Histoire du Kirchberg

Vision urbaine et développement

Jusqu'à la fin des années 1960 le plateau au nord-est de la Ville de Luxembourg était vierge de toute construction. Avec la création des organismes précurseurs de l'Union Européenne, son développement prit son essor.

Le Plateau de Kirchberg était à l’origine un territoire agricole. La dénomination de «plateau» provient de sa topographie singulière, car il est cerné de profondes vallées. Cette barrière naturelle le sépare du centre-ville situé à un demi-kilomètre à vol d’oiseau.

Luxembourg devint le siège de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) en 1952. Ensuite, les organes exécutifs de la CECA, de la Communauté économique européenne (CEE) et d'Euratom fusionnèrent, d’où émergea la Commission européenne. Celle-ci amena de nouvelles institutions à Luxembourg. Des espaces de bureaux furent mis à disposition par l’État luxembourgeois dans le noyau historique de la ville et dans le quartier de la gare, mais ils furent vite trop exigus.

C’est alors que le destin du Plateau de Kirchberg bascula. L'État acquit les 365 hectares et en 1961, il promulgua un décret de loi qui créa le Fonds d'Urbanisation et d'Aménagement du Plateau de Kirchberg, l’établissement public chargé de la planification urbaine du 3e et nouveau noyau de la capitale.

La première mission du Fonds Kirchberg: construire un pont

L’acte fondateur fut en 1963 la construction du Pont Grande-Duchesse Charlotte d’après les plans de l’architecte allemand Egon Jux (1927-2008). Surnommé «Pont rouge» à cause de sa couleur rouge carmin, c’est un ouvrage d’art métallique, résolument moderniste, aujourd’hui un classique du genre. Il enjambe la vallée de l'Alzette pour relier le Plateau au centre-ville. Dans le cadre de la mise en place du tramway sur l’ensemble du territoire de la capitale luxembourgeoise, le pont a été élargi et doté d’un nouveau garde-corps dessiné par le bureau d’ingénieurs Laurent Ney & Partners.

L’urbanisme des débuts au Kirchberg était purement fonctionnel. Le concept routier était une voie rapide; deux échangeurs assuraient l’accès au réseau secondaire qui desservait les nouvelles constructions. Les institutions européennes s’installèrent au débouché du pont dans sa partie ouest; les bâtiments étaient édifiés en milieu de parcelle.

C’est dans la partie est du Plateau que furent ensuite construits la Foire Internationale de Luxembourg, aujourd’hui Luxexpo, un quartier d’habitat social et au centre du Plateau, une piscine avec des installations aux normes olympiques.

Au début des années 1990, on assista à l’installation de sièges de banques. Essentiellement allemandes au départ, elles furent construites à l’opposé des institutions européennes, dans la partie est du Plateau, à proximité des voies et moyens de liaison internationaux, autoroutes et aéroport. Ce choix des établissements bancaires constitua le début d’une réflexion sur la densification du bâti par le Fonds Kirchberg. 

Vers une densification du tissu urbain

Pour contrevenir à la construction de bâtiments sans structuration urbaine, des études furent commandées à l’architecte-urbaniste allemand Jochem Jourdan, puis à l’architecte-urbaniste catalan Ricardo Bofill, dont le dessin sera effectivement retenu pour la Place de l’Europe qui constitue aujourd’hui le Quartier Européen Sud. Dès 1985, le Fonds chargea un groupe de travail composé des architectes luxembourgeois Christian Bauer, Isabelle Van Driessche et Félix Thyes d'une troisième étude de restructuration du Kirchberg.

Ils furent ensuite épaulés par une équipe pluridisciplinaire composée de l'architecte et urbaniste de Francfort, Jochem Jourdan (Jourdan + Müller PAS), du paysagiste munichois Peter Latz et du spécialiste d'art urbain de Münster, Kasper König. Cette équipe affina les différents volets du projet d'urbanisme – réorientation du réseau viaire, densification du bâti construit en front de rue et en îlots réguliers, mixité des fonctions, mesures écologiques, art urbain. 

C'est en 1991 que le Fonds Kirchberg adopta les nouvelles orientations issues de ces réflexions. Commencèrent alors les transformations qui sont à l’origine de l’urbanisme actuel. Grâce à la construction du contournement est de Luxembourg, la voie de circulation rapide, qui était une route de sortie de la ville, fut transformée en boulevard urbain avec des carrefours à feux à la place des anciens échangeurs autoroutiers remblayés.

Une nouvelle ère de la mobilité douce

Avec l’arrivée du tram en 2017, l’avenue John F. Kennedy, traversant le Plateau suivant l’axe est-ouest sur 3,5 km de long, changea définitivement de visage. D’une largeur de 62 mètres, elle est maintenant dédiée sur presque deux tiers de sa largeur aux transports en commun et à la mobilité active – ceci dans une perspective de rendre l’espace public aux piétons et aux cyclistes.

Les plantations, d’origine indigène et placées en bordure, contribuent au verdoiement de l’ancienne voie rapide, qui, avec la multiplication de constructions en front de rue, se transforme peu à peu en avenue urbaine.

La voirie interne des quartiers constitue un réseau orthogonal; le réseau des pistes cyclables chemine indépendamment des voies de circulation automobile. Les constructions obéissent désormais à un urbanisme en îlots, avec la réalisation d’immeubles en front de rue et la mise en place d’une diversification des fonctions classiques de la vie en ville: habitat, bureaux, culture, commerces, sports et loisirs, art dans l’espace public. Désormais le Fonds Kirchberg met l’accent de ses activités sur la construction de quartiers d’habitations à proximité des lieux de travail. Le défi : transformer un quartier modèle des années 1960 avec ses espaces monofonctionnels desservi par un réseau viaire dimensionné pour le plus grand confort de l’automobiliste, en quartier des courtes distances avec des équipements et services de proximité et des concepts de mobilité alternative réduisant l’impact de la voiture.

 

Le Kirchberg au début des années 1960
Un quartier monofonctionnel ou la voiture était reine
La Hypobank fit appel à l'architecte américain Richard Meier.
L'Avenue Kennedy avant...
et après !

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