Inventaire d'archives : éducation nationale ; Direction chargée des établissements d'enseignement élémentaire et secondaire (1943-1970)

Contenu :

I. Histoire sommaire de l'enseignement agricole.
L'idée du développement de cet enseignement et de l'intervention de l'Etat apparaît déjà à travers les préoccupations des gouvernements révolutionnaires. La Convention transforme quelques domaines nationaux en écoles expérimentales d'agriculture. En 1793, elle fonde au Jardin des Plantes, des chaires d'économie rurale et de culture pratique. Le Directoire reconstitue la société centrale d'agriculture et manifeste de bonnes intentions en proposant d'enseigner l'agriculture dans tous les établissements d'enseignement public, d'instituer des chaires d'économie rurale dans toutes les facultés et de créer trois écoles supérieures d'agriculture.
L'enseignement agricole fait peu de progrès pendant le Premier Empire, la Restauration et la Monarchie de juillet. La Seconde République ébauche une oeuvre importante avec la loi du 3 octobre 1848 qui organise l'enseignement agricole en trois degrés, établit une liaison entre ces différents degrés et propose la gratuité de l'enseignement.
Le premier degré est représenté par l'enseignement donné dans les fermes écoles, le second degré par les écoles régionales et le troisième correspond à l'Institut national agronomique, sorte de faculté des sciences agricoles installée à Versailles en 1850.
La loi du 3 octobre 1848 porte la marque des préoccupations politiques et sociales du régime : instruction à la portée de tous, égalité des citoyens et assistance aux plus humbles sous la forme de bourses. Pendant le Second Empire, l'attention portée à l'enseignement agricole se dégrade, et on assiste à un certain déclin des structures existantes. La Troisième République continue l'oeuvre de la Seconde. Elle transforme les écoles régionales en Ecoles nationales (Grignon, Montpellier, Rennes), crée l'Ecole nationale d'horticulture, assure la réouverture de l'Institut agronomique et modifie le régime des fermes écoles. Par ailleurs, elle institue en 1875 les écoles pratiques et, au début du XXe siècle des écoles d'agriculture saisonnières ou écoles d'agriculture d'hiver fixes ou ambulantes.
Les mesures ne touchent qu'un nombre limité d'élèves, c'est pourquoi la mise en place de l'école primaire rurale s'avère nécessaire. Les chaires départementales d'agriculture sont créées pour assurer la formation agricole des instituteurs qui doivent désormais enseigner les notions d'agriculture et d'horticulture rendues obligatoires.
La loi du 21 août 1912 complète l'organisation départementale en créant des professeurs spéciaux qui assistent les professeurs départementaux. Le professeur départemental prend alors le nom de directeur des services agricoles.
Sous la IIIe République, l'instruction des jeunes paysannes est également prise en compte par le biais de l'Ecole agricole et de laiterie de Coëtlogon et d'écoles ambulantes temporaires dites volantes.
La loi du 2 août 1918 mentionne pour la première fois les "cours d'enseignement agricole postscolaire". Cet enseignement intéresse les élèves à partir de l'âge de 13 ans et pendant 4 ans à raison de 150 heures par an. Seul l'instituteur peut le donner dans les communes rurales de France ; pour cela il doit être pourvu du brevet agricole délivré par le ministre de l'Agriculture. Malheureusement, cette loi est encore suivie d'échec, principalement à cause du caractère facultatif de l'enseignement.
Le décret du 17 juin 1938 le rend obligatoire pour tous les jeunes (garçons ou filles) de 14 à 17 ans qui se destinent à l'agriculture. Dans les communes dépourvues de cours, l'enseignement postscolaire agricole doit être assuré par correspondance. Cependant la guerre survient avant que ces réformes puissent être appliquées.
II. Organisation de l'enseignement agricole de Vichy aux années soixante.
Cet enseignement résulte des lois des 5 juillet 1941, 14 avril 1942, 12 août 1943, et de l'arrêté du 29 décembre 1943 qui ont été confirmés à la Libération, il évoluera peu jusqu'à 1960.
La loi du 5 juillet 1941 réorganise l'enseignement agricole public mis en place par la loi du 2 août 1918. Le texte est contresigné par les ministres de l'Education nationale et de l'Agriculture qui se partagent les compétences.
Ce partage de compétences peut paraître arbitraire et suivre des règles qui souffrent des exceptions, on observe cependant dans la pratique une coopération étroite. Le ministère de l'Agriculture apporte son concours technique à tout l'enseignement agricole du premier degré, dont le ministère de l'Education nationale a la responsabilité ; il coopère à la formation des maîtres du premier degré dans les écoles normales et les écoles régionales d'agriculture, surtout par le concours des ingénieurs des services agricoles. Inversement, le ministère de l'Education nationale fournit des professeurs à l'enseignement agricole du second degré dans les écoles qui ressortissent au ministère de l'Agriculture.
A. Enseignement agricole du premier degré.
1. L'enseignement postscolaire agricole et les cours ménagers agricoles.
Il commence à l'école primaire mais se développe surtout après celle-ci sous forme d'enseignement ou placé expressément sous l'autorité du ministre de l'Education nationale et sous le contrôle technique du ministre de l'Agriculture. Il est donné aux garçons par des instituteurs de l'enseignement public et privé pourvus du certificat d'aptitude à l'enseignement agricole et aux filles par des institutrices pourvues du certificat d'aptitude à l'enseignement ménager agricole. Cet enseignement est obligatoire pour les garçons et filles âgés de moins de 17 ans, qui ne poursuivent pas d'études et dont les parents exercent une profession agricole. sa durée est de trois années « étant entendu que l'obligation sera limitée à cent heures par an ». Cependant, il atteindra parfois 150, voire 200 ou 250 heures annuelles. Cela représente une présence aux cours de 2 jours par semaine, et ce, du 15 octobre au 15 avril et parfois au-delà. "post scolaire agricole""post scolaire ménager agricole"
L'obligation de suivre un enseignement jusqu'à l'âge de 17 ans (alors que dans un premier temps la scolarité n'était obligatoire que jusqu'à 14 ans, puis ensuite jusqu'à 16 ans) a été instaurée dans le but d'atténuer les différences de niveau d'étude entre milieu rural et urbain. En zone rurale, la poursuite de la scolarité est moins évidente : éloignement des centres d'enseignement, besoin de main d'oeuvre dans les exploitations familiales etc.
Les programme généraux de l'enseignement postscolaire agricole et ménager agricole sont fixés par l'arrêté du 29 décembre 1943. Des conseils départementaux de l'enseignement postscolaire agricole, institués par le même arrêté, permettent d'adapter les programmes généraux aux réalités départementales.
L'enseignement a un caractère utilitaire et comprend à côté de l'enseignement général complétant l'enseignement primaire mais avec une orientation pratique (français, calcul, éducation civique, etc.), un enseignement professionnel portant sur les productions végétales et animales, des éléments de technologie, de comptabilité d'économie et de législation rurales.
En gros, un tiers du temps est consacré à l'enseignement général, un tiers à l'enseignement théorique professionnel et un tiers aux travaux pratiques.
Les élèves qui ont suivi cet enseignement pendant trois ans et qui atteignent 17 ans subissent alors l'examen du certificat d'études postscolaires agricoles ou ménager agricole.
2. le cycle terminal pratique.
Avec la prolongation de la scolarité obligatoire par l'ordonnance du 6 janvier 1959 le a remplacé les 1ères et 2e années des cours postscolaires agricoles. Il concerne les élèves de plus de 14 ans qui n'ont pu entrer dans un CEG (collège d'enseignement général) ou un CET (collège d'enseignement technique) et qui n'ont pu trouver immédiatement du travail. cycle terminal pratique
Le cycle terminal fait suite au cycle d'observation ou à l'enseignement de deux ans qui complète le cycle élémentaire pour les élèves n'entrant pas au cycle d'observation. Sa durée est de deux ans. Il assure une formation générale de deux ans, il est sanctionné par le DFEO (Diplôme de fin d'études obligatoires). Les centres d'enseignement terminal pratique ont également été appelés centres d'enseignement complémentaire durant la période expérimentale.
3. La formation des maîtres.
L'enseignement primaire agricole est donné par des institutrices et des instituteurs spécialisés pourvus du CAEA ou CAEMA (certificat d'aptitude à l'enseignement postscolaire agricole ou ménager agricole). Le nombre de ces instituteurs certifiés étant insuffisant au départ, la loi prévoyait, à titre provisoire, des instituteurs "qualifiés" par l'inspecteur d'académie et le directeur des services agricoles.
Les maîtres qualifiés ou certifiés appartiennent à deux catégories :
. Les maîtres à services non spécialisés qui enseignent dans une classe primaire et, en plus, dans un cours postscolaire communal ou intercommunal.
. Les maîtres à services spécialisés qui n'enseignent qu'aux apprentis de 14 à 17 ans.
Les écoles normales primaires ont conservé, en 1945, l'agriculture et l'enseignement ménager dans leur programme de formation professionnelle. Après leur certificat d'aptitude pédagogique les instituteurs, peuvent faire un stage d'un an dans une école régionale d'agriculture. Ils obtiennent alors le CAEA. Ils peuvent encore préparer un certificat d'études supérieures d'intérêt agricole dans une faculté de sciences.
Les institutrices préparent pendant un an le CAEMA dans le centre national de formation et de perfectionnement de Montlignon.
B. Enseignement agricole du second degré.
L'enseignement agricole du second degré organisé lui aussi par la loi de 1941 s'adresse en principe, aux élèves qui ont poursuivi au moins le 1er cycle des études du second degré dans les lycées, collèges ou cours complémentaires. Il est placé sous l'autorité directe du ministre de l'Agriculture. Il est organisé en deux sections.
Dans la première section se trouvent :
. les écoles saisonnières d'agriculture,
. les écoles d'enseignement ménager agricole,
. les écoles régionales d'agriculture,
. les écoles spécialisées.
La deuxième section comprend :
. l'école nationale d'enseignement ménager agricole
. les écoles nationales spécialisées : l' de Versailles et l' de Douai. Ces écoles étaient autrefois rattachées au niveau supérieur. Ecole nationale d'horticultureEcole nationale des industries agricoles
Première section.
1. Les écoles saisonnières d'agriculture.
Elles avaient pour but de donner des compléments d'instruction générale et une formation professionnelle aux jeunes gens qui se destinaient à l'agriculture. Les élèves admis sans examen après 14 ans suivent pendant 20 semaines environ des cours donnés à raison de 6 heures par semaine.
2. Les écoles d'enseignement ménager agricole.
Elles avaient pour objet de développer l'instruction générale des jeunes filles se destinant à l'agriculture et de leur assurer une formation ménagère agricole. Là encore, les élèves admises après 14 ans sans examen suivent une session de 4 mois (session d'hiver ou d'été) dans les écoles ambulantes ou une session de 6 à 9 mois dans les écoles dites fixes. Le régime habituel de ces écoles est l'internat. Les professeurs sont des monitrices d'enseignement ménager agricole, dont la plupart sont formées par l'école nationale de Coëtlogon. Des ingénieurs des services agricoles y sont chargés de cours.
Ces établissements, bien qu'officiellement rattachés au second degré, poursuivent des fins d'apprentissage.
3. Les écoles régionales.
Pour y être admis, les élèves doivent avoir 15 ans au 1er octobre de l'année d'admission et satisfaire à un concours de niveau BEPC (Brevet d'études du premier cycle). Les études durent trois ans, le régime de scolarité étant en principe l'internat. La sanction normale de ces études est le diplôme des écoles régionales d'agriculture mais les élèves peuvent aussi se présenter au diplôme d'études agricoles du second degré (niveau approximatif : lère partie du baccalauréat). L'enseignement y est général, technique et pratique. Pour l'enseignement pratique, chaque école possède sa ferme annexée. Le nombre des écoles régionales augmente par "régionalisation" des écoles pratiques. Les élèves des écoles régionales d'agriculture viennent des lycées et collèges (ler cycle) et, surtout, des cours complémentaires.
4. Les écoles spécialisées.
Dans ces écoles, le niveau, le régime et la sanction des études sont les mêmes que dans les écoles régionales définies ci-dessus. Les différentes spécialisations sont l'horticulture, l'élevage, la sylviculture, l'industrie laitière.
Officiellement sont aussi classés dans le second degré les écoles pratiques, les section agricoles des cours complémentaires, les sections agricoles des collèges.
5. Ecoles pratiques.
Ces écoles fondées en 1875 sous la dénomination de "fermes-écoles", avaient été en principe officiellement supprimées par la loi de 1941 pour être remplacées par les écoles régionales, mais elles ont perduré jusqu'à 1955.
Les élèves sont admis dans ces écoles à partir de 14 ans sur concours du niveau du CEP (Certificat d'études primaires). Le but de ces écoles pratiques est de former des fils d'agriculteurs destinés eux-mêmes à l'agriculture. La scolarité de deux ans à "temps plein" est poursuivie sous le régime presque général de l'internat. L'enseignement théorique porte pour 1/3 environ sur l'enseignement général et pour le reste sur des enseignements technique et économique. Par ailleurs, les élèves participent activement aux travaux dans le domaine annexé.
La moitié du personnel enseignant est composée d'ingénieurs des services agricoles et l'autre moitié de fonctionnaires détachés du ministère de l'Education nationale : professeurs de collèges, chargés d'enseignement, instituteurs.
6. Cours complémentaires à orientation agricole ou ménagère agricole.
Rattachés à la direction générale de l'Enseignement du premier degré du ministère de l'Education nationale, les cours complémentaires donnent un enseignement moderne court dans quatre classes qui correspondent aux 6e, 5e, 4e et 3e du premier cycle secondaire.
Depuis 1955 et 1956, la direction du 1er degré a défini des programmes et des instructions pour l'orientation ménagère agricole et agricole des élèves. L'intention apparaît dans la dénomination même de ces cours complémentaires. Il ne s'agit nullement de préparer des techniciens agricoles, mais de rendre les élèves capables de comprendre les avis des techniciens et d'en tirer parti. Il ne s'agit pas d'un enseignement professionnel mais d'une formation à orientation agricole fournissant les bases scientifiques et les habitudes de pensée et d'action indispensables, soit à l'enseignement agricole technique et pratique, qui sera donné dans les écoles d'agriculture, soit, si l'élève arrête là ses études, à l'utilisation des moyens de diffusion et de vulgarisation agricole, soit même à apprendre à mieux vivre à la campagne.
Ces principes ont déterminé l'organisation pédagogique des cours complémentaires. Une partie de l'enseignement dit "général" est donné par les professeurs habituels du cours complémentaire. L'enseignement spécial, dont les horaires et les programmes ont été modifiés en 1955 et 1956, commence en classe de cinquième et porte en grande partie sur les sciences physiques et naturelles dont le domaine s'élargit vers les sciences appliquées et sciences agronomiques.
Les maîtres spécialisés sont pourvus du certificat d'aptitude à l'enseignement postscolaire agricole et souvent titulaires du SPCN (Sciences physiques, chimiques et naturelles) et de certificats d'études supérieurs.
Les cours complémentaires à orientation "agricole" et "ménagère agricole" recrutent les élèves à 1 1 ans en classe de sixième mais ils accueillent aussi les élèves venus avec le certificat d'études primaires qui commencent leur scolarité en cinquième.
Deuxième section.
7. L'école nationale d'enseignement ménager agricole de Coëtlogon (Ille-et-Vilaine).
Elle est destinée à la formation des cadres de l'enseignement ménager agricole du deuxième degré. les élèves y sont admises après concours. Le régime est l'internat, les études durent deux ans et sont sanctionnées par le diplôme de professeur d'enseignement ménager agricole.
8. Les écoles nationales spécialisées.
Elles ont pour but la formation des cadres techniques. Les élèves y sont admis après concours. Les études durent trois ans et sont sanctionnées par un diplôme d'ingénieur horticole ou un diplôme d'ingénieur des industries agricoles.
III. Les réformes de 1960 et 1968.
Elles réorganisent l'enseignement agricole afin de former cadres et techniciens capables de s'adapter aux techniques modernes. Elles visent à assurer aux élèves une formation générale, une qualification et une spécialisation, mais aussi à les préparer à des professions connexes et pour l'administration de l'agriculture. Le recrutement des élèves se fait après la classe de cinquième. On distingue deux cycles.
1. Le cycle court.
Il comprend les collèges agricoles, les centres de formation professionnelle agricole et les centres spécialisés qui assurent une formation qui conduit soit au BAA (brevet d'apprentissage agricole), soit au CAPA (certificat d'aptitude professionnelle agricole), soit au BEPA (brevet d'études professionnelles agricoles).
2. Le cycle long.
Les lycées agricoles et centres spécialisés de cycle long préparent au BTA (brevet de technicien agricole) ou au BTSA (brevet de technicien supérieur agricole).
Sommaire
Art 1-8 : Enseignement agricole. Structures administratives, financement, organisation et fonctionnement, construction : Législation, réglementation, programmes d’enseignement, recrutement et formation des maîtres, 1943-1970.

Cote :

19960456/1-19960456/8

Publication :

Archives nationales
1996

Informations sur le producteur :

Direction chargée de la gestion des établissements d'enseignement élémentaire et secondaire

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_018835

Archives nationales

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