Alpinisme : Bruno Buchet est monté sur le toit du monde... |
Aventure. L'alpiniste Bruno Buchet a gagné son pari. Le Lavallois a gravi hier le sixième sommet le plus haut sur Terre (8201 mètres), dans l'Himalaya. Un bel accomplissement.
Bruno Buchet, 46 ans, nous l'avouait en juin dernier : il étouffait dans les Alpes. Les cinq ou six allers-retours, chaque année, entre Laval et les alentours du Mont-Blanc n'étaient plus suffisants pour assouvir son désir de sensations fortes, d'ivresse des hauteurs et des grands espaces. Une attirance pour les sommets qui le tenaille depuis 22 ans.
Sans s'en faire une montagne, il avait décidé, donc, il y a quelques mois, de reprendre la route pour l'Extrême-Orient, deux ans après sa première expérience là -bas : en 2005, il était déjà allé toiser la planète du haut du Broad Pick (8047 mètres), le 12e sommet le plus haut du monde quelque part entre la Chine et le Pakistan. Sa nouvelle destination pour 2007 ? Le Cho Oyu (déesse de turquoise en tibétain), le sixième pic le plus élevé du monde, à la frontière entre le Népal et le Tibet, à 25 kilomètres au nord-ouest de l'Everest .Depuis hier, 14 h heure locale (10 h heure française), Bruno Buchet l'a donc fait. Le sociétaire du NEPAL (Nature Escalade Plein Air Laval) est monté plus haut qu'il ne l'avait jamais réalisé. Il a gravi le Cho Oyu.Du sommet, il livre ses impressions, que l'on peut retrouver sur son blog (1) : « Je suis très heureux d'y être enfin, absolument seul. » Ses camarades d'ascension l'ont abandonné au fil de la montée, notamment des expéditions lourdes, avec porteurs et oxygènes. Lui est allé au bout de ses forces, pour l'ultime récompense : « J'ai une superbe vue sur la face Nord de l' Everest et il fait très beau. » Ravi, il l'est, malgré quelques dernières heures difficiles : « Ces derniers jours ont été très éprouvants à cause du mauvais temps qui a duré et donc de l'incertitude quant à la suite de l'ascension. Si le parcours ne présente pas de très grosse difficulté technique, le vent, très froid et très présent, a pu me déstabiliser. » Sans bouteille d'oxygène, ni porteurAu fur et à mesure des mètres grimpés, au fil des chemins escarpés de roc et de glace et au gré des refuges de fortune, l'oxygène se raréfie et le sentiment de solitude s'amplifie : « Je suis monté au camp 2 dimanche, j'y ai dormi deux nuits. Au camp 3 je n'avais pas de tente, je m'y suis cependant arrêté pour y installer un camarade qui avait les pieds gelés. » Ultime étape avant le rush final, hier matin : « J'ai poursuivi mon ascension, 6-7 heures après, j'étais au sommet. »La performance est réelle, puisqu'elle a été accomplie sans porteur ni oxygène supplémentaire. Buchet voulait « sortir du style himalayen fait de cordes fixes, de bouteilles d'oxygène et de sherpa qui portent le matériel, comme il l'annonçait en juin. Pari gagné, même si les cordes ont été nécessaires pour terminer l'ascension.À l'heure qu'il est, il redescend vers la civilisation. Il gagnera les plaines tibétaines dans deux jours et sera de retour en Mayenne en début de semaine prochaine. Avec beaucoup de souvenirs à raconter. Arnaud HUCHET.(1) http://www.horizon8000m.com/