Pauvres de nous

Actions sociales à Namur hier et aujourd’hui

L’hospice d’Harscamp s’ouvre en 1812 dans les murs de l’ancien couvent des Récollets de Namur. Cet institut s’avère particulier à plus d’un titre. D’une part, il dispose d’un statut mixte puisqu’il est géré conjointement par la commission administrative des hospices civils et par la famille d’Harscamp. D’autre part, il est destiné à une catégorie sociale spécifique puisque le testament de 1805 d’Isabelle Brunelle, veuve d’Harscamp (1724-1805), prévoit d’y « secourir les personnes des deux sexes en nombre égal âgées de plus de 60 ans, issues d'une famille dont les père et mère ou les aïeux vivaient dans une honnête opulence et qui se trouveraient sans ressources pour subsister ». L’objectif est de permettre à ces « vieillards déchus de leur état de fortune » de finir leurs jours dans un environnement relativement privilégié.

Le niveau de vie y est certes plus élevé qu’à Saint-Gilles : le bâtiment est pourvu de chambres individuelles et doubles, d’un jardin, d’une salle de séjour… Le personnel compte un médecin, un pharmacien, des religieuses (des Sœurs de Notre-Dame remplacées en 1869 par des Sœurs de la Charité) ainsi que des domestiques en nombre suffisant pour éviter de soumettre les hospitaliers à des tâches ménagères auxquelles ils ne sont habitués.

Conformément au testament d’Isabelle Brunelle, les conditions d’admission n’impliquent en principe aucune limitation géographique (contrairement aux hospices civils réservés aux Namurois). Néanmoins, l’article 18 du règlement de l’institution stipule, à l’initiative de la commission des hospices civils,  que « nul individu ne sera admis au dit hospice d’Harscamp s’il ne se justifie, en outre, d’un domicile acquis dans la dite ville, ou tout au moins dans le département ».

SOURCE : LOTHE, J., Paupérisme et bienfaisance à Namur au XIXe siècle. 1815-1914, Bruxelles, Crédit communal, 1978.