Biver Camille

Culture, Littérature

Arlon 02/02/1917, Mohammedia (Maroc) 09/08/1981

Artiste éclectique, Camille Biver est l’un des acteurs du renouveau littéraire de la province de Luxembourg dans les années 1950. Comme nombre de Wallons de sa génération, il a été pris dans la tourmente de mai 1940. Combattant lors de la Campagne des 18 Jours, il a été fait prisonnier de guerre et, à l’instar de 65.000 autres Wallons, n’a retrouvé la lumière qu’après cinq années de captivité. Il se consacre alors pleinement à l’écriture, à la scène et à l’animation culturelle. 

Étudiant à Arlon, à l’École des Frères Maristes (1930-1932), puis à l’Athénée (1933-1936), Camille Biver termine sa scolarité à l’École des Cadets de Namur, établissement qui prépare les jeunes à une carrière militaire. Paradoxalement, c’est là qu’il croise la route d’un professeur, le grammairien Maurice Grevisse, qui voit en lui « une belle plume ». Publiant son premier recueil à l’âge de dix-sept ans, il tente avec succès le concours d’entrée à l’École militaire et intègre, en 1937, la 83e promotion de la section Infanterie-Cavalerie. Nommé sous-lieutenant en novembre 1939, il passe, à sa demande, au Ier Régiment cyclistes-frontière. Chef de peloton de la 6e puis de la 5e compagnies, il participe à la résistance de l’armée belge sur la Lys en mai 1940 et est fait prisonnier, au moment de la capitulation, le 28 mai. S’ouvrent alors pour cet officier cinq longues années de captivité. Durant cette période passée dans différents oflags, Camille Biver trouve dans l’écriture matière à maintenir son moral et à quelque peu « divertir » ses compagnons d’infortune : il écrit chansons, sketches, pièces de théâtre, etc. Cœurs, sa pièce de théâtre en trois actes, est jouée à l’Oflag II A, à Prenzlau. Délivré par les Soviétiques alors qu’il est aux portes de la mort – il ne pèse plus que trente-huit kilos –, Camille Biver est transféré au sanatorium de Tombeek où les médecins ne lui donnent aucune chance de survie. Durant près de quatre ans, il séjourne en Suisse, reçoit divers soins et opérations. À nouveau, l’écriture est un adjuvant : il collabore à plusieurs revues et journaux suisses et français ainsi qu’à La Libre Belgique, à La Nation belge, au Ligueur, etc.

Invalide de guerre, Camille Biver est retraité à trente-deux ans, un tournant dans la carrière de ce militaire qui, avec l’aide d’une bourse offerte par l’État belge, entre au conservatoire et obtient le Premier Prix d’art dramatique. Personnage-clé de la culture et de la littérature luxembourgeoises, il fonde une revue, à Arlon, Le Jeune fauve, qui connaît quatorze numéros publiés au début des années 1950, et à laquelle collabore Georges Bouillon qui en assurera la relève, en créant La Dryade, active pendant trente-deux ans.

En 1953, après son mariage avec la comédienne Georgette Noguet, Biver s’installe à Bruxelles et reprend l’ancien théâtre Diable à quatre, qu’il rebaptise Le coup de lune ; il travaille aussi à la radio, à la télévision – il présente notamment des longs métrages ramenés de l’étranger pour l’émission Les sentiers du monde –  pour divers journaux, et dirige avec son épouse le Laboratoire des variétés, école qui forme des artistes. À cette époque, il publie divers romans et pièces de théâtre pour un public d’adolescents, notamment Le roman d’Hellen Keller (1957), L’an 2000 (1957) et Revolver et Vermicelle (1956). L’action de ce dernier récit se déroule entre Florenville et Bouillon ; l’un des personnages, l’ancien officier blessé pendant la guerre et pensionné pour invalidité, n’est pas sans rappeler l’auteur.

C’est dans la poésie que le lecteur trouve la meilleure partie de l’œuvre de Camille Biver. Ses poèmes, confidences et aveux, « révèlent beaucoup d’angoisse dans l’interrogation de soi, beaucoup de doute, une sorte de lassitude parfois, des combats intérieurs, un mélange d’espérance et de renoncement, et particulièrement une aspiration à l’innocence issue des gouffres les moins purs, et que nous connaissons tous » (JACQUEMIN). Poète tourmenté, Camille Biver l’est également en chansons. Récompensé à Paris du Grand Prix des Amis de la Chanson, en 1973, Camille Biver trouve la mort au cours d’un séjour au Maroc, en 1981.

Sources

Valérie GABRIEL, À la découverte d’un écrivain arlonais, Camille Biver, et d’une de ses œuvres, Le roman d’Hellen Keller, Virton, IESP de la Communauté française, Travail de fin d’études présenté en vue de l’obtention du grade de régent littéraire, 1994
A. ANTOINE, « Le courage d’exister… Camille Biver ou la vie intense et "naïve" », dans La Dernière Heure, 24 août 1981
https://www.servicedulivre.be/Auteur/biver-camille

Œuvres principales

Banalités, poèmes (1935)
Candeurs, poèmes (1936)
Chansons pour te faire sourire, chansons (1937)
Mes vingt ans tout frissonnants, poèmes (1938)
À pleines dents, poèmes (1940)
Cœurs, théâtre (1945)
Saxo, radio-drame (1946)
Cricri, radio-drame (1947)
Une faible femme, radio-drame (1947)
Les poètes… c’est bête, poèmes (1948)
Je n’ai jamais aimé personne, poèmes (1949)
Pourquoi le rouge est la couleur de l’amour, contes (1949)
Vers le cœur d’un frère inconnu, poèmes (1954)
Douze sonnets, poèmes (1955)
Revolver et vermicelle, roman (1956)
L’an 2000, roman (1957)
Le roman d’Helen Keller, roman (1957)
Le nègre aux yeux bleus, poèmes (1960)
En effeuillant la marguerite, roman (1963)
Le dernier bandit d’honneur, roman (1963)
L’île déserte, théâtre (1964)
Cellule zéro, suivi de Le refus d’aimer, théâtre (1965)
Ne tirez pas sur la vedette, roman (s. d.)
La soixantaine, 33 tours
Vois de son maitre, 45 tours
Chansons pour tous, 45 tours
Tziganes, bohémiens et gitans, long métrage
Nomades et djellabas, long métrage
Nomades et montagnards, long métrage
Mystérieux Berbères, long métrage
Les seigneurs de l’Atlas, long métrage 
En Russie, à l’aventure, long métrage

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De Condé Baudouin

Culture, Littérature

Hainaut 1ère ½ du XIIIe siècle, Hainaut 2e ½ du XIIIe siècle

Baudouin de Condé est l’auteur d’une vingtaine de pièces, sortes de petites dissertations à caractère moral, révélatrices de la liberté de parole accordée à cette époque aux ménestrels.

De ce ménestrel à la cour de Marguerite de Constantinople, comtesse de Flandre et de Hainaut, nous ne connaissons que les vingt-et-une pièces recueillies sous son nom. Si elles ne peuvent être datées avec précision, elles permettent de situer son activité littéraire dans les années situées entre 1240 et 1280. Composées en vers octosyllabiques, presque toutes intitulées « contes », elles n’en ont toutefois que le nom et sont plutôt à classés parmi les petits sermons à demi satiriques et moralisateurs, une « tendance didactique [qui] annonce déjà l’esprit du quatorzième siècle ».

Récités durant les banquets, ces dits moraux illustrent la liberté de parole accordée aux ménestrels de manière générale, et singulièrement à Baudouin de Condé, sous la plume duquel grands seigneurs et autres prélats n’évitent pas les traits cinglants et les formules féroces.

Sources

Willy VAN HOECKE, L’œuvre de Baudouin de Condé et le problème de l’édition critique, thèse de doctorat, Université catholique de Louvain, 1970
Jean-Charles SEIGNEURET, dans Geneviève HASENOHR et Michel ZINK (dir.), Dictionnaire des lettres françaises : le Moyen Âge, Paris, Fayard, 1992, p. 131-132
Jean STECHER, dans Biographie nationale, t. 4, col. 345-350
Auguste SCHELER, Dits et contes de Baudouin de Condé et de son fils Jean de Condé, t. 1 : Baudouin de Condé, Bruxelles, 1866
Archives de Littérature du Moyen Âge, http://www.arlima.net/ad/baudouin_de_conde.html#pel

Œuvres principales

Li contes dou pel (après 1270)
Li contes dou wardecors (2e ½ du XIIIe siècle)
Li contes dou pellicam (2e ½ du XIIIe siècle)
Li contes dou baceler (2e ½ du XIIIe siècle)
Li contes dou dragon (2e ½ du XIIIe siècle)
Li contes dou mantiel (2e ½ du XIIIe siècle)
Li contes dou preudome (2e ½ du XIIIe siècle)
Li contes d’envie (2e ½ du XIIIe siècle)
Li contes d’amours (2e ½ du XIIIe siècle)
Li contes de la rose (2e ½ du XIIIe siècle)
Uns examples de le mort (2e ½ du XIIIe siècle)
Li contes des hiraus (2e ½ du XIIIe siècle)
Li contes de gentilleche (2e ½ du XIIIe siècle)
Li dis de la pomme (2e ½ du XIIIe siècle)
Li Ave Maria (2e ½ du XIIIe siècle)
Li contes de l’aver (2e ½ du XIIIe siècle)
Li dis des trois mors et des trois vis (2e ½ du XIIIe siècle)
La voie de paradis (2e ½ du XIIIe siècle)
Li contes de l’olifant (2e ½ du XIIIe siècle)
Li vers de droit (2e ½ du XIIIe siècle)
La prisons d’amours (2e ½ du XIIIe siècle)

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Baron de Walef

Culture, Littérature

Nivelles (?) 08 ou 09/1661, Liège 22/07/1734

Militaire, Blaise-Henri de Corte, devenu baron de Walef, du nom d’une de ses propriétés, est le principal écrivain liégeois de son époque ; son statut est révélateur « de la condition difficile de l’écrivain wallon au début du XVIIIe siècle ». Ainsi, dans une société marquée par la méfiance du clergé à l’égard des lettres, par une Église toute puissante et par l’absolutisme du pouvoir, toute activité littéraire – en dehors d’une production pieuse – semblait presqu’impossible. Il faut attendre la deuxième moitié du siècle et surtout le dernier tiers pour assister à une renaissance intellectuelle et littéraire dans les provinces wallonnes, en particulier dans la principauté de Liège, qui sortent progressivement de leur léthargie.

Entré au collège des jésuites de Liège, Blaise-Henri de Corte, qui avait développé un goût particulier pour les lettres, se sent attiré par la carrière militaire. Capitaine dans un régiment d’infanterie espagnole, en 1679, il entre au service de la France, en 1682, puis de l’armée impériale, en 1684 ; trois ans plus tard, il lutte de nouveau aux côtés de la France, avant de passer en Angleterre en 1700 et de se trouver au service de la coalition alliée, lors de la Bataille de Ramillies, au terme de laquelle il obtient le grade de général. Se trouvant à Paris à la mort de Louis XIV, en 1715, le Baron de Walef offre ensuite ses services en Italie, en Espagne ensuite, où il reçoit du roi, en 1719, la patente de lieutenant-général de ses armées, ainsi que celle d’inspecteur de l’infanterie et de la cavalerie de ses royaumes : en 1721, il reçoit de surcroît le commandement du royaume de Valence. En 1728, il obtient sa démission.

Durant toutes ces années consacrées aux armes, le Baron de Walef manie aussi la plume ; sa production est variée et abondante : contes, épopées, satires, poèmes, il s’essaie dans tous les genres. Mais ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’il vient à publier ses pièces en vers. En 1779, l’éditeur Lemarié publiera un volume d’œuvres choisies. Parmi les genres abordés, c’est dans la satire que le Baron de Walef s’illustre le plus – encouragé par son contemporain, le poète Boileau, à la lecture duquel il avait pris le goût de l’écriture. Attaquant les médecins, les moines, ses concitoyens, il manifeste une volonté d’écrire contre les mœurs du siècle, de « […] réprimer le vice et faire aimer la vertu », ainsi qu’il le revendique lui-même.

Promu encore au grade purement honorifique de feld maréchal-lieutenant de l’empire, le Baron de Walef témoigne de la diffusion progressive du français dans la principauté de Liège et de l’ironie voire du dédain que celui-ci jette sur le dialecte liégeois.

Sources

Henri HELBIG, dans Biographie nationale, t. 4, col. 898-908
Roland MORTIER, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. II, p. 75-76
Daniel DROIXHE, Une histoire des lumières au pays de Liège. Livre, idées, société, Liège, Les Éditions de l’Université de Liège, 2007, p. 12 ; 28 ; 167
https://data.bnf.fr/10077994/blaise-henri_de_corte/

Œuvres principales

Le Catholicon de la Basse Germanie, satire (1724)
Les Titans ou l’ambition punie, poème épique (1725)
Les rues de Madrid, poème en six chants (1730)
Œuvres nouvelles (5 vol., 1731)
Le triomphe des médecins, satire (1731)
Odes sur les affaires du tems, avec une description en abrégé de la Hollande, par l’auteur des Titans (1731)
Electre, tragédie (1734)
L’anarchie à Liège, satire (s. d., inédit)
Mahomet II, tragédie (s. d., inédit)

Balthazar André

Culture, Littérature

La Louvière 07/01/1934, La Louvière 22/08/2014

Enseignant, poète et éditeur, André Balthazar, également directeur du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de La Louvière, a été l’une des grandes figures du surréalisme en Hainaut, aux côtés de ses amis, les artistes Pol Bury et Achille Chavée.

Élève à l’Athénée provincial du Centre à Morlanwelz, où il enseigne pendant vingt-sept ans, André Balthazar rencontre, en 1949, Pol Bury. Rencontre déterminante s’il en est pour ce jeune garçon curieux, qui fondera, avec ce dernier, l’Académie de Montbliart (1955), d’où sortira, à partir de 1957, la revue Daily-Bul, ‘la plus étrangère des revues belges’, moniteur de la pensée Bul, qui deviendra maison d’édition, à partir de 1959. « Le mot « Bul » (qui se prononçait « boule » à l’époque) – écrit André Balthazar – s’imposa à nous comme une évidence, dans sa rondeur impeccable. Il était le résultat sonore et phénoménologique de stimulations, rencontres et croisements multiples ».
Licencié en Philologie romane de l’Université libre de Bruxelles (1956), il intervient, durant plus de dix ans, à l’École nationale supérieure des Arts visuels de La Cambre sur la littérature vivante. En 1963, sort son premier recueil de textes, La personne du singulier, ornementé par Pierre Alechinsky. La contribution d’autres artistes aux éditions de ses textes devient presqu’une constante : À bras le corps (1965) comporte des cinétisations de Pol Bury, Fenêtres à vue (1977), des photographies de Georges Vercheval, Lignes (1979), des gravures de Pol Bury, L’enfance de l’âge (1982), des lithographies d’Antonio Segui, etc. Il laisse plusieurs écrits sur des personnalités telles que Pierre Alechinsky, Achille Chavée, Christian Dotremont, André Michaux, Joan Miró et collabore à diverses revues, notamment Sens plastique, Phantomas, Chroniques de l’art vivant, Le journal des poètes, XXe siècle, la Revue de l’Université de Bruxelles, etc.

Directeur, à partir de janvier 1984, du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de La Louvière, André Balthazar est membre de la Libre Académie de Belgique et de l’Association internationale de la Critique artistique. Parmi ses innombrables activités, André Balthazar s’est également donné pour mission de conserver toute trace de l’activité du Daily-Bul, depuis la sortie du premier numéro, en 1957. Depuis mars 2009, le Centre Daily-Bul, installé à La Louvière, gère et met en valeur ce précieux fonds d’archives.

Sources

Jean-Marie KLINKENBERG, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 46
Béatrice TERLINDEN, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. IV, p. 242
https://www.servicedulivre.be/Auteur/balthazar-andr%C3%A9
http://www.dailybulandco.be/lieu.html 
Le Soir, http://www.lesoir.be/633772/article/actualite/en-memoire/2014-08-22/deces-du-poete-surrealiste-belge-andre-balthazar 

Œuvres principales

La personne du singulier, poèmes (1963)
À bras le corps, poèmes (1965)
Il faut ce qu’il faut, poèmes (1965)
Pol Bury, essai (1967)
Deux contes (1969)
Pol Bury, essai (1976)
Fenêtres à vue, poèmes (1977)
Lignes, poèmes (1979)
L’enfance de l’âge, poèmes (1982)
Les images virtuelles, poèmes (1982)
La concordance des temps, poèmes (1984)
Pâleurs obliques, poèmes (1987)
Façons d’y voir, poèmes (1989)
Buffoneries, poèmes (1990)
L’air de rien, poèmes (1992)
Il, poèmes (1992)
Elle, poèmes (1995)
Linnéaments, poèmes (1997)
Lexikon (12 tomes parus à partir de 1999), collection
La vache (en gros et en détail), poèmes (2000)
Broutilles, poèmes (2002)
Je, poèmes (2002)
Les pas perdus, poèmes (2006)
Le petit Mozart, poèmes (2006)
Motus, poèmes (2008)
Les eaux dormantes, poèmes (2008)
Le temps éparpillé, poèmes (2013)
Mémoire à naitre, poèmes (2013)

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Aventin Christine

Culture, Littérature

Hermalle-sous-Argenteau 03/08/1971

En 1988, Christine Aventin fait une entrée fracassante en littérature : son premier roman, Le cœur en poche, est un succès abondamment médiatisé. Il est traduit en dix-sept langues. À peine âgée de 17 ans, la jeune Wallonne est placée sous les projecteurs pendant plusieurs mois. Une forte pression pèse sur ses épaules quand il s’agit d’écrire son deuxième ouvrage. En 1990, Le diable peint ne suscite pas la même effervescence que Le cœur en poche, mais l’auteure aspire à reprendre le fil de la vie à son commencement.

Passionnée de littérature, elle s’inscrit à l’Université de Liège où elle suit une licence en Philologie romane, et présente un mémoire consacré à « Nathalie Barney : le mythe de la littérature lesbienne ». En Erasmus en Grande-Bretagne, elle étudie la littérature anglaise à l’Université de Leeds. Pendant un an, elle est lectrice de français en Pologne, et enseigne la littérature belge à l’Université Jagellonne de Cracovie. Responsable de rédaction à mi-temps pour le mensuel C4, Christine Aventin y fait ses premiers pas en tant que journaliste avant de se remettre à l’écriture, car « la seule façon de ne plus être Le cœur en poche, c’était d’écrire et d’écrire autre chose », avoue-t-elle.

Cataloguée phénomène de littérature alors qu’elle n’est encore qu’une adolescente, elle revient à l’écriture, en 2001, et fait ses premiers pas au théâtre. Dans ses romans souvent classés « érotiques », elle explore l’amour, le désir, la passion physique, s’affirmant dans une recherche formelle exigeante – chaque écrit présente une structure et une écriture qui lui sont propres. Ainsi, dans Portrait nu (2005), elle divise le roman en trois parties comprenant chacune sept chapitres de même taille. Celles-ci décrivent une nuit, une semaine, une saison, avec le même nombre de mots, l’idée étant, par cette construction, de créer une sensation d’accélération.

Après le roman, Christine Aventin pense au théâtre et collabore à l’écriture du spectacle Habit(u)a tion d’Anne-Cécile Vandalem, récompensé par le Prix du Meilleur Spectacle et le Prix de la Meilleure création artistique et technique. Participant à divers projets artistiques, elle rédige, en 2012, à la demande de la directrice de la compagnie Berdache Production, Julie Antoine, le texte de Red Shoes, sous-titré Manipulation de corps, détournements d’objets et de mots de tous les genres

En 2013, Christine Aventin se lance dans un nouveau genre, l’essai-fiction, avec Breillat des yeux le ventre, dans lequel, volontiers provocatrice, elle se regarde voir les films de Catherine Breillat, explorant l’art, la fiction et le vrai, la transgression, l’intimité, quelques-unes, avec les mots, les phrases et le corps, parmi ses questions préférées.

Christine Aventin se veut également poétesse et est l’auteure d’un recueil, Mors aux dents, en 2015. À l’occasion de Mons 2015, elle intègre le collectif Intermédiaires Variations – réunissant notamment Patrick Guaffi, Alain Dantinne, Paul Gonze, Jacqueline L’Heveder, Françoise Lison-Roche, Rachid Madanis, Colette Nys-Mazure, Milady Renoir, Jean-Marie Stroobants – qui est sélectionné pour l’exposition « Crée-moi un livre », organisée en collaboration avec la Fondation Mons 2015, et qui s’attache à faire le pont entre art contemporain et littérature.

En 2021, elle publieun essai féministe intitulé FeminiSpunk aux éditions Zones.

Œuvres principales

Le cœur en poche, roman (1988)
Le diable peint, roman (1990)
Le désir demeuré, roman (2001)
Portrait nu, roman (2005)
Arbadacarba, conte pour enfants (2010)
Red Shoes, théâtre (2012)
Breillat des yeux le ventre, essai-fiction (2013)
Mors aux dents, poèmes (2015)
FeminiSpunk (2021)

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Anselme de Liège

Culture, Littérature

Liège 1008, Liège après 1056

Historien et doyen de la cathédrale de Liège, Anselme est un chroniqueur surtout connu pour ses Gesta episcoporum Tungrensium, Traiectensium et Leodiensium ; rédigées entre 1052 et 1055, elles retracent l’histoire ecclésiastique du diocèse et restent l’une des sources principales de l’histoire liégeoise jusqu’à la mort de Wazon.
D’origine noble, il fait des études à Liège, est désigné comme doyen de Notre-Dame à Namur, avant de devenir chanoine et écolâtre de Saint-Lambert à Liège, sous les évêques Wazon et Théoduin ; il achève sa vie comme doyen à Liège.

Amené à rédiger l’histoire des évêques de Liège jusqu’à Wazon (1048), il emprunte la première partie de son ouvrage, de Materne à Remacle, à l’abbé Heriger et aux sources connues, et continue l’histoire de l’épiscopat liégeois depuis Théodard jusqu’à la mort de Wazon ; la biographie de ce dernier occupe une bonne moitié de l’ouvrage.

Au milieu du XIIIe siècle, le moine Gilles d’Orval entreprend de continuer la chronique d’Anselme de Liège ; sa compilation est cependant loin d’atteindre la qualité de l’ouvrage de son prédécesseur.

Sources 

Frédéric HENNEBERT, dans Biographie nationale, t. 1, col. 327-328
Bernhard BLUMENKRANZ, Les auteurs chrétiens latins du Moyen Âge sur les juifs et le judaïsme, Peeters, Leuven, 2007, p. 260 (Coll. de la Revue des études juives)
Les sources de l’histoire du Pays de Liège, p. 162-172
Léopold GENICOT (dir), Histoire de la Wallonie, Toulouse, Privat, 1973, p. 170
Jean-Louis KUPPER, Liège et l’Église impériale aux XIe-XIIe siècles, Paris, Les Belles Lettres, 1981
Julien MAQUET, « Faire justice » dans le diocèse de Liège au Moyen Âge (VIIIe-XIIe siècles). Essai de droit judiciaire reconstitué, Genève, Droz, 2008, p. 9 ; 509 et sv. (Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège, 290) (s.v. février 2016). 

Œuvres principales

Gesta episcoporum Tungrensium, Traiectensium et Leodiensium (1052-1055)

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André Francis

Culture, Littérature

Fratin (Étalle) 01/09/1897, Fratin 08/08/1976

Né dans une famille rurale, l’écrivain Francis André, poète paysan et nouvelliste particulièrement attaché à sa terre gaumaise, est l’une des figures de proue de la littérature prolétarienne de Wallonie.

Dernier enfant de la fratrie, autodidacte, Francis André est associé très jeune aux travaux des champs auxquels il se consacre, dès 1908, après avoir quitté l’école. C’est un poème, publié, en 1915, dans le journal arlonnais Les nouvelles et remarqué par le poète Augustin Habaru, promoteur de la littérature prolétarienne, qui va lancer sa carrière littéraire. 

Auteur de recueils de poésie et de romans, Francis André met en mot, dans un langage de tous les jours, les choses simples, les choses qui l’entourent : la vie rurale et ses gestes coutumiers, les saisons, son amour des gens, les bêtes, la terre, les champs et la nature. « En cheminant derrière ma charrue […], je formulais mon poème en marchant et c’est probablement le rythme de mon pas qui a amené une certaine cadence qui se répercute sans que je m’en aperçoive dans la construction de mes vers […]. J’écrivais mon poème sans jamais la moindre rature. Je n’ai jamais rectifié quoi que ce soit de ce que j’avais composé pendant le jour. J’écrivais donc directement, d’un jet, le poème que j’avais composé durant mon travail ». 

De décembre 1916 à février 1917, Francis André est déporté à Cassel, une expérience qui lui inspire un roman, Les affamés (1931), dans lequel il exprime avec force son attachement pour sa région natale. Écrivain engagé, trotskyste, il signe, en 1928, le Manifeste de l’équipe belge des écrivains prolétariens de langue française, avec Hubermont et Ayguesparse, qui paraît dans le numéro 4/5 de février-mars 1929 de la revue Tentatives, soit trois ans avant celui de Poulaille et de son « École prolétarienne », dont il est également signataire. Dans la foulée, Francis André se situe à un tournant idéologique quand d’extrême-gauche, il se range aux côtés du socialiste Henri de Man et participe à la propagation de son « Plan de Travail ». Devenu bûcheron et ouvrier carrier au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il reçoit, en 1964, le Prix Max Elskamp pour l’ensemble de son œuvre.

Sources

Robert FRICKX et Raymond TROUSSON (éds.), Lettres françaises de Belgique, Dictionnaire des œuvres, t. II : La poésie, Duculot, Paris-Gembloux, 1988, p. 410 ; 413.
Francis André, poète paysan (littérature prolétarienne et idéologie), dans W’allons-nous ?, printemps 1985, 4e année, n° 12 (propos recueillis par J-Cl. Tournay)
Francis VANELDEREN, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 103

Œuvres principales

Jeunesse paysanne, roman autobiographique (1927)
Poèmes paysans, poésie (1928, 1ère éd.)
Les affamés, roman (1931) 
Quatre hommes dans la forêt, roman (1938)
À l’ombre du clocher, nouvelles (1941)
Poèmes de la terre et des hommes, poésie (1959)
La gerbe du soir, poésie (1974)

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Aimé Quernol né Marique Léon

Culture, Littérature, Science, Médecine

Velaine 25/07/1886, Liège 01/07/1950

« […] le régionalisme a gardé des fidèles et suscité des œuvres simples et pudiques où la tendresse mène à l’universel. ». Parmi ceux-ci, l’écrivain Aimé Quernol, pseudonyme de Léon Marique, également médecin stomatologue, livre « la meilleure introduction à l’âme populaire wallonne » (KLINKENBERG).

Résidant à Vottem, sur les hauteurs de Liège, élève au Collège Saint-Servais de la cité ardente, Léon Marique mène avec succès des études de médecine à l’Université de Liège, avant de partir pour Paris, pour suivre une spécialisation en stomatologie. Après un début de carrière dans l’armée, comme médecin militaire à la garnison de Gand, il rentre à Liège où il ouvre un cabinet privé, avant qu’éclate la Première Guerre mondiale. Lieutenant de réserve, prisonnier de guerre lors du siège de Namur, en août 1914, puis libéré, il s’engage dans le réseau de renseignements La Dame blanche, fondé en 1916.

Après l’Armistice, il reprend ses activités de médecin, tout en se consacrant à l’écriture. Durant les années 1925 à 1930, il publie de brèves histoires, dans le journal médical Mil, dont il est le fondateur ; plus tard, elles seront reprises et développées dans ses romans, sur le conseil de ses amis, Marie Delcourt et Alexis Curvers. Dès cette époque, l’auteur choisit d’entremêler français et wallon, dans une « osmose totale » – comme le font aussi Marcel Remy et Arthur Masson –. Toute son œuvre est ainsi écrite en « français dialectal », en une combinaison des deux langages rendue possible par la personnalité du narrateur, un enfant d’une douzaine d’années, Colas Pîrète. Si les intrigues des romans d’Aimé Quernol sont presqu’inexistantes, ses récits sont toutefois révélateurs du quotidien de la société mi-rurale mi-ouvrière, aux environs de 1900.

S’étant laissé convaincre sur le tard à publier des romans, Aimé Quernol en achève six entre 1937 et 1950. En 1976, paraît Coucou mon parrain, grâce à l’initiative du professeur Maurice Delbouille. Aimé Quernol est également l’auteur d’un roman inachevé, Marraine Aily, et d’un autre, seulement ébauché, Docteur Piret.

Sources

Louis CHALON, dans Nouvelle Biographie nationale, t. XI, p. 131-132
Léopold GENICOT, Racines d’espérance. Vingt siècles en Wallonie, par les textes, les images et les cartes, Bruxelles, Didier Hatier, 1986, p. 255
André GOOSSE, Mélange de grammaire et de lexicologie françaises, Peeters, Louvain-la-Neuve, 1991, p. 261 ; 316
Jean-Marie KLINKENBERG, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. III, p. 51
André GOOSSE, dans Ibid., p. 174
Daniel BLAMPAIN, André GOOSSE, Jean-Marie KLINKENBERG et al. (dir.), Le français en Belgique, une langue, une communauté, Duculot, Bruxelles, p. 101 ; 411

Œuvres principales

Toussaint de chez Dadite, roman (1937)
Babette, roman (1939)
Lambert d’au Moulin, roman (1941)
Sabine, roman (1945)
Alexis Canon, roman (1946)
Lisa, roman (1950)
Coucou mon parrain, roman (1976, éd. posthume)

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Adenet Le roi

Culture, Littérature

Brabant ou comté de Namur ca 1240, ca 1300

[…] le « francien » de l’Île-de-France, qui s’était progressivement imposé en terre capétienne au XIIe siècle a, à partir de XIIIe siècle, rivalisé victorieusement chez nous avec le latin, comme, au prix de dialectismes plus ou moins nombreux selon le genre des textes, avec le wallon et le picard » (GENICOT). Les ménestrels hainuyers, tels Adenet le Roi, l’employèrent dans leurs écrits. La vie d’Adenet le Roi, nous la connaissons par les confidences qu’il a bien voulu livrer dans ses écrits et par quelques renseignements contenus dans divers documents d’archives. 

C’est à la cour de Henri III, protecteur des ménestrels et écrivains, poète lui-même, qu’Adenet le Roi apprend son art. Après la mort de son seigneur, Adenet passe au service de Gui de Dampierre, comte de Namur et de Flandre, passionné de musique et de littérature, auprès duquel il reste une trentaine d’années. De simple ménestrel, fonctionnaire subalterne, Adenet devient « ménestrel favori », d’où son titre officiel, Adenet le Roi, chef des ménestrels de la cour comtale.

Connaisseur de sa langue, personnage cultivé – il savait la musique et les lettres –, le ménestrel se fait également écrivain. Quatre compositions littéraires lui sont attribuées avec certitude, sans que l’on puisse les dater précisément. Ses œuvres, mêlant éléments courtois et chevaleresques, galanteries, exploits guerriers et scènes de bataille, souvenirs, descriptions de paysages, discours et dialogues, portraits, sentiments et émotions, etc. oscillent entre chanson de geste et roman.  « […] tout en maintenant une distinction générique entre chanson de geste d’un côté et roman de l’autre, [Adenet le Roi] conçoit son œuvre comme un tout et propose un portrait de lui-même comme ménestrel escrivain, exerçant un art des mots et de l’écriture plutôt que de l’oralité et de la musique » (MENEGALDO).

Sources

Albert HENRY, Les œuvres d’Adenet le Roi, t. 1 : Biographie d’Adenet. La tradition manuscrite, De Tempel, Rijksuniversiteit te Gent, 1951
Léopold GENICOT (dir), Histoire de la Wallonie, Toulouse, Privat, 1973, p. 181
Albert HENRY, dans Biographie nationale, t. 33, col. 9-20
Albert HENRY, « Adenet le Roi », dans Geneviève HASENOHR et Michel ZINK (dir.), Dictionnaire des lettres françaises : le Moyen Âge, Paris, Fayard, p. 18-20
Sylvère MENEGALDO, « Adenet le Roi tel qu’en ses prologues », dans Cahiers de recherches médiévales, n° 18, 2009, en ligne sur https://crm.revues.org/11717#tocto2n2
Jacques STIENNON, « Les Lettres latines et françaises », dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, gouvernement wallon, 1995
Jean-Marie KLINKENBERG, dans Bruno DEMOULIN (dir.), Histoire culturelle de la Wallonie, Bruxelles, Fonds Mercator, 2012, p. 161
http://www.arlima.net/ad/adenet_le_roi.html (s.v. avril 2016)

Œuvres principales

Beuve de Commarchis (après 1271)
Les enfances Ogier (après 1273)
Berte aus grans piés (après 1273)
Cléomadés (1285)

Toisoul Arthur

Culture, Littérature

Mont-Saint-Guibert 1875, lieu de décès inconnu 1951


Élevé dans une famille aisée, Arthur Toisoul est à l’origine de plusieurs revues, notamment Stella, qu’il fonde, en 1894, avec Georges Rency, ou encore de la revue avant-gardiste L’Art jeune, dont le premier numéro sort l’année suivante. Il est également connu comme rédacteur à la revue Comme il vous plaira : mensuel d’art et de littérature (1897). Il est alors un auteur symboliste apprécié. À la demande de son père, Arthur Toisoul abandonne la littérature, pour une carrière plus rémunératrice.

 

Sources


Robert FRICKX, Lettre françaises de Belgique, 1988, p. 263
http://www.librairiedialogues.fr/personne/arthur-toisoul/652234/
ACADÉMIE ROYALE DE LANGUE ET DE LITTÉRATURE FRANÇAISES DE BELGIQUE, http://www.arllfb.be/bulletin/bulletinsnumerises/bulletin_1956_xxxiv_02.pdf (s.v. décembre 2014)