�clin sans pr�c�dent de la production depuis la Grande D�pression, Wall Street et les autres bourses mondiales ont d�couvert de nouvelles "pousses vertes de la reprise" dans les rapports trimestriels du secteur bancaire �tasunien.

Que cache le r�sultat net record de USD 3,44 milliards de la banque Goldman Sachs au second trimestre (pour un chiffre d�affaires de USD 13,76 milliards) ? Selon le Financial Times, ce r�sultat a �t� dop� par "les activit�s Pr�ts � taux fixe, Change et Contrats � terme (Fixed Income, Currency and Commodities (FICC)) et des commissions de placement importantes sur les lev�es de capitaux". Si l�on prend ces diff�rents points dans le sens inverse, voici ce qu�ils veulent vraiment dire :

Goldman Sachs a b�n�fici� d�un renflouage massif, sans conditions et aux d�pends des contribuables, qui a inject� des fonds directement dans ses coffres tout en lui donnant acc�s � un cr�dit bon march� et garanti par le gouvernement sur des pr�ts non s�curis�s. Les contribuables �tatsuniens ont directement couvert les milliards de dollars de pertes de Goldman Sachs li�s � la faillite de l�assureur AIG, faillite � laquelle la banque avait elle-m�me contribu�. Goldman Sachs et les autres principales banques �tatsuniennes ont particip� � l��laboration des �valuations de solidit� financi�re, les "stress tests" men�s par le gouvernement, et ont ensuite n�goci� les r�sultats pour obtenir un bilan de sant� positif. Goldman Sachs a par la suite op�r� un revirement et s�est port�e garante des titres dont ses concurrents moins chanceux (et b�n�ficiant de moins bonnes relations) avaient besoin pour se maintenir � flot ( les "commissions de placement importantes sur les lev�es de capitaux" ).

La crise actuelle se traduit par une volatilit� persistante des march�s des changes et alimente la sp�culation (les activit�s de Change). Les investisseurs, craignant d�investir dans l��conomie r�elle et esp�rant prendre le train en marche d�une �ventuelle reprise, ont massivement plac� leurs fonds sur les contrats � terme des produits de base, ouvrant ainsi la voie � une nouvelle flamb�e des prix des denr�es alimentaires (les activit�s Contrats � terme ).

Le casino mondial fait des affaires de plus belle, dop� par les fonds publics. Si Goldman Sachs continue sur sa lanc�e, la banque offrira � ses employ�s/es des bonus de fin d�ann�e � hauteur de 22 milliards de dollars. Malgr� les d�clarations solennelles de Gordon Brown sur la fin des march�s financiers non r�glement�s, il semble que les pratiques habituelles aient repris comme si de rien n��tait, avec les parachutes dor�s et le reste, � une grosse diff�rence pr�s : gr�ce aux fonds publics, les institutions financi�res "trop importantes pour faire faillite" ont pu absorber les divisions les plus rentables de leurs concurrents en faillite et sont aujourd�hui plus grandes que jamais.

Les tours de passe-passe comptables ne peuvent pas ind�finiment soutenir le secteur financier tandis que l��conomie r�elle continue � se contracter. Le compte � rebours est enclench�, sur une montagne de dettes accumul�es, dont la dette des cartes de cr�dit et autres dettes de consommation qui ne peuvent que s�aggraver avec l�augmentation du ch�mage.

Faites abstraction des pr�visions chim�riques et des �valuations fantaisistes concernant les "avoirs toxiques" et la finance mondiale n�est pas en meilleur �tat qu�elle ne l��tait il y a un an. Les importants b�n�fices trimestriels de JP Morgan Chase, de Bank of America et de Citigroup (ces deux derni�res banques ont �chou� aux "stress tests") ont �t� r�alis�s gr�ce � la vente d�actifs et � une comptabilit� cr�ative. Les banques europ�ennes sont parvenues � cacher le pire en passant aux pertes et profits une partie de leurs obligations et pr�ts douteux. La Banque centrale europ�enne a r�cemment estim� que les banques de la zone euro afficheront des pertes cumul�es pour le montant faramineux de 649 milliards d�euro pour la p�riode 2007-2010. Ces pr�visions sont peut-�tre optimistes. Comme le notait le Financial Times, la plupart des banques europ�ennes "ont recours � des pratiques comptables agressives qui pourraient bien masquer leur v�ritable situation financi�re".

Pas un seul des milliards ou des milliers de milliards de dollars des contribuables n�a �t� investi dans des usines, des bureaux, dans la recherche ou les infrastructures � les seuls investissements qui g�n�rent v�ritablement des emplois et qui permettent aux familles de se nourrir. Selon la BCE, le taux de croissances des pr�ts bancaires aux secteurs manufacturier et des services a diminu� de moiti� depuis janvier. Une grande partie des liquidit�s inject�es dans le secteur financier a simplement retrouv� le chemin des facilit�s de pr�t des banques centrales des Etats-Unis, de l�Union europ�enne et du Royaume Uni, qui font toutes �tat de d�p�ts interbancaires overnight records, alors m�me que les minist�res des Finances et chefs d��tat implorent les banques d�ouvrir � nouveau les vannes du cr�dit.

Rien de tout cela n�est vraiment surprenant. Les banques ont re�u des montants sans pr�c�dent d�argent public de la part de gouvernements qui ont consciencieusement ignor� les instruments � leur disposition permettant d�acheminer cet argent dans des investissements productifs. Il n�est pas trop tard pour corriger la trajectoire. Au mois de juin, l�administration Obama a autoris� dix des principales banques �tatsuniennes, qui avaient largement profit� des largesses gouvernementales, � rembourser leurs emprunts et � s�affranchir des limites impos�es sur les bonus et d�autres restrictions g�nantes. L�administration pourrait encore, par divers moyens, influer sur leurs activit�s. Comme nous l�avons vu dans le cas de Goldman Sachs, l�acc�s au cr�dit gouvernemental bon march� est encore une bou�e de sauvetage indispensable pour les banques. Tous les gouvernements se sentiront oblig�s de maintenir et d��tendre leur participation dans les institutions financi�res en difficult� et ce, tant qu�elles continueront � perdre de l�argent. Les organisations syndicales doivent exiger que les gouvernements utilisent leur participation enti�re ou partielle dans ces institutions pour imposer des strat�gies d�investissement qui profitent aux salari�s/es qui paient pour les plans de sauvetage.

L�exemple de Goldman Sachs et la folie des derniers r�sultats trimestriels d�montrent premi�rement que si les gouvernements ne font pas de leur soutien � un secteur financier chancelant un instrument de politique sociale, au lieu d��tre seulement un moyen de transf�rer l�argent des contribuables au secteur priv�, ils ne feront que pr�parer le terrain pour une nouvelle bulle sp�culative. Deuxi�mement, que la crise du cr�dit � la consommation est aggrav�e par les suppressions d�emplois et la baisse des investissements, op�r�es par les entreprises qui tentent d�obtenir des rentr�es malgr� des ventes stagnantes ou en chute libre. L�emploi et la crise financi�re sont donc intimement li�s. Il s�ensuit que relever les salaires et soutenir l�emploi, seules mesures propres � assurer une croissance r�elle, et pas seulement financi�re, est la seule issue � la crise.