Les Echos - Jésuites BML 2015-3 juillet-août-septembre2015

Page 1

57

• P 402014 • Trimestriel • No 3 • juillet – septembre 2015 • Bureau de dépôt : Namur 1 • Ed. resp. : Pierre Hupez, s.j., Rue Fauchille, 6, 1150 Bruxelles •

Echos BML 2015-03 - couv 03-08-15 16h17 Page1

Echos

de la Compagnie de Jésus

Province Belge méridionale et du Luxembourg


Echos BML 2015-03 - couv 03-08-15 16h17 Page2

Echos

• N o 3 • J UIL L ET – SEP T EMBRE 2 01 5 •

Sommaire Edito Des repères pour une rentrée, Tommy Scholtes, s.j.

p. 1

Belgique méridionale & Luxembourg 90 jours dans la Province, Pierre Hupez, s.j. et Roland Francart, s.j.

p. 2

Nos défunts

p. 5

Homélie pour les funérailles d’Eddy Jadot, Christophe Renders, s.j. Le Père qui défendait les chercheurs d’or, Erik Raspoet

p. 9 p. 13

Initiatives & Evénements Une Congrégation quoi ? Xavier Dijon, s.j.

p. 15

Les Congrégations générales, Peter Karandysovsky et Jacques Gellard

p. 16

Nos centres sociaux : bien du commun ! Frédéric Rottier

p. 19

Vie & Partenariat Nouvelle Réserve précieuse, Morgane Belin

p. 21

Nouveautés aux Editions jésuites, Florence Noël

p. 23

Missionnaire 2.0 ? Marcel Rémon, s.j.

p. 27

Vu de France, Gérard & Alex Grandin

p. 30

Nota bene

p. 32

Le billet d’humeur Jean Burton, s.j.

p. 36

En couverture : Congrégation Provinciale à Versailles

La Compagnie en Europe et dans le Monde


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page1

Editorial

Des repères pour une rentrée T

out le monde parle de « rentrée » ! Comme si on avait parlé de « sortie » avant ! Cela m’amuse, en pleine année de parler d’une « reprise » de l’année… et les cours reprennent entre le 1er septembre et le 22 septembre à l’IET. Mais bon, c’est la reprise et le retour vers les activités habituelles de tous, études, enseignements, engagements, célébrations, groupes d’activités, équipes CVX, et dans les communautés jésuites, aussi, les reprises de rythmes plus réguliers. L’été fut passionnant pour les jésuites réunis en congrégations provinciales. Ils venaient de Belgique–Luxembourg et de France. Ils ont élu leurs délégués qui participeront à la Congrégation générale. Et ce fut une première, les belges tinrent donc aussi leur réunion à Versailles ! Le mois d’octobre verra la réunion du synode ordinaire à Rome. L’évêque belge sera Mgr Bonny. Nul doute que les débats seront fructueux et divers pour aider le pape a toujours mieux situer la place de la famille dans la société et dans l’Eglise. Nous n’oublions pas non plus l’année de la Vie consacrée toujours en cours, et dont le souffle ne peut fléchir. Et le 8 décembre, le pape François ouvrira une porte sainte à l’occasion de l’année de la Miséricorde… ensuite tous les évêques du monde feront de même. Engagements, repères, vie quotidienne… que chacun trouve dans sa vie le rythme qui lui convient pour progresser dans son amour du Christ et de l’Eglise. ? Tommy Scholtes, s.j. rédacteur en chef P.-S. — Ceux qui préfèrent recevoir les Echos par courrier électronique peuvent le faire savoir à l’adresse : communication@jesuites.be

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

1


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page2

Belgique méridionale & Luxembourg

90 jours dans la Province L

es Congrégations provinciales des deux Provinces de France et de Belgique Méridionale & Luxembourg se sont réunies distinctement à l’école Sainte-Geneviève de Versailles à partir du 6 juillet. Elles devaient principalement élire un représentant belge (ou luxembourgeois) pour accompagner le P. Provincial à Rome en 2016 pour la Congrégation générale qui doit accepter la démission du P. Général Adolfo Nicolas et lui désigner un successeur. A l’issue du scrutin, le P. ierry Dob-

belstein, supérieur de la maison SaintServais à Liège, qui a été élu comme électeur et les Pères Bernard Peeters et Josy Birsens comme substituts. Pour la France, trois délégués ont été élus : les Pères Sylvain Ca-

Ouverture de la CG avec M. Jean-Noël Dargnies, directeur de Ginette

2

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

P. Thierry Dobbelstein


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page3

Belgique méridionale & Luxembourg riou-Charton, François-Xavier Dumortier et Etienne Grieu. Par ailleurs, chacune de nos congrégations a choisi le Fr. Jérôme Gué (Toulouse) comme « frère désigné » pour l’élection d’un frère par les électeurs de la conférence d’Europe. Il fallait aussi répondre à la demande du P. Général de définir « les trois appels que nous discernons comme étant les plus importants, que le Seigneur adresse aujourd’hui à toute la Compagnie ». Nous entendons l’appel à nous enraciner dans les Exercices spirituels priés et travaillés, proposés et accompagnés. En approfondissant ainsi la radicalité de notre vie à la suite du Christ et de son Evangile, nous connaîtrons une vie communautaire plus fraternelle et joyeuse, partie intégrante de notre mission. La question de Dieu est aujourd’hui paradoxalement marquée, et par une sécularisation grandissante, et par le développement d’un islam multiple. Dans ce contexte, nous entendons l’appel à promouvoir le dialogue et la réconciliation, tout en annonçant adéquatement Jésus Christ, et sans négliger les médiations intellectuelles, selon la tradition de la Compagnie. Interpellés par les victimes des injustices, des pauvretés et des déracinements engendrés par le drame écologique, aidés par l’encyclique Laudato Si, nous entendons l’appel à sauver la « maison commune » et la vie humaine par notre style de vie, notre engagement, et une contribution scientifique, théologique et spirituelle approfondie. À Bruxelles les principaux changements concernent les communautés Saint-AlbertHurtado à Anderlecht et Saint-Pierre-Favre au Béguinage. Le P. Provincial a pris la décision de fermer la communauté Hurtado. Les compagnons qui en faisaient partie reçoivent donc dès maintenant une nouvelle destination à l’exception du P. Dominique Schiltz qui est en revalidation après des ennuis de santé. Il y a deux

ans, suite au décès d’un compagnon et au déménagement d’un autre vers La Colombière, la communauté ne se trouvait plus dans les conditions suffisantes pour poursuivre. Les Pères Michel Lambotte et Philippe Landenne ont alors reçu la mission d’explorer la possibilité d’en faire un lieu où l’accueil de personnes en difficulté (anciens détenus, réfugiés inéloignables…) trouverait sa place. Une vie P. Michel Lambotte de qualité s’est développée, des accueils significatifs ont eu lieu. D’autres perspectives pourraient s’ouvrir bientôt. Le JRS Belgique, préoccupé par la situation des inéloignables (ces réfugiés qui ont reçu l’ordre de quitter le territoire mais qui s’en trouvent empêchés à cause de la situation dans leur pays), réfléchit à la création d’un réseau de « communautés d’hospitalité » dans lesquelles — pour un temps déterminé et dans un cadre précis — un inéloignable serait accueilli. Un certain nombre de nos communautés pourraient être en mesure de s’inscrire dans ce réseau. Des expériences similaires menées dans d’autres provinces s’avèrent très fructueuses aussi bien pour la personne accueillie que pour la communauté d’accueil. À la communauté Pierre-Favre, le P. Philippe Wargnies termine son mandat de supérieur. Le P. Michel Bacq lui succède. Le P. Michel Lambotte, qui garde ses activités apostoliques dans l’unité pastorale « Les Coteaux », rejoint la communauté. Le P. Michel Lejeune y sera rattaché. Le P. Joji Kunduru de l’Andhra Pradesh (Inde) rejoindra la communauté. Celui-ci avait accompli son premier cycle de théologie à l’IET

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

3


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page4

Belgique méridionale & Luxembourg entre 1987 et 1991. En possession d’un doctorat en théologie biblique, il a exercé de nombreux ministères. Le P. Amalraj, provincial d’Andhra, nous l’a envoyé pour servir dans la Province. Le P. Kunduru devra d’abord prendre le temps de se remettre à niveau en français. Il s’investira ensuite dans différents domaines de la pastorale et s’intégrera à l’équipe de l’Institut international de Lumen Vitae. Le P. Franck Janin rejoindra aussi cette communauté. A deux ans de son terme comme Provincial, il lui est apparu bon d’envisager de vivre dans une communauté située en dehors de son lieu de travail. A Bruxelles encore, on assiste à la mise en place d’une équipe apostolique élargie pour l’animation de l’église Saint-Jean-Berchmans du collège Saint-Michel. Aux Pères Denis Joassart (préfet), Luc Vandervaeren et Jean Beckers, s’adjoignent les Pères Bernard Pottier et Philippe Wargnies. Enfin, à la communauté SaintClaude-la-Colombière, le dernier arrivé est le P. Jean De Ridder, venant de Saint-Ignace (Ixelles). A Charleroi, le P. Christian De Deckere rejoint la communauté du Sacré- P. Jean De Ridder Cœur après avoir été pendant neuf années préfet de la chapelle Notre-Dame de la Paix à Namur. Il collaborera là aussi au service de la chapelle liée à la communauté et sera disponible pour des services pastoraux dans cette ville qu’il connaît bien. Après une année sabbatique, le P. Etienne de Ghellinck rejoint la communauté Saint-Servais de Liège. La maison — située dans une rue de plus en plus traversée par différentes situations de pauvreté qui viennent frapper à la porte —

4

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

bénéficiera de son expérience. Il sera en mesure de créer des liens avec les associations de la ville qui travaillent dans le domaine social. Le P. ierry Dobbelstein prolonge son mandat de supérieur pour une septième année. Le P. Benoît Willemaers, au terme de son cyle intégré de philosophie et de théologie au Centre Sèvres, et suite à son ordination diaconale, rejoint la communauté pour une année pastorale au service, notamment, de l’unité pastorale Saint-Martin. Il pourra y exercer pleinement son diaconat et intégrer sur le terrain ses années d’études. Il continuera à faire partie de l’équipe du service des vocations. A Louvain-laNeuve, le P. Philippe Landenne rejoint la communauté. Il a été sollicité pour faire partie du Conseil central de surveillance pénitentiaire. Une mission importante qui témoigne d’une reconnaissance pour P. Philippe Landenne ses compétences et son expérience du terrain. Cette mission qui va le requérir tout entier s’exercera principalement dans les prisons de Wallonie. Pour cette raison, la situation de Louvain-la-Neuve en proximité également de chercheurs de l’UCL œuvrant dans le domaine de la justice réparatrice est favorable. Le P. Marcel Coget sera aussi rattaché à cette maison. Le P. Philippe Nzoimbengene (Afrique Occidentale) y séjourne à nouveau afin de mettre un point final à la rédaction de sa thèse de doctorat. Le P. Jean-Marie Birsens devient membre de la communauté du Christ-Roi à Luxembourg. Il y assumera les tâches de sous-ministre en succession du P. Jacques Weisshaupt, et d’économe


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page5

Belgique méridionale & Luxembourg en remplacement du P. Pierre Meyers qui vivra une année sabbatique. Après un premier semestre en Allemagne, Le P. Meyers passera le deuxième à Paris où il suivra quelques cours au Centre Sèvres. Le P. Albert Evrard, de retour de deux années à Toronto où il a complété sa formation théologique, s’intégrera à l’Université de Namur dans le Groupe de recherche interdisciplinaire sur le vieillissement (Grives). Il appartiendra à la communauté Notre-Dame de la Paix à Namur. Le P. Daniel Sonveaux devient préfet de la chapelle. Le P. Guy Vanhoomissen termine son mandat de supérieur de La Pairelle, à Wépion. Il part pour Lyon où il devient socius du P. Maître du noviciat. Le P. Philippe Robert de la Province de France lui succède à Wépion. Né en 1954. Il a été successivement aumônier-préfet au lycée de la Providence à Amiens ; ministre de la communauté et aumônier au collège Saint- P. Guy Vanhoomissen Joseph de Tivoli, à Bordeaux ; puis aumônier des étudiants à Nancy, supérieur de cette communauté et responsable de l’église Saint-Sébastien confiée à la Compagnie ; enfin, ces dernières années, supérieur de la communauté de Lille-Montebello et, comme à Nancy, au service du diocèse pour des formations à l’accompagnement spirituel. Il était aussi consulteur de Province. Le P. PaulNoël Dujarier qui était en année sabbatique à La Pairelle, est envoyé au Châtelard (Lyon) pour faire partie de l’équipe du centre spirituel. Hors de la Province. Le P. Quentin Coppieters ’t Wallant a terminé sa troisième année de

LE SEIGNEUR A ACCUEILLI DANS SA PAIX ◆ Le P. Jean-Claude Michel, s.j. de la maison de la

Trinité à Kigali (Rwanda), né le 25 janvier 1929 à Blandain, est décédé le 17 juin 2015 à Kigali. Il est entré dans la Compagnie le 14 septembre 1946 et a été ordonné prêtre le 10 août 1959. ◆ M. Jean Misson, décédé le 29 juin 2015, frère du

P. Jacques Misson. ◆ M. Pierre Renders, décédé le 4 juillet 2015, papa

du P. Christophe Renders.

cycle intégré à Madrid. Il revient au Centre Sèvres pour entamer sa quatrième année. Il habitera dans la communauté de Vanves. Le P. Etienne Ganty, après trois années de service très apprécié par la Province des Antilles au philosophat de Saint-Domingue, sera intégré dès janvier 2016 au corps professoral du Centre Sèvres. Il fera partie de la communauté de Sèvres.

Nos défunts depuis juin 2015 Le P. Didier de Failly, de la communauté Alfajiri de Bukavu (R.D. Congo), est décédé le 8 juin 2015 à Woluwe-Saint-Lambert. Il est né le 3 août 1943 à Watermael-Boisfort, troisième de cinq enfants. Après les humanités à Godinne et une année de candidature en Sciences économiques et sociales aux Facultés Notre-Dame de

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

5


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page6

Belgique méridionale & Luxembourg la Paix, à Namur, il entre au noviciat d’Arlon le 10 octobre 1962. En 1964, il achève la deuxième année à Namur. Il part alors pour le Congo où il fera la philosophie et un an de régence à l’institut Saint-François- P. Didier de Failly Xavier à Kikwit en enseignant à l’institut Saint-Jean Bosco. Rentré en Belgique, il fait la licence en Sciences sociales à Louvain-la-Neuve puis la théologie à l’Institut d’études théologiques (IET). Il est ordonné prêtre par Mgr André Lefèvre le 21 avril 1974 à Florée (diocèse de Namur), village de sa jeunesse. L’année suivante, il rejoint Kinshasa : le Centre d’études pour l’action sociale (Cepas) et surtout l’Institut africain pour le développement économique et social (Inades). Il y restera jusqu’en 1985, avec une année d’interruption pour le troisième an en Colombie (1977–1978). Il part alors pour Alfariji à Bukavu où il restera trente ans. Il est professeur à l’institut supérieur de Développement rural (ISDR) et ne cessera de nourrir son enseignement par la recherche et de le prolonger par de nombreuses publications. En même temps, sur le terrain, il assume la responsabilité de projets de développement, comme Mugaba-Nguliro (ferme, menuiserie, etc.). Ce travail social de qualité va de pair avec un engagement pastoral comme aumônier de l’ISDR puis de l’Université catholique de Bukavu. Fin 2014, on diagnostique en Belgique une maladie nerveuse incurable. Il retourne cependant à Bukavu mais se replie à Kinshasa pour des soins appropriés. Le 26 mai 2015 il arrive à Bruxelles à la communauté Saint-Claude-La-Colombière avant d’être hospitalisé aux cliniques Saint-Luc où il s’est éteint quelques jours plus tard.

6

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

Le P. Claude Voiturier est né à Tournai, le 28 février 1929. Après les humanités au collège Notre-Dame, il entre au noviciat d’Arlon le 14 septembre 1947. Après le noviciat, il entame la candidature en P. Claude Voiturier philosophie et lettres au juvénat de Wépion, mais — présage peut-être de ce qui occupera une grande partie de sa vie — il l’interrompt un an plus tard par une année comme surveillant à Mons. Après avoir achevé la candidature, accompli le service militaire et étudié la philosophie à Eegenhoven, il sera à nouveau surveillant, de 1954 à 1957, successivement à Charleroi, Liège Saint-Servais et Bruxelles Saint-Michel. Il retourne à Eegenhoven pour la théologie et est ordonné prêtre le 6 août 1960. Il achève le cycle de formation par le troisième an à Wépion, il prononce ses derniers vœux le 2 février 1964. Il arrive à Mons en 1962, il y sera jusqu’en 1980, assumant la tâche de préfet d’éducation, tâche ingrate sans doute mais essentielle pour le bon fonctionnement d’un collège avec tous ses prolongements. Le P. Claude s’y est consacré de tout son cœur, y apportant une vigilance à laquelle rien n’échappait, un sens éducatif éclairé, une capacité de faire travailler ensemble les collaborateurs à l’œuvre commune. En 1980, il quitte Mons et vient à Bruxelles où l’attend un autre genre de service. Tout en faisant partie de la communauté de Saint-Michel, il prend en charge les archives de la Province, dès 1980 et jusqu’en 2000. Il est en outre adjoint à l’économe de province, de 1980 à 1986, puis secrétaire du P. Provincial de 1987 à 1998. Dès 1994, il a quitté Saint-Michel et, après une année dans la communauté Saint-Jean, re-


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page7

Belgique méridionale & Luxembourg joint la communauté Saint-Claude-La-Colombière dont il était donc un des plus anciens membres. En 2000, il est remplacé à la direction des archives mais continuera à y travailler jusqu’en 2009. Sa santé s’est détériorée et il doit peu à peu renoncer à ses tâches. Il vit aussi douloureusement certaines évolutions, certaines décisions des supérieurs. Mais il assume, gère sa vie, un peu solitaire mais toujours accueillant, très fidèle à ses amitiés, veillant à ne peser sur personne, cultivant son originalité mais sensible à l’humour. Il est parti furtivement à l’aube du dimanche 14 juin 2015. Nous le confions au P. qui connaît les cœurs. Le P. Eddy Jadot est né à Belœil le 29 mai 1930. Après les humanités au collège Notre-Dame de Tournai, il entre au noviciat d’Arlon le 14 septembre 1947. Désireux de partir en Inde, il fait à La Pairelle, de 1949 à 1951, ce qu’on appe- P. Eddy Jadot lait le juvénat indien, programme de formation conçu pour préparer ceux qui se destinaient à cette mission. C’est ensuite la philosophie à Eegenhoven, un an de régence au collège de Godinne et une première année de théologie à Heythrop College, en Angleterre. Il termine la théologie à Eegenhoven, où il est ordonné le 6 août 1959. Entretemps sa destination a changé : il lui est demandé de renoncer à partir en Inde pour prendre en charge, en Belgique, la promotion missionnaire. Son lieu de résidence sera Namur (de 1960 à 1994), mais c’est plutôt de port d’attache qu’il faut parler, car pour faire connaître les missions et assurer au mieux l’intérêt actif et la solidarité à leur égard, Eddy voyagera beaucoup et nouera

de fortes relations dans beaucoup de pays du monde, tout en gardant toujours une prédilection pour l’Inde et l’Asie du Sud en général. Dans le cadre des Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix, il s’engage au Centre religieux universitaire (Cru), il assume la tâche d’aumônier des étudiants. Il va aussi participer à la création et sera le premier directeur de la Fondation universitaire de coopération internationale et de développement (Fucid) qui engage les étudiants et l’Université elle-même dans la collaboration avec le Tiers Monde. En 1994, le P. Jadot quitte Namur pour Bruxelles. Il lui est demandé d’assurer un nouveau service. Il est chargé de mettre en place et de diriger la structure européenne du Service jésuite des réfugiés. Le « Jesuit Refugee Service », on le sait, a été fondé en 1980 par le P. Arrupe, interpellé par le drame des « boat people » vietnamiens et est peu à peu devenu une ONG mondiale. Eddy Jadot l’organise au niveau européen et est le directeur de JRSEurope jusqu’en 2000. Il continue ensuite à collaborer au JRS-Belgium, notamment par des visites en centres fermés. Il est aussi responsable de l’« advocacy », notamment auprès du Parlement européen, pour les programmes de JRS en Asie méridionale (Népal, Inde, Sri Lanka). Son état de santé s’est dégradé progressivement, non sans causer de vives souffrances qu’il supportait avec vaillance. Jusqu’au bout il est resté éveillé à la cause des réfugiés. Il est allé jusqu’au bout de ses forces ; il nous a quittés le dimanche 14 juin 2015, dans l’après-midi. Le P. Jean-Claude Michel est né à Blandain, un village proche de Tournai, le 25 janvier 1929. Il a fait ses études secondaires au collège jésuite Notre-Dame de 1940 à 1946. Il entre au noviciat d’Arlon le 14 septembre 1946. Après le noviciat, il étudie durant trois ans la philologie classique (le latin, le grec) et l’histoire aux facultés NotreDame-de-la-Paix, à Namur, puis, durant trois ans, la philosophie aux facultés jésuites proches

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

7


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page8

Belgique méridionale & Luxembourg de Louvain. En 1953, il part au Congo (belge) pour la « régence » au collège Albert de Léopoldville durant trois ans comme professeur de troisième latine. Puis vient la théologie de 1956 à 1960 près de Louvain. Il est ordonné prêtre le 10 août 1959. Il repart au collège de Léopoldville comme professeur de Rhétorique de 1960 à 1962, puis fait son troisième an de noviciat en France. De 1963 à 1974, il est vice-président du Bureau de l’enseignement catholique (Bec) à Kinshasa, bureau qui organise et supervise l’enseignement catholique dans tout le Congo Kinshasa. Je relève plusieurs lignes de force (charismes) de sa vie et de sa vocation : la première, c’est l’éducation. Dès ses années d’enseignement en 1953 à Kinshasa, l’attention et l’élan pour l’éducation ne l’ont pas quitté. Toute sa vie, il fut un grand éducateur ! Ensuite, depuis son sacerdoce (et peut-être avant), l’amour et la passion pour les Exercices spirituels de saint Ignace l’ont orienté en tous ses ministères. Combien de personnes et de groupes ont bénéficié de son ministère ! Je citerai encore une aptitude exceptionnelle pour l’administration avec une capacité de travail étonnante. Un esprit soutient ces trois lignes de force : c’est le respect et l’attention aux personnes. J’ai rarement vu un homme aussi disponible, aussi accueillant même lorsqu’on le trouvait en plein travail. Toutes ces ressources, tous ces charismes, étaient nourris d’une source à la fois discrète et manifeste : sa Foi et son Amour pour Dieu, pour le Christ Jésus. Jean Claude était un homme de prière. De 1974 à 1980, il est Supérieur régional des jésuites au diocèse de Kikwit (21 paroisses confiées à la Compagnie, un centre spirituel et plusieurs établissements d’enseignement). Après son mandat de 6 ans, il est nommé délégué du P. Provincial pour les collèges, pour le Congo, le Burundi et le Rwanda, fonction qu’il remplit de 1980 à 1991. De 1991 à 1997, il est supérieur de la communauté et directeur du centre spirituel à Bujum-

8

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

bura, tout en restant durant deux ans encore délégué du Provincial pour les collèges. Il a beaucoup fait pour le collège de Gisenyi, il a travaillé avec le P. Mahame à l’implantation du collège Iniyemeramihigo et il a déployé toutes ses forces, tout son élan pour l’école primaire Saint-Ignace puis pour le Sint Ignatius High School. Depuis 2004, il était promoteur du projet de Kibagabaga à Kigali. En 2000, il est nommé adjoint (socius) du supérieur de région et économe de région. Etre adjoint du supérieur de région, c’est aussi être son conseiller et membre de son conseil. Ce service, nourri de sagesse et d’expérience, il l’a rendu au P. Tite Mutemangando, au P. Augustin Karekezi et au P. Jean-Baptiste Ganza. En 2010, il est nommé supérieur de la communauté du Centre Christus et de la maison régionale. Il est en même temps économe de la région et assistant ecclésiastique des CVX. En 2013, vu les déficiences de son ouïe et n’entendant plus suffisamment ses compagnons dont il est le supérieur, il quitte le Centre Christus et retourne à Kimilonko comme socius. C’est sa dernière mission accomplie avec ardeur jusqu’au dimanche 14 juin où il est atteint de malaise et se sent sans force. Le lundi 15, après divers examens médicaux, il est hospitalisé au Roi Fayçal où de examens médicaux se poursuivent. Le soir il demande à recevoir en présence de toute la communauté Saint-Ignace le sacrement des malades et l’Eucharistie en viatique (c’est-à-dire pour le chemin vers l’au-delà de la vie terrestre). Le mercredi 17, c’est accompagné et soutenu par le P. Ganza qu’il remet son âme à Dieu, qu’il répond à l’appel de Dieu : yitaby’Imana. ? P. André Bouillot, s.j. ? Pierre Hupez, s.j. et Roland Francart s.j.


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page9

Belgique méridionale & Luxembourg

Homélie pour les funérailles d’Eddy Jadot 20 juin 2015, église Saint-Jean Berchmans, Bruxelles

L

orsque le P. Robert Huet m’a demandé de choisir un évangile pour cette messe d’« à-Dieu » à Eddy, j’ai pensé spontanément à l’évangile du Jugement dernier (Mt 25). Cette page d’évangile qui nous raconte le jour de la rencontre face à face avec le Seigneur et dans laquelle Jésus s’identifie aux plus petits et en particulier aux étrangers et aux prisonniers lorsqu’il déclare : « Venez, les bénis de mon P., recevez en héritage le Royaume… car j’étais un étranger et vous m’avez accueilli ; j’étais en prison et vous êtes venu à moi. » Cette page d’évangile aurait été particulièrement appropriée parce qu’Eddy l’a vécue avec intensité, mais aussi parce qu’aujourd’hui, 20 juin, c’est la Journée mondiale du réfugié. Je suis sûr qu’Eddy est heureux qu’on lui dise cet adieu en un jour où sont mis à l’honneur ces hommes et ces femmes qui fuient leur terre pour chercher un lieu de paix, pour mettre leur famille en sécurité. Eddy était admiratif du courage et de l’espoir qui animent les réfugiés. Le face à face que vit aujourd’hui Eddy avec son Seigneur, il s’y est préparé tout au long de sa vie en découvrant le visage de Jésus dans celui des réfugiés. La vie d’Eddy a vraiment été marquée du sceau de l’attention aux pauvres, aux délaissés, à ceux qui sont abandonnés. Il voulait ardemment que justice leur soit rendue, que

leur dignité soit respectée. Et c’est ce sens ardent de la justice qui l’a conduit à répondre à l’appel en faveur des réfugiés lancé par le P. Arrupe à la Compagnie de Jésus, au cours des vingt-cinq dernières années de sa vie, en rejoignant le Jesuit Refugee Service (JRS). Avec son cœur de bon berger, Eddy souhaitait ardemment que le JRS aille vers les réfugiés oubliés, « the forgotten refugees » comme il aimait à le dire. C’est donc tout naturellement que lorsqu’il a fondé le JRSBelgium il y a quinze ans, il nous a emmenés à la rencontre des réfugiés les plus soustraits à nos regards, ceux qui avaient abouti, privés de leur liberté, dans les centres fermés. Oui, je sais qu’aujourd’hui le Seigneur Jésus ouvre grand ses bras à Eddy en lui disant : « Viens, entre dans ma joie, toi qui est béni de mon Père, car j’étais un réfugié et tu m’as accompagné ; j’étais un réfugié et tu m’as servi ; j’étais un réfugié et tu as pris ma défense ; j’étais détenu, angoissé, humilié dans un centre fermé et tu es venue jusqu’à moi. » Ensuite, je me suis dit que l’évangile de la femme cananéenne (Mt 15) conviendrait bien aussi pour cette messe. Je ne sais pas si vous vous en rappelez. Cela se passe quand Jésus est parti avec ses disciples au-delà des frontières d’Israël. Une femme du lieu, une étrangère précisément, s’approche de lui. Elle vient l’implorer de ses cris,

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

9


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page10

Belgique méridionale & Luxembourg non pas pour elle, mais pour sa fille qui est possédée. Voilà une femme qui ne lâche pas le morceau. Les disciples demandent à Jésus de lui donner satisfaction car disent-ils, « elle nous casse les oreilles ». Et quand Jésus semble rejeter sa demande en lui disant : « Ce n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens », elle ne se décourage pas, elle insiste en répondant à Jésus : « Oui, Seigneur… Mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table des enfants ! » Ce qui fait l’émerveillement de Jésus qui s’écrie : « Femme, ta foi est grande ! Ta fille est guérie. » J’ai songé à cet évangile parce qu’Eddy, tout au long de sa mission au service des réfugiés, était particulièrement sensible aux mamans qu’il rencontrait, ces mamans qui se battent pour leurs enfants. Combien de fois n’ai-je pas entendu Eddy, au retour de sa visite hebdomadaire au Centre 127 bis, me raconter les larmes aux yeux, la détresse de telle maman qui souffrait pour sa famille. C’était le cas particulièrement au temps où les enfants étaient encore détenus dans les centres fermés, une pratique qui a, depuis été abandonnée, par les autorités belges, grâce notamment à la ténacité et la combativité d’Eddy. Mais cet évangile m’est aussi venu à l’esprit parce que c’est Eddy lui-même que je reconnais dans cette femme cananéenne qui plaide et intercède pour sa fille malade auprès de Jésus. Pendant de longues années, Eddy a plaidé sans relâche la cause des réfugiés auprès de ceux et celle qui avaient une parcelle d’influence sur leurs situation. Il l’a fait surtout pour les réfugiés du sous-continent indien qui lui tenait tant à cœur : pour les réfugiés bhoutanais au Népal ; pour les victimes de la guerre au Sri Lanka réfugiés en Inde ou déplacés dans leur propre pays. Eddy passait des heures à préparer des mémos contenant des informations de première main sur les conditions de vie et les droits des réfugiés et à les faire aboutir sur la table des décideurs. Com-

10

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

me on l’a rappelé au début de cette eucharistie, il a arpenté les couloirs du parlement européen, frappant aux portes, se faisant l’avocat de ces personnes qu’il ne connaissait pas personnellement mais qui étaient pour lui comme des frères. Oui, comme la femme cananéenne, lorsqu’il était convaincu de la cause qu’il défendait, Eddy était infatigable. Lui non plus ne lâchait pas le morceau. Il se donnait jusqu’au bout, jusqu’au bout de ses forces. Nous avons tous entendu parler il y a quelques années de ce petit livre de Stéphane Hessel qui a fait beaucoup de bruit : « Indignez-vous ! » Voilà un appel que depuis longtemps avait entendu Eddy. C’était un indigné avant la lettre. Il ne supportait pas que la dignité de l’être humain soit bafouée. La passion pour la justice le dévorait. Cet engagement passionné le conduisait parfois à être dur envers ceux qui se montraient indifférents aux situations dont il parlait ou qui ne voulaient pas l’écouter. Et puis il y avait les impatiences. Ah les impatiences d’Eddy ! Beaucoup parmi nous en avons fait l’expérience, je crois. Comme la femme cananéenne, il avait le sens de l’urgence. C’était difficile pour lui d’accepter que les choses ne soient pas telles qu’il les voulait, ou quand il était empêché de servir par un problème technique. Son désir de travailler à la cause des réfugiés était tel qu’il a beaucoup souffert de voir ses forces diminuer et l’abandonner peu à peu. Mais finalement, comme vous l’avez entendu, j’ai plutôt porté mon choix sur le bel évangile du Bon Samaritain. Parce que le cœur de l’engagement passionné d’Eddy pour la justice pour le respect des petits, c’est la compassion. Bien sûr, Eddy était un intellectuel, il était convaincu qu’il fallait analyser les situations, mais le moteur de son action, c’était la compassion, à l’image du Samaritain de l’évangile qui voyant l’homme laissé à moitié mort au bord du chemin, est tout d’abord « saisi de compassion ».


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page11

Belgique méridionale & Luxembourg Eddy aussi savait voir, il ne détournait pas le regard, il cherchait même celui qui était abandonné. Mais surtout, comme une mère, il était pris aux entrailles devant la souffrance de l’autre. Il vivait son service aux réfugiés « avec ses tripes » si vous me permettez cette expression. La compassion, c’était sa manière de vivre le double commandement de l’amour de Dieu — de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force — et de l’amour du prochain, auquel le Seigneur nous invite dans cette belle page d’évangile. Comme le Bon Samaritain, Eddy s’est approché, s’est fait le prochain d’hommes et de femmes victimes de la violence et de l’exclusion, proches ou lointains. Sans se laisser détourner par mille raisonnements comme le prêtre et le lévite qui voit l’homme, mais ne s’arrête pas par peur de se rendre impurs. Saisi de compassion, Eddy n’avait pas peur d’aller à la rencontre de l’homme blessé et de soigner ses blessures. Il se souciait peu de se salir les mains au risque d’être critiqué ou d’être traité de naïf. Les yeux de la compassion en lui voyaient d’abord en l’autre blessé un frère ou une sœur. La compassion d’Eddy n’était pas un apitoiement désarmé et passif. A l’instar du Bon Samaritain qui n’est autre qu’une figure du Christ, la compassion d’Eddy était pleine d’initiatives. Elle était créative. Eddy ne se bornait pas à soigner les blessures ; il veillait par toute son action à rétablir dans leur dignité ceux qui avaient été laissés à moitié morts. Par exemple, il répétait sans cesse que le JRS devait aussi réfléchir aux causes fondamentales, « the root causes », des déplacements de population, qu’il nous fallait développer une réflexion éthique sur la politique migratoire. A l’image du Bon Samaritain qui confie le blessé à l’aubergiste en lui disant « je repasserai », Eddy cherchait à rendre sa compassion contagieuse, à la transmettre à d’autres. Il savait qu’une partie importante de sa mission était de créer

un mouvement, d’entraîner d’autres au service des réfugiés. Comme directeur du JRS-Europe, il a pris à cœur de visiter les provinces jésuites pour encourager les initiatives pour répondre aux besoins matériels, sociaux, spirituels des réfugiés ; il a sollicité des communautés monastiques pour qu’elles portent les réfugiés dans leur prière ; il a réuni des experts universitaires pour produire des études de qualité sur le droit des réfugiés et des migrants ; il s’est engagé avec conviction dans la campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel, campagne qui fut couronné par le prix Nobel de la Paix en 1997. A travers tous ces contacts, Eddy s’est créé de nombreuses et solides amitiés. Il s’est trouvé de grands amis parmi les réfugiés eux-mêmes qu’il avait accompagnés et soutenus dans les centres fermés ou dans leur installation en Belgique, mais aussi chez ceux et celles qui ont partagé sa mission, compagnons jésuites de par le monde, religieux et laïcs engagés au JRS, collègues d’organisations internationales ou d’autres ONG. Nous sommes nombreux ici à pouvoir témoigner combien Eddy était fidèle en amitié. Oui. Comme le Samaritain de l’évangile, un étranger de nouveau, Eddy fut un homme de compassion. Mais quel était le secret de cette compassion inépuisable ? Je suis convaincu que c’était son amitié pour le Christ Jésus. Comme saint Paul, Eddy avait été saisi par le Christ. Depuis qu’il était tout jeune, il avait été séduit par Jésus de Nazareth. Il se sentait appelé à marcher sur ses pas, à renoncer à tout pour le connaître davantage, à devenir serviteur de la mission du Christ. Eddy s’est donné, sans compter, jusqu’à l’extrême de ses forces, à cette mission parce qu’il était un intime du Christ ; parce qu’il était un homme de foi : il savait que c’est un Autre qui donne sa fécondité à ce que nous faisons. Une foi qu’il aimait à partager, notamment lorsqu’il

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

11


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page12

Belgique méridionale & Luxembourg était aumônier universitaire à Namur, mais aussi lorsqu’il commentait la Parole de Dieu au cours des eucharisties dominicales à Leuze-enHainaut, le berceau de la famille, où il a rendu des services régulièrement jusqu’il y a encore peu de temps. Eddy cherchait le visage du Christ en toute chose, en toute rencontre, en toute son activité. « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube », avons-nous prié tout à l’heure avec le psaume. Cette phrase décrit à merveille la vie de compagnon de Jésus d’Eddy. Il était un homme de prière. C’était un homme du matin. Très tôt, avant le lever du jour, comme Jésus, il se tournait vers le P. pour lui confier sa journée, pour porter devant lui toutes les intentions, les visages, les groupes, les lieux tels les camps de réfugiés ou les centres fermés, qu’il portait dans son cœur. Quand on frappait à sa porte ces dernières années, il n’était pas rare de le trouver avec le livre des psaumes à la main ou en train de méditer l’évangile du jour. Cette vie de prière, il l’a partagée avec sa maman. Il m’a témoigné qu’au cours de ses visites régulières, ils prenaient longuement le temps de prier ensemble. Tout en restant sa maman, elle était aussi un de ses plus précieux soutiens spirituels. Et cela pendant de longues années puisqu’elle nous a quitté il y a quatre ans seulement, à l’âge vénérable de 103 ans. Cher Eddy, tu retrouves maintenant ta maman. Tu retrouves aussi ton frère Etienne qui t’avais précédé il y a deux ans. Tu as bien couru ta course et tu nous laisses le témoignage d’une vie toute donnée. Comme Paul, tu t’écriais : « Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection des morts. » Tout au long de ta vie, tu as été témoin de la puissance de la résurrection : tu l’as vue à l’œuvre dans le courage et

12

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

le désir de vie de tes frères et sœurs réfugiés, dans la joie des rencontres et de l’amitié partagée, et même dans ta propre fragilité au soir de ta vie. Ces dernières semaines, tu as communié aux souffrances de la passion et aujourd’hui ton désir de connaître le Christ en plénitude se réalise. Ta joie doit être grande. Aujourd’hui, malgré notre tristesse, notre joie est grande car nous savons que les réfugiés ont gagné un fervent avocat auprès du Père. Cher Eddy, dans ta chambre était bien en vue le portrait du P. Pedro Arrupe en prière. Tu avais une grande dévotion pour cet homme passionné de justice comme toi, qui avait appelé il y a trente-cinq ans notre Compagnie à se mettre au service des réfugiés de par le monde. Avec toi, je veux seulement reprendre quelques extraits de sa très belle prière à Jésus Christ, notre modèle. Je crois que beaucoup y reconnaîtront ton désir, ta prière : Seigneur, en méditant sur « notre manière d’agir », j’ai découvert que l’idéal de notre manière d’agir était ta manière d’agir. Aussi vers toi je tourne mon regard, le regard de la foi, et je contemple ton lumineux visage tel qu’il apparaît dans l’Évangile. […] Enseigne-moi à souffrir avec ceux qui souffrent : avec les pauvres, les lépreux, les aveugles, les paralytiques. Montre-moi comment tu témoignais de tes émotions très profondes quand tu en vins à verser des larmes. Donne-moi surtout le sensus Christique possédait Paul : que je puisse ressentir tes sentiments, les sentiments de ton cœur par lesquels tu aimes le Père et les hommes. Jamais personne n’a montré de plus grand amour : tu as donné ta vie pour tes amis jusqu’à l’anéantissement total par ta mort sur une croix. Je veux t’imiter en cette suprême offrande de toi-même, et aussi dans ma vie de chaque jour, en agissant, dans la mesure du possible, comme tu le faisais. ? Christophe Renders, s.j.


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page13

Belgique méridionale & Luxembourg

Le Père qui défendait les chercheurs d’or Le P. Didier de Failly, entré à Arlon en 1962, est décédé à Bruxelles le 8 juin 2015. Nous reproduisons ici un article paru dans l’hebdomadaire flamand Knack.

S

on décès a été oublié par les media, mais ce Père de 71 ans était un missionnaire très influent au Congo. Comme il convient pour un jésuite, le P. Didier de Failly joua un très grand rôle dans l’enseignement. En tant que diplômé en économie et en sociologie, il donna cours pendant trente ans à l’école supérieure de Développement rural (ISDR) de Bukavu, la capitale du Sud Kivu, où il organisait aussi des formations professionnelles. De plus, il était une figure de proue au sein de l’Inades (Institut national africain pour le développement économique et social), un thinktank (ou organe de réflexion) pour le développement économique de l’Afrique Noire. Mais, il était surtout considéré au niveau international comme un connaisseur du secteur minier du Sud Kivu. De l’or, de l’étain, du coltan, du tantale et de la wolframite : le Sud Kivu n’est pas pour rien appelé « trésor géologique ». Mais, cette richesse a aussi son côté sombre. La région se trouve depuis déjà vingt ans en proie à la guerre civile et au chaos avec son lot de centaines

de milliers de morts et de millions de réfugiés. Les forces armées congolaises et les milices se battent dans des alliances changeantes, incluant ou pas le voisin rwandais, pour contrôler la région et ses trésors miniers. Suite au déficit sécuritaire, il n’est plus question d’exploitation industrielle. Les sociétés minières internationales ont quitté leurs concessions. L’exploitation se fait artisanalement. Les creuseurs extraient du sol les minerais avec des moyens primitifs et au risque de leur vie. Une grande partie des gains est écrémée par les seigneurs de guerre locaux, qu’ils soient militaires réguliers ou chefs de milice. « Le P. de Failly fut un des premiers à dénoncer la guerre des matières premières du Congo oriental », dit son confrère congolais Rigobert Minani Bihuzo. « Sa voix était entendue jusqu’à Washington et Paris. Que cela soit dans des congrès ou des rapports, de Failly prenait toujours la défense des petits, des creuseurs et de leur famille. Cela lui attira un grand respect de la part de la population, de même que le fait qu’il n’a jamais fui Bukavu malgré la violence ». Le professeur Koen Vlassenroot, président du Conflict Research Group gantois et expert du Congo oriental, a rencontré souvent de Failly. « Il était un observateur très critique.

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

13


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page14

Belgique méridionale & Luxembourg Il insistait surtout sur l’importance économique des chercheurs de minerais : sans exploitation artisanale, l’économie locale s’effondrerait ; de Failly allait même bavarder avec les creuseurs et les revendeurs. Les barrages routiers ne l’arrêtaient pas. Il était virulent sur le rôle du Rwanda, comme aussi sur les interventions bien intentionnées mais souvent peu réfléchies de la communauté internationale et des grandes ONG. Ainsi, il ne fallait pas lui parler des tentatives des Américains pour ré-

14

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

guler le commerce de l’or, de l’étain, du tantale et du tungstène du Congo oriental. Officiellement, ils voulaient empêcher que les bénéfices tombent entre les mains des parties combattantes, mais de Failly y voyait surtout une manière d’apaiser la conscience des consommateurs. » ? Erik Raspoet, Knack 17-06-2015 p. 27 Traduction Pierre Vandervelde


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page15

Initiatives & Evénements

Une Congrégation quoi ? C

hez les jésuites, il existe plusieurs sortes de Congrégations, c’est-à-dire de rassemblements officiels. La plus connue est la Congrégation générale qui rassemble des délégués envoyés par toutes les provinces jésuites pour élire le nouveau P. général et tracer les grandes lignes directrices de notre vie apostolique et religieuse. Depuis le temps de saint Ignace, la 34e Congrégation s’est tenue en 1995, la 35e en 2008, la 36e se tiendra en 2016. D’une congrégation générale à l’autre, il peut exister des congrégations de provinciaux ou des congrégations de procureurs qui ont pour but de faire le point sur l’état de la Compagnie de Jésus dans le monde, mais n’entrons pas aujourd’hui dans ces complications ! Parlons plutôt de la Congrégation provinciale (CP) qui prépare, au niveau d’une Province (pour nous, la Belgique Méridionale et le Luxembourg), une Congrégation générale, en l’occurence, celle qui se réunira à Rome en octobre 2016. Préparation qui consiste à la fois à discuter déjà des thèmes à débattre et à désigner le délégué qui représentera la Province, en plus du P. Provincial, à la Congrégation générale. A la Congrégation provinciale siègent quelques membres de droit : le provincial, son socius (assistant) et l’économe de Province. Les autres membres sont élus par leurs pairs. Autrefois, le travail de la CP était assez fastidieux à cause son formalisme. Il s’agissait principalement d’examiner les souhaits (appelés

postulats) émis par les compagnons jésuites concernant des sujets aussi divers que la promotion des Exercices spirituels, le lancement d’une nouvelle œuvre ou notre manière de bien vieillir. Ces postulats étaient longuement discutés et amendés — avec, par exemple, des votes sur le 2e sous-amendement de l’amendement principal —, pour savoir si, oui ou non, la CP comme telle endossait comme un postulat propre le souhait émis par l’un ou l’autre de nos Compagnons… De nos jours, le processus est devenu moins formel : il s’agit surtout d’entendre le rapport du P. Provincial sur l’état de la Province (et du P. Econome sur l’état des finances…), puis de débattre des grandes questions qui habitent les membres de la Congrégation afin que, tant à l’échelon de la Province qu’à celui de la Compagnie entière, les supérieurs soient tenus informés des orientations, des projets, voire des inquiétudes que nourrissent les compagnons. Le fait que, cette année 2015, les congrégations provinciales de la Province de France d’une part, de la BML d’autre part, étaient invitées à se tenir au même endroit (Versailles) indiquait déjà à suffisance que le processus de rapprochement entre nos deux Provinces occuperait une place importante dans leurs délibérations. ? Xavier Dijon, s.j.

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

15


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page16

Initiatives & Evénements

Les Congrégations générales L

e 20 mai 2014, le P. Adolfo Nicolas, actuel Préposé général de la Compagnie de Jésus, annonçait sa décision de présenter sa démission. Le 8 décembre dernier, il a convoqué pour le 2 octobre 2016 une Congrégation générale — qui sera la 36e — à laquelle il reviendra d’accepter sa démission et d’élire son successeur. En amont de cet événement, toute la Compagnie va vivre une période riche en réflexions et en discernement. Voici quelques clés pour en comprendre les différents enjeux et étapes.

Qu’appelle-t-on « Congrégation » dans la Compagnie ? Dans la Compagnie de Jésus, le terme « congrégation » équivaut à ce que l’on appelle « chapitre » ou « conseil » dans d’autres con grégations religieuses. Outre les Congrégations générales, qui concernent le corps entier de la Compagnie, on y organise des Congrégations des Procureurs, des réunions de Provinciaux, des Congrégations provinciales, la Congrégation pour l’élection d’un Vicaire Général, etc. La seconde Formule de l’Institut définissant la jeune

16

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

Compagnie, approuvée par le pape Jules III en 1550, contient déjà en germe les Congrégations générales : elle évoque un « conseil pour aider le Général » sur des sujets importants, et pour modifier les Constitutions. Elles sont traitées en détail par saint Ignace dans le chapitre VIII des Constitutions de la Compagnie de Jésus (1559), chapitre qui, de façon significative, suit celui sur les ministères des jésuites. Dans un contexte où, dès les origines, ces derniers étaient envoyés aux quatre coins du monde, l’enjeu pour le fondateur était de s’assurer de l’union des membres de la Compagnie entre eux, ainsi qu’avec le Préposé général. Les Congrégations sont l’une des aides prévues pour favoriser une telle « union des cœurs », aux côtés de l’obéissance aux supérieurs, des échanges de nouvelles entre jésuites,


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page17

Initiatives & Evénements sans oublier le primordial lien d’amour qui doit unir chaque compagnon au Christ (§ 671 des Constitutions). Selon la même  Formule de l’Institut , le préposé général « a tout pouvoir pour commander » en temps ordinaire, pouvoir réaffirmé dans les Constitutions. Mais, lorsqu’il s’agit d’aborder des questions graves, le pouvoir résidera dans « la Compagnie réunie » à cet effet. En résumé, on peut dire que les textes fondateurs envisagent la Congrégation générale d’une part comme moyen et expression de l’union de la Compagnie, d’autre part comme son organe suprême de gouvernement. Cela ne la dispense pas d’un lien fort avec le Préposé général : on peut dire que ce dernier et la Congrégation sont les deux dépositaires de l’autorité, et deux modes de faire l’unité de la Compagnie.

lière, conformément au choix de saint Ignace. Ceci dit, des raisons de convoquer une Congrégation générale ne manquent pas ! Outre la nécessité d’élire un nouveau Préposé général, suite au décès, à la démission ou à la « déposition » du précédent (§ 677), peuvent justifier sa convocation des problèmes graves, importants, « engageant l’avenir » ou concernant toute la Compagnie. Une Congrégation apporte alors « une information plus fournie », ou l’avis de « personnes éminentes » (§ 679). C’est toutefois au Préposé général ou à son remplaçant de décider normalement de sa réunion (§ 681, 689), sauf lorsque la Congrégation des Procureurs a voté à la majorité qu’il faut en convoquer une. Depuis 1965, l’intervalle moyen entre deux Congrégations générales a été de dix ans : 1965, 1975, 1983, 1995, 2008, 2016.

Congrégation générale : quand et pour quelles raisons ?

Comment se prépare une Congrégation générale ?

Les Constitutions sont formelles : les Congrégations ne doivent être ni régulières ni fréquentes (§ 677). Le Préposé général est habituellement en mesure de gouverner et est assisté en cette tâche par son conseil. Il est informé de la marche de la Compagnie par des lettres (§ 679), ainsi que par des visites des Provinciaux ou de délégués envoyés par les Provinces (origine des Congrégations des Procureurs, actuellement organisées tous les quatre ans). De ce fait, une Congrégation apparaissait d’ordinaire comme « une peine » et « une perte de temps » inutiles : le raisonnement implicite d’Ignace était qu’il est plus important pour les jésuites de se livrer à l’apostolat que de se réunir, à moins que cela ne soit nécessaire (§ 689). De nos jours, bien que les réunions et les voyages soient plus faciles, la fréquence des Congrégations générales, lourdes à organiser et coûteuses, reste irrégu-

Le Préposé général envoie une lettre aux Provinciaux, donnant les raisons de la convocation, le lieu et la date de la Congrégation générale. Celle-ci doit se réunir en un lieu proche du pape s’il y a élection. Seule la 4e Congrégation s’est tenue en dehors de Rome, à Loyola. Le Général convoque aussi les Congrégations provinciales qui doivent précéder et préparer la Congrégation générale. Un intervalle minimum entre les deux étant requis, ce dernier indique la date à laquelle les dernières congrégations provinciales doivent se terminer, ainsi que leur tâche. Pour ce qui est de la France, quarante jésuites élus par les membres de la Province ayant « voix active » (plus de cinq ans d’ancienneté) se réunissent à partir du 6 juillet 2015 en Congrégation provinciale. S’ajoutent à ces élus les membres de l’équipe provinciale quelques membres « de droit » (Supérieurs de maisons nommés par le Gé-

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

17


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page18

Initiatives & Evénements néral), plus quelques jésuites choisis par le Provincial. L’approche de ce premier grand rendez-vous a donné lieu à des échanges dans les communautés, ainsi qu’à la formulation et à la remontée, le cas échéant, de réponses aux questions posées par le P. Général, ou de propositions à soumettre à la Congrégation provinciale. Une des tâches de cette Congrégation est d’élire les délégués — jésuites ayant prononcé leurs derniers vœux — qui se rendront à Rome. Depuis la 33e Congrégation générale, le nombre des délégués est fixé en fonction du pourcentage que leur Province représente sur le nombre total des jésuites dans le monde. Ainsi le chiffre total des délégués est à peu près constant : autour de 200. Il varie entre un et cinq par Province, voire plus. La France en envoie trois en plus du Provincial. La Congrégation générale comprend aussi un certain nombre de membres « de droit » : les Assistants Régionaux, l’Économe et le Secrétaire de la Compagnie, etc. S’y ajoutent quelques membres nommés par le Général, dont des Frères. À noter que les membres de la Congrégation générale ne sont pas réellement « délégués » au sens de « représentants avec mandat » : ils agissent librement, selon leur propre conscience, au nom de la Compagnie, pas de leur Province. ? Peter Karandysovsky

Petit décryptage des Congrégations provinciales par Jacques Gellard, ancien assistant du P. général. « La portée d’une Congrégation provinciale est en partie déterminée par P. Jacques Gellard la nature de la Con grégation générale qui la suit (élection d’un Général ou traitement de sujets spécifiques). De même, elle dépend des questions posées par le P. Général. Plutôt que d’attirer le regard vers un domaine spécifique (gouvernance, tel ou tel apostolat), la question posée cette foisci me frappe par sa formulation très ouverte, vers la vie interne de la Compagnie, comme vers ses champs de mission : « Méditant sur l’appel du Roi éternel, quels sont les trois appels que nous discernons comme étant les plus importants que le Seigneur adresse aujourd’hui à toute la Compagnie ? » L’apport d’une Congrégation provinciale réside aussi dans le débat libre en assemblée qu’elle organise autour des enjeux d’une Province. Les comptes-rendus qui sont communiqués au P. Général l’éclairent beaucoup sur la vie des Provinces jésuites dans le monde. Il ne faut pas oublier l’intérêt d’une réflexion commune sur la Province, pour les jésuites réunis eux-mêmes, comme pour le Provincial et son équipe. » ? Jacques Gellard

18

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page19

Initiatives & Evénements

Nos centres sociaux: bien du commun ! Ceras et Centre Avec sont deux institutions fondées par les jésuites, qui partagent une même vocation : mettre en débat des questions de justice sociale, sensibiliser, faire réfléchir, mener avec d’autres un plaidoyer social, à la lumière de la doctrine sociale catholique.

Centre Avec L’identité du Centre Avec a évolué avec son développement, assez récent : hier communauté engagée en milieu urbain bruxellois (années 1980), dont la mission première était l’apostolat social, il est devenu une association aux missions privées et publiques : d’un côté, sensibiliser les milieux chrétiens et encourager « l’apostolat social » auprès du monde ignatien, de l’autre œuvrer au changement des structures sociales et des mentalités. Reconnu en tant qu’association d’éducation permanente, il accompagne la réflexion engagée des initiatives citoyennes et des démarches collectives pluralistes de la société civile belge. Pour plus de précision, voir la présentation du Centre Avec dans le dernier hors-série de Jésuites, p. 44-45.

S’enrichir de nos différences Le produit phare du Ceras est la revue Projet, tandis que le Centre Avec partage ses priorités de production écrites entre les analyses et études commanditées par le Gouvernement et la revue En question, dont l’angle d’approche est chrétien. En question suit sa propre ligne éditoriale et comporte une variété de ru-

briques, tandis que Projet se met au service de ses associations partenaires, consacrant l’essentiel de chaque numéro à une question choisie avec et pour ses partenaires. En question adopte le ton de la sensibilisation, là où Projet fait plus activement du plaidoyer. Si le Ceras jouit d’une certaine reconnaissance parmi les chercheurs, la force du Centre Avec est de travailler au cœur du riche et dense tissu associatif de la Belgique francophone. Il n’occupe pas une place équivalente à celle du Ceras dans le paysage associatif catholique français, mais tous deux ont le souci de mettre leurs compétences en sciences sociales au service des acteurs de terrain et d’œuvrer de concert avec d’autres acteurs ignatiens.

Entraide et projets communs Le Ceras a coordonné plusieurs dossiers thématiques communs pour les revues des centres sociaux européens, dynamique à laquelle le Centre Avec a participé. La collaboration se développe aussi sur les conférences et animations. Ainsi, le Centre Avec a participé aux initiatives du Ceras autour des transitions énergétiques. En amont de la conférence Scribani de septembre 2014 (voir le numéro horssérie 2015, p. 38-39), le Centre Avec a participé au cours de l’année 2013-2014 au « collège associatif » réuni à Paris par le Ceras, tandis que le Ceras est intervenu à Bruxelles au « séminaire décentralisé » des 20 et 21 mars 2014. La session « Jeunes Européens en débat », organisée en mai 2014 au Parlement européen

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

19


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page20

Initiatives & Evénements à Bruxelles, a été le fruit d’une collaboration franco-belge (et allemande) : elle impliquait les associations Politique une bonne nouvelle (étroitement liée au Ceras), Centre Avec, Réseau jeunesse ignatien belge et Kolping. Une session du même genre devrait avoir lieu en mai 2016.

Avenir proche D’autres projets verront le jour, puisque les deux équipes partagent de plus en plus leurs programmations respectives. Des rencontres régulières entre les deux équipes sont prévues ; la première vient de se tenir à Bruxelles le 3 juin. Nous chercherons à mieux nous entraider dans nos missions respectives. Pour ins-

20

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

titutionnaliser le rapprochement, chacune des deux associations va être représentée au niveau statutaire dans l’assemblée générale de l’autre. Les deux associations se retrouvent aussi dans les dynamiques internationales des centres sociaux des jésuites, qu’il s’agisse du groupe de réflexion des jésuites (et de laïcs) en sciences sociales Eurojess, de la semaine sociale organisée par le JESC (Jesuit European Social Centre) pour les travailleurs de l’apostolat social ou d’autres initiatives émanant des jésuites internationalement. ? Frédéric Rottier, directeur du Centre Avec


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page21

Vie & Partenariat

Nouvelle Réserve précieuse Lancement du projet d’aménagement à la bibliothèque universitaire Moretus Plantin, à Namur

L

ors du conseil d’administration du mois de mars, les autorités académiques ont approuvé le dossier de la bibliothèque universitaire Moretus Plantin (BUMP) au sujet de l’aménagement d’une nouvelle réserve précieuse en ses murs, grâce à la générosité du Fonds Inbev–Baillet Latour et de l’institut Moretus Plantin. Une étape importante franchie dans le vaste projet de sauvegarde des quelque trente-cinq mille ouvrages anciens actuellement entreposés dans des locaux de la Faculté de philosophie et lettres. En 2012, l’Université de Namur s’est vue confier par la Compagnie de Jésus les trentecinq mille livres anciens provenant de la bibliothèque du collège philosophique des jésuites, installé jadis à Egenhoven (Brabant flamand). Un patrimoine intellectuel et artistique exceptionnel, comportant de nombreuses pièces rarissimes datant du xve au xixe siècle, dont une septantaine d’incunables, des éditions originales de Galilée, de Newton, de Diderot et d’Alembert… Certaines sont illustrées par des artistes célèbres, comme la Vie de saint Ignace de Loyola (1622), agrémentée de magnifiques gravures de Pierre Paul Rubens.

Ces ouvrages sont actuellement entreposés dans les anciens locaux du Centre de documentation et de recherches religieuses (CDRR, depuis transféré à la BUMP), au sein du bâtiment de la Faculté de philosophie et lettres. Les conditions de conservation de ce précieux patrimoine livresque sont malheureusement loin de correspondre aux normes internationales en matière de mobilier, de ventilation, d’hygrométrie, de température, de luminosité, etc. Quant à l’actuelle Réserve précieuse de la BUMP, qui abrite ses propres collections, elle n’est pas en mesure d’accueillir l’ensemble des trente-cinq mille ouvrages anciens du CDRR. Il était donc indispensable et urgent de prévoir un aménagement au sein de notre bibliothèque dans le respect des normes en vigueur dans la Réserve précieuse, aménagement permettant le transfert de la collection dans un nouvel espace conditionné et spécialement dédié qui lui garantisse la sécurisation et la conservation qu’elle mérite. Dès 2014 débute l’inventorisation scientifique de la collection, étape indispensable pour connaître son contenu, classifier les ouvrages et en permettre la valorisation par des travaux scientifiques de chercheurs et d’étu-

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

21


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page22

Vie & Partenariat diants, ainsi que par une campagne de numérisation. Les pièces les plus précieuses commencent alors à être rapatriées, dépoussiérées et restaurées par le personnel de la BUMP. Fin 2014, le projet de sauvetage connaît une avancée inespérée, grâce à la générosité du Fonds Inbev–Baillet-Latour et de l’institut Moretus Plantin. En collaboration avec l’Université de Namur, ces mécènes rendent en effet possible, à court terme, l’aménagement et le conditionnement d’un nouvel espace à la BUMP afin de recevoir les trente-cinq mille ouvrages en péril. En mars 2015, une nouvelle étape est franchie : le conseil d’administration de l’Université prend connaissance du dossier réalisé par la BUMP et les services techniques de l’Université. Le dossier est approuvé par les auto-

rités. Le début des travaux d’aménagement est prévu pour l’automne 2015 et l’inauguration de la nouvelle réserve précieuse est annoncée pour le printemps 2016, année qui célébrera les 525 ans de la naissance du fondateur de la Compagnie de Jésus, Ignace de Loyola. Grâce à ses mécènes privés, l’Université a désormais toutes les cartes en main pour donner à ce patrimoine exceptionnel les soins, la visibilité et le rayonnement qu’il mérite. ? Morgane Belin, UNamur

Bientôt un lointain souvenir pour les ouvrages de l’ancien collège jésuite à Egenhoven qui seront transférés dans un nouvel espace spécialement dédié à la BUMP

22

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page23

Vie & Partenariat

Nouveautés aux Editions jésuites L

a fin de l’année éditoriale 2015 s’annonce riche en parutions au sein des Éditions jésuites et un large panel d’ouvrages de qualité déploie toute la diversité des thématiques chères à Fidélité, Lessius et Lumen Vitae. Rentrée oblige, les débats sur l’avenir des contenus des cours de religion ne manqueront pas d’occuper à nouveau la scène médiatique et les débats de société. Sous la direction d’Henri Derroitte et d’André Fossion, le dernier ouvrage de la collection Hauban, chez Lumen Vitae, Cours de religion et citoyenneté à l’heure de l’interconvictionnel, offre un recueil d’articles et de témoignages apportant une contribution originale au débat. Truffé de témoignages d’élèves et de professeurs de religion et étayé par des chercheurs universitaires belges, sociologue, philosophe et théologiens, l’ouvrage postule que les compétences citoyennes peuvent être atteintes de manière probante en intégrant la dimension religieuse dans ces enjeux sociaux. Il offre une synthèse indispensable pour considérer les finalités légitimes attendues de nos écoles en matière d’apprentissage au vivre-ensemble, au respect du pluralisme de philosophies et de convictions. Fondée dans l’esprit des nouvelles orientations en la matière, la collection Mosaïques se clôture sur un dernier set de manuels de re-

ligion catholique pour le troisième degré de l’enseignement primaire. Destiné aux 10–12 ans et à la maturité correspondante des élèves de l’enseignement spécialisé, il s’intitule Allez explorer ! Chaque enseignant y trouvera de quoi élaborer des parcours pédagogiques adaptés aux réalités socioculturelles de sa classe. Les activités et techniques originales proposées dans les guides d’enseignement induisent une nouvelle dynamique, faisant aussi appel aux ressources des médias et du multimédia. Le référentiel pour les élèves, tout en couleurs, leur offre un support riche en textes, commentaires et illustrations. En matière de catéchèse, Lumen Vitae propose un nouvel outil d’animation communautaire dans la série proposée par la Commission interdiocésaine de catéchèse belge. Ce cinquième livret intitulé C’est à moi que vous l’avez fait explore la joie de servir. D’octobre 2014 à octobre 2015, le diocèse de Namur s’est concentré sur les enjeux de la diaconie. Dans la continuité de ce travail pastoral, le fascicule propose pour chaque paroisse de nombreuses animations pour redécouvrir les

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

23


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page24

Vie & Partenariat sources bibliques et spirituelles de ce service à l’autre, aux frères démunis matériellement, spirituellement ou culturellement… Dans le but de nourrir la réflexion des acteurs de terrain, l’ouvrage de Catherine Chevalier et de Joël Morlet Être catéchiste : témoigner d’une expérience expose les résultats de deux enquêtes effectuées auprès des catéchistes en Belgique (vicariats de Bruxelles et du Brabant wallon) et en France (diocèses de Nanterre et Créteil). On y découvre les profils des catéchistes d’aujourd’hui, leurs difficultés, les modalités de la catéchèse dans lesquels ils sont engagés, leurs ressources et leur formation ainsi que leurs priorités, tant sur le fond que sur les formes des catéchèses mises en œuvre. L’ouvrage s’arrête en particulier au rapport entre expérience et doctrine, à la relation aux enfants, aux parents, à l’institution ecclésiale et aussi à ce que l’enquête révèle du rapport des catéchistes à leur expérience catéchétique. Enfin, la dernière thématique de la revue internationale de catéchèse et de pastorale Lumen Vitae « Vers de nouvelles alliances entre famille et catéchèse » s’inscrit dans le sillage du synode extraordinaire des évêques sur les défis pastoraux de la famille souhaité par le pape François et qui se clôturera en octobre 2015. Elle explore en une dizaine d’articles les préoccupations des familles concernant la transmission de la foi. Une lecture transversale des documents et débats de ce premier synode permet d’en prendre la mesure et d’en dégager des possibles implications pour la catéchèse

24

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

avec, par et pour toutes les familles. * Dans son ouvrage, La Parole qui a changé le monde, paru aux éditions Fidélité, Robert de Coster s’attache à mettre en évidence « six révolutions de Jésus de Nazareth » qui peuvent être repérées dans son message : l’amour de Dieu pour tous les hommes, le respect de la femme, le respect de l’enfant, la suppression des sacrifices sanglants, l’aide à apporter aux pauvres et aux malheureux et la condamnation de tous les intégrismes, formalismes et ritualismes. Ces attitudes révolutionnaires ont fait évoluer notre souci de la dignité de la personne et de l’épanouissement spirituel. L’auteur termine par une longue réflexion sur la vie éternelle, fréquemment évoquée et confirmée par Jésus de Nazareth. Vivifiant dans son approche, Michel Salamolard ose l’essai En finir avec le « péché originel » ? au travers de pistes théologiques et pastorales. Cette doctrine qui tente de répondre à la question lancinante de l’origine du mal embarasse de plus en plus de chrétiens. L’annonce de la Bonne Nouvelle n’est-elle pas plombée d’avance par la mauvaise nouvelle d’un « péché originel » dont nous serions tous les héritiers sans en être nullement coupables ni responsables ? Michel Salamolard nous propose d’ouvrir des pistes de réflexion et non de s’enfermer dans un enclos de certitudes. Trois nouveaux ouvrages enrichissent la collection Vie chrétienne. Pierre-Marie Hoog sait faire « chanter les textes », il les travaille


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page25

Vie & Partenariat et se laisse travailler par eux… Pour  que  vous croyiez, tome 1 des récits dans l’évangile selon saint Jean fait découvrir que Jésus est celui qui engage sa vie jusqu’au bout pour chacun. Le lecteur est invité à se demander jusqu’où va l’engagement de sa propre vie pour le Dieu de Jésus Christ. Bien qu’institutionnalisé, le travail social en France aujourd’hui ne serait-il pas avant tout œuvre de l’Esprit Saint dans le cœur des hommes ? Dans Oser la charité. Le travail  social,  vecteur  de l’Amour de Dieu ? Bernard Pommereuil, fort de plus de quarante ans d’expérience au service des plus démunis, livre une réflexion profonde sur les liens existants entre action sociale et charité, troisième vertu théologale avec la foi et l’espérance. Son propos est nourri de philosophie et de théologie et illustré d’exemples vécus et de sa trajectoire personnelle, notamment sa conversion au Dieu d’Amour, relatée avec simplicité et enthousiasme. Le jésuite allemand Christian Herwartz a eu l’intuition originale que les Exercices spirituels, initiés par Ignace de Loyola, pouvaient également se vivre au cœur du monde, et en particulier dans les rues de nos villes. C’est cette expérience que retrace cet ouvrage polyphonique Nos villes, d’un cœur brûlant. Les Exercices spirituels dans la rue. *

PUBLICATIONS • Roland FRANCART, La BD chrétienne pour l’évangélisation. « Historique : les trois périodes de la BD chrétienne », dans Pour une foi, quelle culture ! ? Quand Dieu s’invite dans les arts et les médias, « Théologie pratique en dialogue » no 43, dirigée par François-Xavier Amherdt, p. 265-268, Academic Press, Fribourg, 2015. • Bernard JOASSART, « Godefroid Kurth, dédicataire des légendes hagiographiques », dans Analecta Bolandiana, t. 133, Bruxelles, 2015, p.166-168. • —, « Un volume de Louis Duchesne non recensé par les Bollandistes », ibid., p. 169-174. RENCONTRE DES UNIVERSITÉS JÉSUITES Suite à la rencontre précédente de Mexico 2010, les universités jésuites de partout dans le monde se sont rassemblées à Melbourne (Australie), entre le 8 et le 10 juillet 2015. Cette rencontre était intitulée : « Élargir le réseau de l’éducation supérieure jésuite : collaboration pour la justice sociale ». Celles-ci ont partagé plusieurs initiatives déjà en place comme l’éducation supérieure pour les personnes marginalisées, la promotion de l’entreprenariat social, un texte vivant sur l’écologie conçu pour être utilisé par les universités, etc. Elles ont également préparé une vidéo mettant en lumière la teneur du document Promotion de la justice dans les universités de la Compagnie.

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

25


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page26

Vie & Partenariat Dans la collection Petite Bibliothèque Jésuite, aux éditions Lessius, le père Claude Flipo s’interroge sur Le règne du Christ dans un monde dominé par le pouvoir et l’argent. Et pourtant, le Règne est là, comme un ferment dans notre humanité. Dans la démarche des Exercices spirituels de saint Ignace, la méditation du « Règne du Christ » s’adresse à ceux qui désirent aller plus loin et aimer davantage : « Qu’ai-je fait pour le Christ, que dois-je faire pour le Christ ? » Alors que nous célébrons le centenaire de la naissance de omas Merton (1915–1968), le récit de son appel et de sa vie n’a rien perdu de son pouvoir d’inspiration. Jacques Scheuer évoque tout au long de ce omas Merton, un veilleur à l’Orient, les différentes étapes de sa découverte des traditions asiatiques de spiritualité, en particulier le zen sinojaponais, la sagesse taoïste, le bouddhisme ti-

www.editionsjesuites.com

26

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

bétain et combien omas Merton attendit et reçut d’elles pour stimuler la tradition mystique chrétienne et pour féconder les valeurs humanistes de l’Occident contemporain. Enfin, dans sa collection Christus, Lessius nous offre deux nouveautés. Maurice Giuliani, fondateur de la revue Christus, a composé au fil de sa vie une série d’articles remarquables qui demeurent des références sur la spiritualité ignatienne et que l’on peut découvrir dans L’accueil  du temps qui vient : études sur saint  Ignace  de  Loyola. Sœur Dolores Aleixandre est l’un des auteurs préférés du pape François. Avec Baptisés dans le feu, elle tente de montrer leschemins de rencontre de la Parole de feu de l’évangile qui peut réenflammer notre cœur. ? Florence Noël


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page27

La Compagnie en Europe et dans le monde

Missionnaire 2.0 ? S

i je suis devenu jésuite, c’est notamment parce l’identité missionnaire de la Compagnie m’a séduit. Une des figures jésuites qui m’a marqué et a contribué à mon choix de la Compagnie fut Eddy Jadot, avec qui j’ai vécu pendant trois années à l’aumônerie du Centre religieux universitaire (Cru) et fait mon premier voyage en Inde. Etonnamment, par coïncidence ou providence, j’ai mis mes pas dans ses traces : aumônier au Cru, directeur de la Fucid (Fondation universitaire de coopération internationale et de développement), membre du réseau Jésuite pour les réfugiés (JRS-Belgium). Mais avec ma formation de mathématicien, et mon amour pour l’Afrique Centrale. En effet, ma première « mission » jésuite fut d’être envoyé à Bukavu, à l’Est du Congo, pour y donner des cours de mathématiques à l’Institut supérieur pédagogique, de 1985 à 1987 pour ma régence (temps de travail pendant la formation). Expérience profonde de compagnonnage et de solidarité. Une partie de moi-même y est restée. D’où mes fréquents retours en Afrique Centrale. Quelles sont mes activités lors de ces séjours ? Au début, il s’agissait de donner

des cours de mathématiques à Bukavu, mais peu à peu je suis devenu responsable de plusieurs programmes de collaboration universitaire financés par la coopération belge. Le premier programme consistait à soutenir le fonctionnement institutionnel de l’université de Kinshasa (Unikin) à travers des projets transversaux : soutien à des doctorats locaux, réhabilitation de la bibliothèque centrale, création d’une maison d’accueil pour les professeurs visiteurs, etc. Le programme est de longue haleine, toujours en cours, et cela m’a

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

27


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page28

La Compagnie en Europe et dans le monde

Symposium sur le développement des universités organisé par l’Agence universitaire francophone à Kinshasa

permis de rencontrer plusieurs recteurs successifs. Malgré la lenteur des progrès (un doctorat prend plusieurs années, de même un changement institutionnel), de multiples succès voient le jour, souvent grâce au dynamisme des plus jeunes. Cette expérience m’a permis de côtoyer des professeurs de toutes les disciplines, aussi bien à Kinshasa qu’en Belgique. J’ai appris ainsi que la Santé publique en Belgique était née au Congo. De même, j’ai pu m’intéresser à l’agriculture familiale au cœur de la ville grâce au projet mené par le P. Paulus, à la sociologie des Eglises du Réveil ou aux enjeux des élections avec le P. de Saint Moulin, à la pisciculture, au biocarburant, à l’économie de très grande pauvreté, etc. Chaque sujet faisait l’objet d’un projet à évaluer en vue d’un possible financement. En 2004, lors d’une mission à l’Unikin, avec des responsables flamands de la coopération, nous avons proposé de financer le premier réseau informatique universitaire en fibre optique. Une toute nouvelle aventure commençait. Nous n’avions aucune expérience, mais c’était une nécessité pour le développement et le désenclavement de l’université. Les autorités de l’Unikin étaient enthousiastes. Il n’y avait quasiment pas d’expertise locale. Malgré tout, ce fut fait. Les tranchées n’étaient pas très

28

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

rectilignes, ni profondes et les ordinateurs et serveurs ne supportaient pas les surtensions fréquentes. Deux fois, la foudre a totalement détruit les serveurs, alors qu’on insistait pour que les membres de l’université utilisent leur adresse de courriel unikin.cd et non une adresse yahoo.fr. Ils venaient de perdre tous leurs mails. Pour moi, ce fut le début d’une période extraordinaire. En effet, mettre de l’internet et du réseau dans une institution comme celle de l’Unikin entraîne une véritable révolution. Les rapports entre les plus âgés et les plus jeunes sont remis en question : comment un professeur ordinaire de soixante ans va-t-il accepter de dépendre d’un jeune informaticien pour configurer son ordinateur ? L’information, source de pouvoir, devient accessible à tous : des étudiants peuvent vérifier les dires des professeurs via internet, une information peut être diffusée directement à tous, sans devoir passer par des hiérarchies secondaires. Ma contribution dans ces projets était d’animer les séminaires de formation des jeunes informaticiens (« on ne donne pas une voiture à quelqu’un qui n’a pas de permis ») et de sensibiliser les autorités académiques et politiques à l’importance de l’informatique et aux changements qu’elle induira. On a proposé de faire la même chose à l’uni-

Séance de travail avec les informaticiens à Kinshasa


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page29

La Compagnie en Europe et dans le monde versité de Lubumbashi (Unilu). Avec l’expérience acquise, notre équipe a pu obtenir un résultat beaucoup plus efficace. La création d’un service de ressources informatiques, soutenu par le recteur, a véritablement désenclavé l’Unilu. Le succès de ces deux expériences a amené la coopération belge à accepter un programme de dix ans, mené conjointement par les universités flamandes et francophones, d’informatisation de sept universités congolaises (Bukavu, Lubumbashi, Kisangani ; Unikin, ISTA, UPN, UCC à Kinshasa) et de l’université du Burundi. Ce projet, appelé UniversiTic (www.universitic.net), est toujours en cours. Les premiers jeunes informaticiens formés formaient une sacrée équipe. Grâce au dynamisme de ces jeunes, un logiciel d’ins-

cription et de délibération des étudiants a été créé pour les universités congolaises, ce qui a permis de réduire les fraudes au bénéfice des étudiants. Ces projets ainsi que d’autres, comme ceux de l’informatisation des cliniques universitaires (ebalesante.blogspot.be) ou du soutien à l’enseignement des sciences, me permettent de partager le dynamisme d’une jeunesse qui

Présentation du projet « Eb@le-Santé » au ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire à Kinshasa

Séance de travail avec le recteur de l’Université de Lubumbashi

refuse la fatalité du sous-développement. Ils se battent pour leur pays, pour leur avenir, pour leur famille. Et moi, je ne suis qu’un témoin, qui désire les encourager, les soutenir dans l’espoir d’un monde meilleur. Je le fais via les nouvelles technologies. C’est peut-être simplement comme cela que j’annonce l’Evangile et que je suis missionnaire 2.0. ? Marcel Rémon, s.j.

Visite à l’université de Kisangani

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

29


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page30

La Compagnie en Europe et dans le monde

Vu de France Parents du P. Manuel Grandin, s.j., Gérard & Alex Grandin, sont les membres enthousiastes de l’APPRR (Association des parents de prêtres, religieux, religieuses). En cette année de la vie consacrée lancée par le pape François, et dont le thème est « La vie consacrée dans l’Eglise aujourd’hui. Évangile, Prophétie, Espérance », ils nous font découvrir cette association et son rayonnement.

L

ors du rassemblement de la famille ignatienne « Lourdes 2006 », nous avons participé à la rencontre de parents organisée par la Compagnie. Nous avons été très impressionnés et en même temps heureux. La semaine suivant l’ordination sacerdotale de notre fils Manuel, en 2008, Odile de Sinéty (rencontrée à « Lourdes 2006 ») nous a présenté l’APPRR. Tout de suite, nous avons été conquis et avons adhéré à notre retour en Mar-

tinique. A notre première participation au pèlerinage national de l’APPRR, à Dax, en 2011, nous avons été chaleureusement accueillis par deux mamans de jésuites (Mmes Barthe-Dejean et Jahan). Cependant, faire le déplacement de Martinique nous incite à un « davantage » : y rencontrer, à l’occasion, d’autres parents de jésuites, en écho à cette rencontre à Lourdes en 2006. Par ailleurs, le livre témoignages Paroles de parents face à la vocation de leur enfant a fait naître en nous le désir de le faire connaître à la famille ignatienne. Nous en avons parlé autour de nous et enfin au vice-provincial Jacques Gébel, s.j. Nous souhaitons maintenant tout simplement vous partager nos joies de parents de prêtre jésuite.

Tout le groupe des pèlerins de 2011 à Dax

30

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

? Gérard et Alex Grandin villamdelbrelmtq.blogspot.com


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page31

La Compagnie en Europe et dans le monde

L’Association nationale des parents de prêtres, religieux, religieuses L’Association nationale des parents de prêtres, religieux, religieuses regroupe des parents de toutes sensibilités qui, réunis par la consécration de leurs enfants, choisissent de se retrouver pour prier, se rencontrer et découvrir la grande variété des vocations, l’unité, la richesse, la grandeur, le dynamisme et la beauté de leur Eglise. C’est avant tout un compagnonnage… « afin qu’aucun parent de consacrés ne reste isolés spirituellement » (cardinal Suhard). L’APPRR est une cellule d’Eglise qui manifeste la communion dans la diversité des sensibilités. C’est une richesse pour l’Eglise et un réconfort pour les parents. Un très bel ouvrage aux éditions Salvator paru en septembre 2013 : Paroles de parents face à la vocation de leur enfant. Pour la première fois, des parents de consacrés s’expriment et témoignent. Dans un abécédaire : d’« Abandon » à « Web », en passant par « Célibat », « Évêque » ou « Vêtement », c’est le témoignage de plus de cinq cents parents de prêtres, religieux et religieuses. En quelque sorte, les « effets collatéraux » d’une vocation ! Quelques pépites récoltées (p. 24 et 25 de l’abécédaire) qui pourraient être écrites par l’un ou l’autre des cinq cents personnes qui en sont les auteurs… et parmi elles d’autres parents de jésuites : - « J’y trouve de la joie, on se rassemble pour partager en confiance, pour prier ensemble. » - « Les prêtres, religieux ou religieuses qui connaissent l’existence de l’association la regardent comme une sorte d’amicale qui prie pour eux et pour l’Eglise, les conforte dans leur vocation, et peut aider leurs parents à mieux vivre l’éloignement ou la séparation, et à mieux comprendre l’engagement total et nécessaire de leur enfant ? » - « Je dis tous les jours la prière de l’association ! » Sainte Vierge Marie, Mère du Christ Souverain Prêtre, tu es le modèle de chacun et chacune d’entre nous. Conduis-nous vers ton Fils pour que nous puissions témoigner de son amour et apporter la lumière de sa parole. Nous te prions pour nos enfants afin qu’ils soient de vrais témoins des appels de Dieu. Nous te prions pour les prêtres, les religieux et religieuses et tous les consacrés, qui se sont engagés à la suite du Christ ; pour ceux et celles qui sont parfois débordés ou harassés, qui sont isolés ou découragés, qui souffrent dans leur corps ou dans leur âme. Inspire-nous des pensées, des paroles et des actions qui les aident et les soutiennent. Aide-nous à susciter de nouvelles vocations de consacrés et de chrétiens engagés. Fais qu’en union, avec nos enfants nous participions à l’extension du règne de Dieu. Amen. Pour en savoir plus : • le site : apprr.catholique.fr • la revue trimestrielle : Le lien • le logo : il exprime bien l’esprit qui unit les parents de consacrés : « le carré, symbolique d’humanité qui comporte le dessin », tandis que « sous la croix, entourée de lumière et plantée en humanité, les silhouettes de nos enfants prêtres, religieux, religieuses et consacrés, en action ou en oraison, tournées vers cette croix, les mains ; en forme de coupe sont à la fois offrande et soutien. »

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

31


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page32

Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene LA PAIRELLE Centre spirituel ignatien 25, rue Marcel Lecomte 5100 Wépion 081 46 81 45 & 081 46 81 11 centre.spirituel@lapairelle.be www.lapairelle.be

fête avec le Seigneur ? Viens nous rejoindre avec une trentaine de jeunes de 12-17 ans : temps de prière, partage, jeux, réflexion et veillées seront au rendez-vous. Du V. 25 au D. 27 septembre 2015 avec Antoine Beaudoint, Florence Fastres, Sr Françoise Schuermans ssmn, P. Paul Malvaux, s.j. ◆ Le cœur du Père – enfants et parents. Faire

découvrir à nos enfants (de 6 à 11 ans) la paternité de Dieu ! Le connaître pacifie leur cœur au fil d’ateliers priants (évangile mimé, modelage, etc.). L’accueil de sa bénédiction renouvelle la grâce d’être époux et parents. Enseignements, sacrement de Réconciliation, célébrations de guérison. Du V. 2 (18 h 15) au D. 4 (17 h 00) octobre 2015 avec P. Pierre Depelchin, s.j., Sr Anne, Thérèse Piraux et une équipe. ◆ Écouter la Parole à la suite du Christ. Initia-

◆ Découvrir la prière silencieuse à la manière

du zen. De nombreux textes chrétiens invitent à la prière dans le secret de l’être uni à Dieu. A l’écoute du « Nuage d’Inconnaissance » et avec « Frère corps » comme compagnon, nous nous initierons à cette méditation assise ou dans la nature. Du V. 18 au D. 20 septembre 2015. Avec Sr Christine Daine, clarisse, membre du DIM (Dialogue interreligieux monastique). ◆ Face à la mondialisation dérégulée : de l’an-

goisse à l’espérance. Sommes-nous impuissants devant les crises financière, sociale, environnementale, culturelle ? L’Evangile nous invite à nous mettre en marche vers un « autre monde », à cultiver l’espérance, cette « passion du possible ». Du V. 25 au D. 27 septembre 2015. Avec Claire Brandeleer, chargée de projet du Centre Avec, Centre jésuite de recherche et d’action sociale ; P. Christophe Renders, s.j. ◆ Week-end Ados « Let’s go ». Tu es jeune et

dynamique ? Tu as envie de vivre 2 jours de

32

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

tion aux Exercices spirituels de saint Ignace. Vivre une expérience spirituelle fondée sur l’apprentissage de la pédagogie d’Ignace de Loyola : prier l’Écriture, relire sa prière et sa vie, entrer dans le discernement spirituel. Retraite en groupe avec enseignements et accompagnement personnel. Du L. 5 au V. 9 octobre avec une équipe de La Pairelle. ◆ « Oser la confiance, porter l’espérance ! »

Halte spirituelle pour professionnels de la santé. Oser la confiance, c’est accueillir ses faiblesses et trouver force dans le Christ. Par ce consentement, la vie du soignant reçoit unification et consistance. Ainsi « soigné », il devient autrement soignant car, de manière insoupçonnée, porteur d’espérance. Du V. 9 au D. 9 octobre 2015 avec P. Pierre Depelchin, s.j. et une équipe de soignants. ◆ Dimanche des familles. « Je ferai passer de-

vant toi ma beauté » (Ex 33,19). Mettre en scène une histoire biblique sous le mode du théâtre japonais d’images « Kamishibaï ». La créativité en fête ! Dimanche 11 octobre 2015 avec Sandrine de Liedekerke et Nathalie Schul. ◆ La Parole et l’aquarelle. Se laisser habiter et

travailler par la Parole de Dieu et l’aquarelle. Temps de silence, d’écoute de la Parole, d’ate-

No


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page33

ne

Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene lier, de prière et de partage. Accompagnement personnel possible. Pour tous, débutant ou non. Du L. 12 au V. 16 octobre 2015 avec Lode Keustermans, artiste peintre et P. Eric Vollen, s.j.

munautaire et l’Eucharistie. Du Me. 28 octobre au J. 5 novembre 2015 avec P. Pierre Depelchin et une équipe. ◆ « Je crois… Secours mon manque de foi ! »

tueuses » : les conversions de saint Augustin. Découvrir avec Augustin (Confessions) comment Dieu nous accompagne dans nos zigzagantes démarches… et que la conversion est un processus plus qu’un moment précis. Du V. 16 au D. 18 octobre 2015 avec P. Pierre Ferrière, s.j.

(Mc 9, 24). Croire en quelqu’un, lui faire crédit, s’en remettre à lui se situe à un autre niveau que ce que l’on croit à son sujet. Le chrétien croit en un homme, Jésus de Nazareth et s’en remet à lui de tout, au-delà de la fin même de sa vie. Mâcher et marcher sa foi avec les disciples de l’Evangile. Du L. 2 au Me. 11 novembre 2015 avec P. Pierre Ferrière, s.j. et Cécile Gillet.

◆ « Nous marier ? Oui, non ? Pour quoi ? ».

◆ Avec Jésus non-violent, apprendre à dialo-

Week-end davantage destiné aux couples qui se posent la question du mariage ou qui cheminent encore « à bonne distance » vers le mariage. Du V. 16 au D. 18 octobre 2015 avec Bernadette et Baudouin van Derton, P. Christophe Renders, s.j.

guer en vérité. Week-end de retraite-formation inspirés de la pédagogie de Jésus avec ses disciples, pour apprendre à traverser autrement nos conflits. Il ne faut pas grand-chose pour qu’une relation se ferme… Comment être à l’écoute sans s’écraser soi-même ? Comment s’affirmer et interpeller l’autre sans l’écraser ? Du V. 6 au D. 8 novembre 2015 avec Ariane Thiran-Guibert et Françoise van Rijckevorsel, formatrices au sein de « Sortir de la Violence ».

◆ « Dieu écrit droit avec des lignes tor-

◆ Quand le Dieu de la Bible se fait violent…

Session avec temps de prière personnelle. Que faire de l’image du Dieu violent de l’Ancien et aussi parfois du Nouveau Testament ? La confrontation à ces textes gênants nous ouvrira au chemin de salut que propose la Bible, un chemin de sortie progressive de nos propres violences… Du V. 23 au D. 25 octobre 2015 avec Dominique Martens, Professeur de théologie biblique à l’Institut International Lumen Vitae et le P. Etienne Vandeputte, s.j. ◆ Smartphone, Web, jeu vidéo, société numé-

rique : un lien social virtuel ? Le numérique envahit nos vies. Au-delà du cliché d’un univers superficiel et consumériste, à partir de la sociologie et de l’anthropologie, nous interrogerons, avec nuance, la dimension humaine et spirituelle de ces pratiques sociales. Samedi 24 octobre 2015 avec Olivier Servais, historien et anthropologue, professeur à l’Université catholique de Louvain. ◆ Retraite ignatienne dans l’esprit du Renou-

veau. Retraite en silence à l’écoute de la Parole, source de transformation et de guérison. Chaque journée est ponctuée par un accompagnement personnel, la prière personnelle de la Parole, un enseignement, la prière com-

◆ « J’étais un étranger et vous m’avez ac-

cueilli » (Mt 25,35). L’accueil de l’étranger fait partie de la tradition chrétienne, mais aujourd’hui il est remis en question. Quelle place dans notre société pour l’hospitalité ? Explorons les fondements spirituels de nos attitudes vis-à-vis de l’étranger. Du V. 13 au D. 15 novembre 2015 avec P. Pieter-Paul Lembrechts, s.j. et Marie Bouvier, membres du Jesuit Refugee Service-Belgium (JRS) ; P. Christophe Renders, s.j. ◆ Dimanche des familles : La nature dans tous

ses états. Re)-découvrir comment la nature nous rejoint dans toutes nos dimensions (spirituelle, corporelle, émotionnelle…). Vivre en famille et avec d’autres une journée pleine de sens. Partage fraternel du repas et célébration joyeuse de l’eucharistie complètent le programme. Journée ouverte à tous. Dimanche 15 novembre 2015 de 10 h 00 à 17 h 00 avec Bénédicte et Didier Tierens. ◆ Journée de La Pairelle : Jusqu’où pardonner ?

En couple, entre amis, aucune vie relationnelle

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

33


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page34

Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene n’est possible sans pardon. Même si cela demande parfois un long processus, le pardon est source de vie. Il ne libère pas seulement le coupable mais aussi la victime. Samedi 21 novembre 2015 avec Jean Hinnekens, président de l’asbl « Couples et familles » et Sophie Mathot, sexologue et psychothérapeute. ◆ « Aimer, c’est choisir » : week-end de prépa-

ration au mariage. S’arrêter chacun et ensemble. Ecouter nos interrogations, nos désirs. Regarder vers l’avenir et commencer à le construire. Aborder ensemble les questions qui font et feront la réalité concrète de nos vies : les familles, le travail, l’argent, les loisirs, les amis, la sexualité, la tendresse, le pardon, la fidélité… Se parler de Dieu, de nos chemins de foi et du sacrement du mariage. Du V. 27 au D. 29 novembre 2015 avec P. Charles Delhez, s.j. ◆ « Dans le tourbillon de la vie » - Au cœur de

la vie de famille, consolider notre couple. Pour les couples entre 10 et 20 ans. Prendre du temps pour relire notre vie de couple, rendre grâce, vivre le pardon, se re-poser. Temps personnels de réflexion et de prière introduits chaque fois par un exposé, des temps à deux, et des partages avec les autres couples. Détente et convivialité. Ouvert à tous les couples engagés dans la durée. Du S. 28 au D. 29 novembre 2015 avec Bernadette et Baudouin van Derton, P. Eric Vollen, s.j. ◆ Exercices contemplatifs avec le nom de

Jésus. « Qui m’a vu a vu le P. » (Jn 14, 9b). Par la prière du Nom de Jésus, vivre une expérience de simple présence à Dieu. Cette prière de contemplation peut rejoindre tous ceux et celles qui aspirent à une plus grande simplicité dans leur relation à Dieu et dans leur vie de prière. Du L. 30 novembre au Me. 9 décembre 2015 avec Isabel Lemaître-Coelho et Rita Dobbelstein. ◆ Vivre l’Avent avec Marie. Prendre le temps

et descendre dans le silence à l’école de Marie. Avec elle, accueillir pour soi l’annonce de l’Ange et laisser son existence être bouleversée par la venue du Messie. Prière personnelle de la Parole, enseignement, liturgie com-

34

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

munautaire, accompagnement individuel. Du V. 11 au V. 18 décembre 2015 avec P. Pierre Depelchin, s.j., Sr Christiane Dupuis OCJM, Claudine Marmoy, José M’Pongo, Myriam Spineux. ◆ Formation au discernement spirituel. Toute

personne, dans sa prière ou dans sa vie quotidienne, est habitée par des mouvements intérieurs divers : joie, tristesse, paix, agitation, doute… Trois week-ends pour apprendre à reconnaître ces mouvements, à discerner à travers eux l’action de Dieu. 1er week-end : Le discernement spirituel. Du V. 11 au D. 13 décembre 2015 avec P. Paul Malvaux, s.j., P. René Lafontaine, s.j., Sr Alice Tholence, r.s.a. ◆ « A deux quand les enfants sont partis ». A

l’approche ou à l’âge de la retraite, réinventer notre couple. Pour ceux et celles qui ont plus de 30 ans de vie en couple. Du V. 11 au D. 13 décembre 2015 avec Bernadette et Baudouin van Derton et un jésuite. ◆ Pour les étudiants : le blocus. S’encourager à

étudier dans un lieu propice à l’étude aide lorsque les examens approchent ! Les temps de blocus ont pour but de préserver un bon rythme de travail, ponctué d’un petit temps d’intériorité vécu tous ensemble chaque jour. Repas pris ensemble dans un climat détendu. Du V. 18 au J. 31 décembre 2015 avec Sr Fiona Maguire, r.s.a. ◆ Noël à la Pairelle. Dans un climat de convi-

vialité et de fraternité, se préparer à Noël, vivre et célébrer ensemble la fête. Prière, jeux, activités (ré) créatives, cuisine… Bienvenue à tous, seul-e, avec des amis ou en famille. Du Ma. 22 au V. 25 décembre 2015 avec Rita Dobbelstein, P. Christophe Renders, s.j. ◆ Relire l’année, reconnaître le vécu, re-

naître… A partir de textes bibliques, relire personnellement l’année écoulée pour y voir Dieu présent et aimant, partager en petits groupes et célébrer tous ensemble pour aller vers demain. Du D. 27 au Me. 30 décembre 2015 avec Marie-Josée Bugugnani, Susanne Allermann, membres de l’équipe Esdac.

No


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page35

ne

Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene COMMUNAUTÉ DU CHEMIN NEUF Carmel de Mehagne 27, chemin du Carmel 4053 Embourg 04 365 10 81 carmelmehagne@chemin-neuf.be 3, avenue Arthur Dezangré 1950 Kraainem 0472 435 425 info@chemin-neuf.be www.chemin-neuf.be Klooster Heilig Hart De Merodelei 12 2600 Berchem 03 230 81 70 heilighart@chemin-neuf.be

Dieu et de l’Esprit Saint. Prendre le temps de s’arrêter et se laisser rejoindre par Dieu dans le silence. Enseignement, prière silencieuse, eucharistie, repas simplifié, écoute spirituelle. ◆ LG : Week-end jeunes 14–18 ans, du samedi

17 (11 h 30) au dimanche 18 octobre (15 h 00) 2015. ◆ LG : Week-end jeunes 18-30 ans, du samedi

14 (11 h 30) au dimanche 15 novembre (15 h 00) 2015. ◆ LG + BXL + Louvain-la-Neuve (EPUB cha-

pelle des Bruyères, 11, rue de la Palette) + Namur (0497 800 788) + Berchem en Nl (Klooster Heilig Hart, De Merodelei 12, 03 230 81 70), « Soirée Net for God », mardis 27 octobre, 24 novembre et 15 décembre 2015 (à 20 h 30, LLN à 20 h 15, Berchem à 20 h 00). ◆ Auderghem (23 avenue Charles Schaller,

0472 674 364) « Matinée Net for God », vendredis 25 septembre, 23 octobre, 20 novembre et 11 décembre 2015 à 10 h 00. Rencontre, prière et formation à partir d’un film vidéo, diffusé dans 70 pays. Le thème du film nous aide à reconnaître l’œuvre de l’Esprit Saint dans le monde, œuvre de paix et d’unité. ◆ LG : Week-end CANA pour couples « Sortir

de sa bulle », du samedi 24 au dimanche 25 octobre 2015 : week-end pour les couples avec accueil des enfants de 0 à 12 ans. Alternance d’enseignements, de moments en couple, dans un climat d’écoute, de confiance et de prière. Un week-end pour faire grandir l’amour.

GROUPES DE PRIERE ◆ LG + BXL : tous les mardis à 20 h 30 pour

tous dès le 22 septembre 2015. Chanter et prier ensemble… une heure de louange et d’intercession, à l’écoute de la Parole et de l’Esprit Saint, afin d’accueillir Dieu dans notre quotidien. ◆ LG : Mardi de désert « Entrer dans le mys-

tère de la miséricorde », mardis 6 octobre et 1er décembre 2015 de 9 h 30 à 15 h 00. Journée de ressourcement à l’écoute de la Parole de

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •

35


Echos BML 2015-03 03-08-15 15h58 Page36

Le billet d’humeur

JEAN BURTON, S.J.

36

UN NOUVEAU RÈGNE ? Peut-être pensez-vous à une nouvelle « annonce du Royaume » ? Un « le Règne des Cieux est parmi vous » nouveau style ! Mais le titre du journal intrigue : « La pleine conscience règne »… Rassurez-vous, ses bases sont « scientifiques » et des milliers de curieux ont déjà été conquis. Les librairies ouvrent un rayon spécial, les sites internet ont moissonné des milliers d’adeptes, soyez des leurs ! Ils ont « entendu le son du silence ». Bien sûr, vous avez été saisis et vous-vous êtes ressaisis ! « Conscience » est un mot à multiples entrées. La confusion est aisée : quand il s’agit de traduire l’anglaise « awareness », le champ sémantique est vaste ! De « aware », adjectif qualifiant un état de « connaissance, de conscience ou le fait d’être au courant, savoir, ne pas ignorer ». S’en suit un usage du nom « conscience » aux frontières floues. Quand il s’agit, en plus, de « pleine conscience », de « mindfulness » alors… ! Si nous pensons pouvoir faire la « relecture de notre journée » comme un « examen de conscience », au sens ascétique et séculaire du terme, nous faisons fausse route. Non, nous entrons dans un coin de notre cerveau, qui sans être déconnecté de toutes les autres régions de la vie « consciente », nous introduit non pas seulement face à « l’écran blanc de nos nuits blanches », mais, oxymore étonnant, au creux du « son du silence »… d’une zone neurologique où notre cerveau est soudain, et passagèrement, muet. J’ironise, car la saine hygiène de l’âme prônée pour évaluer les pensées, les paroles, les actes et les omissions qu’une « conscience » - morale celle-ci – se remémore, reste disponible. Celle-ci apprécie la vie à l’aune d’une Rencontre intime et miséricordieuse, et n’est pas abolie. Une Parole est là. La « pleine conscience » où le « méditant » immobile accède à la vacuité, là où la fulgurance de l’instant n’a que faire du passé et ne s’aliène pas, semble-t-il, dans l’avenir improbable d’une histoire risquée, reste pourtant ouverte, en attention… et ce qui se présente comme une « quête de sens » est aussi un appel à l’aide. C’est comme une apnée trop longue qui enfin peut conduire le nageur postmoderne, hors de son « burn out », à la surface d’une conscience heureuse, réconciliée, certes fragile, boiteuse même, cahotante sûrement, au grand air risqué de la conscience spirituelle dont la longueur, la largeur, la profondeur, la hauteur… convoque ma liberté à vivre, éveillée, à l’Amour. En serez-vous ?

Echos • no 3 • juillet – septembre 2015 •


Echos BML 2015-03 - couv 03-08-15 16h17 Page3

s •

Editeur responsable

Rédacteur en chef Secrétaire de rédaction

Comité de rédaction Maquette et mise en page Impression Routage Site internet

PIERRE HUPEZ, S.J. Rue Fauchille, 6 – 1150 Bruxelles Compte Missions-Œuvres des Jésuites 210-0905176-24 BIC : GEBABEBB – IBAN : BE81 2100 9051 7624 avec la mention : « Soutien aux Échos » TOMMY SCHOLTES, S.J. ROLAND FRANCART, S.J. Service Communication BML Bd Saint-Michel, 24 – 1040 Bruxelles tél. : 0478 26 97 28 – communication@jesuites.be JEAN BURTON, S.J., ROLAND FRANCART, S.J., ROBERT MYLE, S.J., DANIEL DE CROMBRUGGHE, S.J. JEAN-MARIE SCHWARTZ MASSOZ, 4432 Alleur DIPROMÉDIA, 5000 Namur www.jesuites.be

Les derniers numéros des Echos sont consultables sur le site www.jesuites.be. Ceux qui souhaitent déposer des informations (sous forme d’article, nouvelle, récit, etc.) dans les Echos ou sur le site peuvent le faire via media.sj@jesuites.be. © BML, MMXV


Echos BML 2015-03 - couv 14-10-15 14h40 Page4

Pape François Laudato si’

Claude Flipo Le règne du Christ

• 14,5 × 21 cm • 200 p. • 6,00 € ISBN 978-2-87356-673-9

• 11,5 × 19 cm • 120 p. 12,00 € ISBN 978-2-87299-278-2

Henri Derroitte et André Fossion (éd.) Cours de religion et citoyenneté à l’heure de l’interconvictionnel

Catherine Chevallier et Joël Morlet Être catéchiste : témoigner d’une expérience

• 16,5 × 23 cm • 200 p. • 19,00 € ISBN 978-2-87324-528-3

• 15 × 23 cm • 120 p. • 19,00€ ISBN 978-2-87324-517-7

www.editionsjesuites.com

Belgique : 7, rue Blondeau • 5000 Namur • tél. : +32 81 22 15 51 • fax : +32 81 22 08 97 France : 14, rue d’Assas • 75006 Paris • tél. : +33 1 44 39 48 38 info @ editionsjesuites.com • www.editionsjesuites.com • IBAN BE97 0688 9989 0649 • BIC GKCCBEBB • TVA BE 0547.869.757

• P 402014 • Trimestriel • No 3 • juillet – septembre 2015 • Bureau de dépôt : Namur 1 • Ed. resp. : Pierre Hupez, s.j., Rue Fauchille, 6, 1150 Bruxelles •

fidélité Lessius lumen vitae


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.