La rafle du Vel d'Hiv, la honte et les larmes
Le film est rediffusé ce 29 mai 2023, à 22h55 sur France 2.
Raconter, comprendre, transmettre.
Nous avons commencé ce projet en 2020 avec Roche Productions / Dominique Tibi et Laurent Joly. Il fallait raconter. Raconter une rafle « monstre » : la rafle du Vel d'hiv qui s'est déroulé les 16 et 17 juillet 1942. Mais la rafle du Vel d'Hiv, pour beaucoup, reste quelque chose d'assez flou. Le Vel d'hiv, C’était quoi ? C’était quand ? C’était où ?
Pour raconter cet épisode tragique, j'ai souhaité que l'on puisse voir ce Vélodrome dont nous avons tant entendu parler. Grace aux modélisations 3D, nous avons pu reconstituer le stade du Vel d'hiv et le situer sur un plan de Paris. Il n'était qu'à 800 mètres à peine de la tour Eiffel.
Pour comprendre comment la rafle s'est déroulée, il a fallu ouvrir les archives rares ou inédites, éplucher les milliers de dossiers, les fiches, les procès-verbaux, les circulaires, les ordres signés, les rapports de préfets, les listes de déportation et bien saisir comment Vichy et l'occupant se sont répartis les tâches.
Il a fallu également rassembler et scruter des centaines d'heures d'archives audiovisuelles pour y déceler les images relatives à cette histoire, comme ce plan de René Bousquet et Carl Oberg, côte à côte au Vel d'Hiv quelques semaines après la rafle.
Ces recherches, menées avec Laurent Joly, permettent de ne pas tomber dans les pièges des films ou livres précédents. Car l'histoire s'affine grâce au travail des historiens. On découvre que la rafle ne s'est jamais appelée « opération vent printanier », contrairement à une idée longuement partagée. Certains clichés, légendés à l’époque « rafle du Vel d'hiv », représentaient en réalité des collaborateurs arrêtés lors de l'épuration en 1944 : il n'existe à ce jour qu'une seule photo de la rafle.
Ce très bon livre, publié en 1967, mettait en couverture une photo qui a été identifiée plus tard par Serge Klarsfeld : il ne s'agit pas de la rafle, mais de collaborateurs internés en 1944 dans le vélodrome (dans de bien meilleures conditions que les Juifs 2 ans plus tôt).
Grâce aux travaux de Serge Klarsfeld, nous avons pu mettre des visages sur ces listes infinies de noms de victimes. Son immense album des enfants donne le vertige. Près de 2000 pages...
https://klarsfeld-ffdjf.org/produit/memorial-tome-1-version-francaise/
Des milliers de visages. Des milliers de déportés. Déporté, un mot dont on oublie la terrible réalité qu'il recouvre : un enfer - Train, wagon à bestiaux, voyage interminable, chiens, miradors,... un enfer d'autant plus terrible qu'il n'épargne personne, pas même les enfants qui ne comprennent pas ce qui leur arrive. Ils suivent les adultes, ils obéissent, ils font ce qu'on leur demande, et au bout du chemin, au bout du voyage, c'est une gare inconnue Auschwitz, puis la mort. Comme l'écrit Charlotte Delbo « Il est une gare où ceux-là qui arrivent sont justement ceux-là qui partent... ».
Pour transmettre, nous avons retrouvé les hommes et femmes qui ont vécu la rafle. Annette, Léon, Joseph, Jenny... Ces témoins directs avaient entre 8 et 17 ans en 1942. Tous se souviennent de leur arrestation, de leur séparation, de leur miraculeux sauvetage... et des fantômes du passé.
Le choix de construire le film sur leur parole s'est rapidement imposé. C’est le dernier moment pour recueillir leur histoire, le dernier moment pour qu’un tel film existe. Dans quelques années, il sera trop tard.
Léon Fellman et Annette Zaidman sont décédés depuis. Précieuses paroles. Parcelles de vie. Parcelles de mémoire qui jalonnent la grande histoire. Ils racontent ce que les plus de 12000 autres raflés de ces jours de juillet 1942 n'ont jamais pu raconter.
Tout cela dans l'espoir de comprendre enfin la page la plus sinistre de l'histoire de l'occupation. Une histoire où, pour reprendre les mots de Jacques Chirac, « la France a livré ses protégés à leurs bourreaux ». Une histoire de crime contre l'humanité ; une histoire faite de honte et de larmes.
Remerciement à toute mon équipe formidable et aux personnes et institutions qui ont permis la réalisation de ce film. Le Mémorial de la Shoah; France Télévisions : Catherine Alvaresse, Emmanuel Migeot, Julie Grivaux, Clémence Coppey.
Toutes les équipes de Roche Productions, Dominique Tibi, Sabine Nacache, Kevin Quillevere, Lisa Gallet.
Laurent Joly avec qui je collabore depuis 10 ans (Dénoncer sous l'occupation 2012, La police de Vichy 2017), c'est notre 3eme film ensemble.
Mon équipe artistique.
Charles Sautreuil, Xavier Liberman, Louis Goldschmidt, Marie Corberand, Olivier Militon, Serge Kochyne, Vincent Mauduit, Philippe Chariot, George Lafitte, Guillermo Fernandez, ....
Les équipes d'Hiventy, Delphine Grias, Gaelle Collet-Alicot,
Les animateurs et dessinateurs 3D et 2D, Happy flamingo, Romain Egea,
Vincent Lindon qui prête sa voix sur mes films depuis près de 10 ans
Enfin je remercie du fond du cœur les témoins qui ont accepté de témoigner et transmettre: Rachel Jedinak, Arlette Testyler, Joseph Schwartz, Esther Senot, Léon Fellman, Jenny Plocky, Annette Zaidman, Alice Mendelson, Annette Krajcer. Leur courage et leur volonté doit être pour tous une source d'inspiration infinie.
Senior Strategic Advisor, bring efficiency & productivity to complex organizations
11 moisMerci David pour cet immense témoignage.
Traductora Profesional Independiente al Español y al Francés ( idiomas fuente: en - de - es - fr)
11 moisMerci beaucoup cher Louis! J'essayerai de le telecharger. Bisous
Rédaction web / Journalisme Multimédia / Edition / Soutien Scolaire
11 moisDocumentaire de très grande qualité. Je vous invite à découvrir le podcast sur le Camp de Gurs et notamment sur les indésirables et la "première" rafle du Vel d'Hiv le 15 mai 1940 https://podcast.ausha.co/du-camp-de-gurs-a-auschwitz/les-indesirables-au-camp-de-gurs
EX. JRI Grand reporter chez France Télévisions
11 moisRemarquable documentaire. Le mécanisme ayant conduit à ce crime est parfaitement analysé.