Quistinic. Le dur sort des cordiers mis en avant au village de Poul-Fetan... |
Le village touristique de Poul-Fetan à Quistinic (Morbihan) veut mettre à l’honneur les artisans dont avaient besoin les paysans. Parfois membre de la communauté comme le forgeron ou paria comme le cordier.
À Poul-Fetan, à Quistinic (Morbihan), au XIXe siècle, les cordes étaient fabriquées à partir de chanvre cultivé directement par les paysans, ce qui permettait de réduire le coût final du tressage. Le cordier pouvait même être l’acheteur du chanvre transformé pour faire sa corde qu’il vendait à son tour.
Une visite ludique
« Le chanvre est la seule fibre végétale dans le Morbihan. Il est semé en avril, arraché en août puis immergé dans l’eau pendant trois semaines pour être plus facile à travailler : c’est le rouissage pour que la fibre soit plus facilement extraite, explique Isabelle Lamort-Robert, responsable des animations au village. Le chanvre va devenir filasses puis ficelles qui, habilement entremêlées avec un rouet et des crochets, vont former la corde vendue aux paysans. Pour être plus résistante, la corde est enduite d’une solution de colle et d’eau. »
Pour les visiteurs, le ludique rejoint le pédagogique puisque deux chanceux servent de cobayes pour confectionner un bout de corde avec lequel ils pourront repartir en fin de journée.
Un cordier rejeté socialement, comme le bourreau
L’une des chaumières du village permet de découvrir l’atypique métier de cordier. Les paysans, en 1850, ont forcément besoin de cordes pour leurs travaux quotidiens. Encore faut-il les fabriquer. Et c’est un métier particulièrement mal vu par la population.
Le cordier vit en marge de la société. Un peu à l’image du bourreau dont le pain était retourné et mis à l’écart de celui des autres habitants, d’où ce réflexe chez les anciens de ne pas supporter qu’un pain soit à l’envers parce que cela porte malheur.
Le bourreau est le tueur officiel
Le bourreau est le tueur officiel. « Le cordier, lui, confectionne la corde du pendu : la mort est donc tapie dans son ombre. Mis au ban socialement comme un paria, le cordier doit son statut à une décision du XVe siècle : les léproseries, forcément à l’écart des communautés, ont le monopole de la fabrication des cordes. Et quand la maladie disparaît, les cordiers restent dans les anciennes léproseries, ce qui rebute le reste de la population, persuadée qu’un cordier est forcément un descendant de lépreux. On vit alors entre cordiers, et une fille de cordier ne pourra se marier qu’avec un cordier. Le mépris est tel que les naissances d’enfants de cordiers sont parfois inscrites dans les registres paroissiaux à côté des naissances illégitimes. »
Jusqu’au 30 septembre 2020, ouvert de 10 h 15 à 19 h 30. Tarifs : 11,50 € adulte ; 6 € – 12 ans. Renseignements au 02 97 39 51 74.