Mantes-la-Jolie : alerte à l’herbe du diable, potentiellement mortelle

Le datura stramonium, une plante sauvage éminemment toxique, a été observé ces dernières semaines à proximité d’écoles et en bord de Seine à Mantes-la-Jolie (Yvelines).

Datura plante toxique
Le datura stramonium, ou herbe du diable, contient trois puissants alcaloïdes dont les effets peuvent être très graves pour l’organisme. Plusieurs plants ont été observés récemment à Mantes-la-Jolie (Yvelines). ©Pixabay
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On l’appelle l’herbe du diable. Une prolifération de datura stramonium a été observée, ces dernières semaines, à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Le sujet est suffisamment sérieux pour que la municipalité publie sur ses réseaux sociaux un message d’alerte invitant à la plus grande prudence ceux qui croiseraient le chemin de cette plante sauvage éminemment toxique, « qui n’avait pas été identifiée jusqu’ici ».

Plusieurs pieds de datura ont été aperçus dans le quartier des bords de Seine, « et notamment à proximité de l’école maternelle et élémentaire Albert-Uderzo et de la crèche L’île aux Enfants », informe la mairie. « Les services de la Ville sont actuellement en train de planifier une intervention pour un arrachement progressif. Attention lors de vos balades ! » Il semblerait que des massifs se soient aussi développés sur les rives du fleuve.

En cas d’ingestion, l’intoxication peut entraîner la mort

Pourquoi de telles précautions ? Le datura contient trois puissants alcaloïdes : l’atropine, la scopolamine et l’hyoscyamine. Les effets de ces substances organiques d’origine végétale sur l’organisme, humain ou animal, peuvent avoir des conséquences très graves en cas d’ingestion.

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« Toutes les parties sont toxiques », met ainsi en garde l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). « Les alcaloïdes contenus dans le datura peuvent provoquer un syndrome […] qui se manifeste d’abord par des troubles périphériques (dilatation de la pupille ; dessèchement des muqueuses ; perte de l’équilibre ; tachycardie ; vasodilatation…), puis des troubles centraux (agitation, confusion, délire, hallucinations…) », décrit, de son côté, une note du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Des effets « qui peuvent entraîner la mort », alarme l’Inrae.

« De très petites quantités suffisent pour déclencher une intoxication. L’intoxication persiste huit à douze heures si elle est modérée, deux à trois jours si elle est sévère, poursuit la note du ministère. Les symptômes nécessitent en général une hospitalisation. »

Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire

En 2009, à Maurepas, un homme avait fini en unité psychiatrique

L’affaire date de novembre 2009 et avait été rapportée à l’époque par nos confrères du Parisien. Un homme de 22 ans avait été très gravement intoxiqué après avoir ingéré du datura.
La plante agrémentait des espaces verts de la commune de Maurepas. La victime, qui travaillait pour la municipalité dans le cadre d’un emploi d’insertion, avait repéré l’herbe du diable.
Elle en avait prélevé les graines pour en faire des infusions. Son imprudence l’avait mené jusqu’à l’établissement de santé mentale Marcel-Rivière, à La Verrière. « Avec sans doute des lésions irréversibles », avait alors pronostiqué une source proche du dossier après l’enquête ouverte par le parquet de Versailles.
Présent à une soirée entre amis, le jeune homme avait proposé sa tisane. Il sera finalement le seul à en boire. Sa disparition avait été signalée le lendemain, en milieu de matinée.
Retrouvée en plein délire quelques heures plus tard dans les rues de Suresnes (Hauts-de-Seine) par la police, la victime avait été admise en urgence à l’hôpital Foch, avant son transfert dans le centre spécialisé en psychiatrie de La Verrière.
Georges Mougeot, maire de Maurepas entre 1989 et 2014, avait « demandé qu’on exclue le datura des plantations de la ville aussitôt après avoir reçu la mère de la victime ». L’élu avait aussi écrit à la préfète de l’époque, Anne Bocquet, « afin qu’elle fasse classer le datura comme plante toxique ».
« C’est un psychotrope comme les digitales ou les coquelicots, mais comme beaucoup de plantes elle a des effets très néfastes pour la santé », expliquait l’ex-édile de Maurepas.

Le datura, qui apprécie les températures clémentes, se développe partout là où on le laisse s’exprimer. Dans les friches, les champs, où il est très redouté des agriculteurs, sur le bord des routes, en ville et parfois même jusque dans les potagers. Sa vague ressemblance avec l’épinard d’été (ou épinard de Nouvelle-Zélande), a d’ailleurs failli être fatale à une famille du Grand Est en 2020.

Attention à vos potagers

Si les effets les plus sévères du datura se manifestent en cas d’ingestion, sa manipulation doit être entourée des plus grandes précautions. L’utilisation de gants est donc indispensable. Si la plante a élu domicile dans votre jardin, il est conseillé d’arracher les plants et de les laisser se dégrader dans un endroit isolé. Il ne faut surtout pas les mettre dans son compost et encore moins les brûler, ses fumées étant hallucinogènes.

Intoxication collective grave dans le Grand Est

Ce fait divers a conduit l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié un communiqué d’information et, surtout, de mise en garde, à l’été 2020, après un signalement du centre antipoison du Grand Est.
Quatre membres d’une même famille habitant la région avaient été intoxiqués gravement dans les semaines précédentes après la consommation de feuilles de datura provenant de leur potager, « confondues avec des feuilles de tétragone cornue », appelé aussi épinard de Nouvelle-Zélande ou épinard d’été. « Un légume oublié qui connaît un regain d’intérêt ces dernières années », précisait l’Anses.
« Les personnes avaient semé des graines [de tétragone cornue] achetées en sachet dans un magasin botanique, qui n’ont cependant pas poussé au moment prévu, décryptait l’agence. Constatant, un an après, des petites pousses à l’endroit où avaient initialement été semées les graines, les personnes ont repiqué ces pousses. Il s’agissait en fait de datura ayant poussé de manière involontaire. »
Le plat cuisiné par cette famille avec la plante toxique aurait pu leur être fatal. Cette imprudence avait en effet nécessité « une hospitalisation en réanimation » pour chacune des victimes informait l’Anses. « Si l’évolution clinique a été favorable », l’une d’elles a dû se soumettre « à un suivi médical prolongé ».

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