“Venise c’est un songe posé sur le bord de la mer.”

Maxence Fermine – Le violon noir

Venise est une ville au fort pouvoir sur les esprits. Par son seul nom, celle qu’on appelle la Sérénissime évoque des farandoles de masques colorés et des gondoles se croisant nonchalamment sous les ponts, au pied des palais Renaissance pleins de secrets. Avec Venise, on pense amoureux et Dolce Vita, ponts et quais de pierre et de bois et petites ruelles mystérieuses… Vous trouverez ici, je l’espère, un peu de la magie de cette belle escapade d’hiver au détour des canaux de la Sérénissime…

L’incomparable Cité des Doges…

Une ambiance particulière règne dans cet univers de lagunes, si plein d’histoire et de mystères. La Venise romantique se mêle à la Venise festive avec son célèbre Carnaval. Venise est belle en toutes saisons, même en hiver hors des dates du Carnaval où elle est un peu moins bondée et plus tranquille. Elle offre de nombreuses possibilités de visites et vous emportera dans son atmosphère sans nulle autre pareille.

L’eau des canaux est d’un bleu incroyable qui contraste avec les murs aux tons colorés. Ça et là, de petits pontons, avec ou sans gondoles amarrées et de nombreux ponts aux arcs romantique. Il y en a d’ailleurs 435 ponts qui enjambent les canaux! Et derrière les lourdes portes de bois closes et les fenêtres ouvragées semblent se dérouler de bien étranges histoires… Rien qu’à regarder les photos, je me retrouve transportée dans cette atmosphère étrange, pleine de rêve et de mystères! Venise m’évoque masques et mascarades, mais aussi Georges Sand et Alfred de Musset autant qu’Assassin’s Creed ou Entretien avec un vampire… Lentes gondoles et poignards affûtés sous de lourdes capes!

Se laisser envoûter… (Même sous la pluie)

Nous sommes partis visiter Venise au tout début du mois de février, juste avant le Carnaval. Entre quelques jolies éclaircies, il a fait très froid et il a également beaucoup plu. Il arrive que ce produise le phénomène de l’acqua alta, où la place Saint-Marc peut se retrouver totalement inondée, mais cela n’a pas été le cas même si ce doit être impressionnant. Mais les trombes d’eau qui nous sont tombées dessus n’ont pas entamé notre bonne humeur  et notre plaisir de découvrir Venise (et de nous y perdre).

De l’aéroport, nous avons pris le vaporetto, un genre de bateau-navette, de la compagnie Alilaguna qui met 45 minutes pour rejoindre Venise. C’est l’occasion d’une petite croisière sur la lagune qui offre un premier point de vue intéressant sur la ville.

Notre logeur est venu nous retrouver à la station tout près de la place Saint Marc où se trouvait l’appartement que nous avons loué. Nous avons choisi un Airbnb situé juste derrière la place Saint-Marc pour sa localisation vraiment idéale et sa propreté. Des fenêtres, on voyait même une statue à l’intérieur du musée Correr situé en face. A cette période, l’appartement est très tranquille, mais j’imagine qu’en temps de Carnaval ou en plein été, les choses doivent être un peu différentes. Attention, les prix grimpent en flèche en période de Carnaval.

Quelques idées de visites et balades

Se perdre au détour des canaux et ruelles

Malgré la pluie et le froid, j’ai adoré me perdre dans ses rues où chaque recoin est si typique. Quitte à finir perdus dans des cul-de-sac et à devoir rebrousser chemin! J’avoue qu’un de mes plus grands plaisirs avant de partir en voyage est de me procurer un petit Cartoville et de voyager en anticipation en découvrant les noms des différents quartiers. Et Venise n’y fait pas exception avec ses quartiers de San Marco, Castello, San Polo (Rialto), Cannaregio, Santa Croce et Dorsoduro, qui ont tous leur identité propre.

N’hésitez pas à vous y perdre vous aussi et à rechercher les plus belles vues et les endroits les plus insolites de la ville. Essayez par exemple de retrouver le pont du Diable (il y en a en fait deux) ou encore le Ponte delle Tette (pont des seins) qui porte ce nom en références aux prostituées qui avaient l’habitude de montrer leur poitrine aux fenêtres pour attirer les clients potentiels!

Les traditionnelles gondoles vénitiennes

Pour les amateurs, il y a évidemment la balade en gondole, symbole par excellence de Venise (mais nous ne nous sommes pas laissés tenter). J’ai l’impression que cette activité est en revanche très prisé par les asiatiques, le tour de gondole est vraiment un élément essentiel de la visite touristique traditionnelle de Venise, au même titre que l’achat de masques de carnaval ou de verre de Murano. (nous ne sommes pas de « bons » touristes je crois bien!)

Les gondoles sont toutes de couleur noire et sont de forme fine et allongée depuis 1562. Pour la petite histoire, la figure de proue des gondoles représente six barres horizontales parallèles qui symbolisent les six sestieri (« quartiers ») de Venise. La barre rappelle l’île de la Giudecca et la courbure symbolise celle du Grand Canal. Autrefois, les gondoles étaient des embarcations de transport privés et les gondoliers formaient une caste à part dont le métier se transmettait de père en fils! Aujourd’hui leur usage n’est plus que touristique, mais elles sont le véritable symbole romantique de la cité! (et bien plus écolo que les bateaux à moteurs).

Comptez 80 euros les 30 minutes de balade en journée et 100 euros passé 19h. Vous pouvez même choisir une option Sérénade et entendre le gondolier vous chanter ses plus belles chansons!

La place Saint Marc (Piazza San Marco)

La millénaire place Saint-Marc est le symbole de la grandeur de Venise, avec touts les monuments emblématiques qu’elle comporte : la basilique Saint Marc, le campanile, le Palais des Doges… Et aussi ses nombreux pigeons… (je vous avoue que je suis moins fan). Elle comporte aussi des cafés historiques très réputés (aux prix assez exorbitants, il faut bien le reconnaître, mais on dit que quand on aime on ne compte pas!) : le Caffé Florian et le Quadri.

La Basilique Saint Marc

Majestueuse et imposante sur la place du même nom, la basilique Saint Marc compte cinq dômes de style byzantin et a été construite dès 828 pour abriter les reliques de Saint Marc. Très richement décorée, cette basilique comporte de nombreuses sculptures et mosaïques, notamment des mosaïques sur fond d’or et abrite le sarcophage du saint.

A l’étage se trouve la célèbre galerie qui comporte la copie des statues des chevaux de Saint-Marc, prises à Constantinople en 1204 comme de nombreux éléments composant le bâtiment. Les statues originales sont à l’abri dans le musée à l’intérieur de la basilique. L’entrée de la basilique est gratuite mais la file d’attente interminable… Il y avait beaucoup de touristes, nous nous sommes contentés de l’extérieur (pour cette fois…). Certaines parties sont toutefois payantes comme le Musée, le Trésor et la Pale d’Or, un retable en pierres précieuses.

Le campanile

Mesurant plus de 98 m de haut, le campanile surplombe toute la place Saint-Marc. Il s’agit d’une tour qui abrite des cloches, comme un clocher mais séparé de l’église. Elle a aussi servi de tour de garde au cours des siècles, puisqu’elle trône sur cette place depuis le 9ème siècle. Modifié au cours des siècle, il prend sa forme actuelle au 16ème siècle, mais le bâtiment actuel a été reconstruit en 1912 après s’être complètement écroulé en 1902. Comme Galilée en son temps il est possible d’y monter pour bénéficier d’une vue panoramique sur la place, mais aussi sur tout Venise et sa lagune.

Le Palais des Doges (Palazzo Ducale)

Parmi les visites incontournables : le Palais des Doges. Arrivés tôt, nous avons pu échapper à la foule et aussi à la file d’attente. Le Palais des Doges a été pendant des siècles le siège du pouvoir politique à Venise et la résidence officielle des doges de la République de Venise. Les parties les plus anciennes du bâtiment actuel datent de 1340, mais il remplace un édifice plus ancien et il a été énormément remanié au 16ème siècle. La prison a même longtemps été situé sous les toits avant qu’un nouveau bâtiment ne soit construit, séparé du Palais par le tristement célèbre Pont des soupirs.

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 « Je me tenais à Venise sur le pont des Soupirs

Un palais d’un côté, une prison de l’autre

Je vis sortant de la vague sa structure s’élever

Semblant venir d’un coup de baguette de l’enchanteur ».

Lord Byron, « Le pèlerinage de Childe Harold », 1812

Après la découverte des pièces d’apparat, toutes plus luxueuses et décorées les unes que les autres, et ses toiles de maîtres (comme le Tintoret, Véronèse…), la visite change tout à fait d’ambiance avec la traversée du Pont des soupirs et l’exploration de l’ancienne prison. Les cellules d’interrogatoires se trouvaient au Palais, où étaient aussi rendus les jugements. De là, les condamnés étaient ensuite directement emmenés vers leur geôle froide et humide. Rien de très romantique dans ce Ponte dei Sospiri mais plutôt les tristes soupirs des condamnés qui voyaient Venise pour la dernière fois. Ces minuscules cellules et couloirs humides font en tout cas une forte impression… En ce mois de février pluvieux, le froid nous a vraiment percé jusqu’aux os et laisse bien imaginer la dureté des conditions de détention d’alors!

Entrée : 25 euros le billet plein tarif valable pour le Palais des Doges et pour l’itinéraire intégré du Musée Correr, du Musée archéologique national, des salles monumentales de la Bibliothèque nationale Marciana. Voir le site officiel du musée

Le musée Correr

Nous avons également visité le Musée Correr, situé sur la place Saint Marc, qui retrace l’histoire de Venise depuis sa fondation jusqu’à son union avec l’Italie au 19e siècle d’un point de vue historique et artistique. Le billet permet aussi d’accéder au musée archéologique et à l’ancienne bibliothèque de l’Etat vénitien, la Librairia Sansoviniana qui date de 1537, appelée aujourd’hui la  Biblioteca nazionale Marciana. On peut également voir durant la visite les appartements occupés par Elisabeth d’Autriche alias « Sissi » lors de ses visites à Venise.

Le Palazzo Mocenigo et son musée

Venise regorge de superbes églises et palais, mais malheureusement, impossible de se dédoubler pour les visiter tous l’espace d’un petit weekend prolongé! Notre choix s’est donc porté sur le Palazzo Mocenigo, un palais du 18ème siècle ayant appartenu à l’une des plus anciennes et illustres familles de la ville, les Mocenigo, dont plusieurs membres ont été Doges. Il abrite aujourd’hui un musée du textile et des costumes dans le quartier de Santa Croce. Il comporte une partie tout spécialement consacrée au parfum avec la reconstitution d’un laboratoire. Le musée est assez petit mais il retransmet bien l’ambiance de Venise à l’époque moderne et permet d’entrer dans l’atmosphère feutrée et surannée d’un palais vénitien. Il y a finalement peu de costumes mais j’ai bien aimé le laboratoire des parfums!

Entrée plein tarif : 8 euros. Voir le site officiel du musée

Quelles spécialités culinaires découvrir à Venise ?

Venise dispose d’une gastronomie qui lui est propre en Italie. Elle base sa cuisine sur des produits de la mer et de la terre : ne vous attendez donc pas à y déguster les meilleures pizzas d’Italie! Par contre, on y trouve des spécialités de poisson (normal pour une cité lacustre!) et les étonnantes pâtes à l’encre de sèche… Ainsi que de nombreux autres plats à découvrir. Pour cela, il ne faut pas à vous éloigner de la place Saint-Marc et des quartiers touristiques où les plats risquent de faire mal à la fois à votre porte-monnaie et votre estomac…

Les spécialités de la mer

Ne manquez évidemment pas d’aller déguster les fritto misto, ces assortiment de poissons, viandes ou légumes enrobés de pâte à frire et servis bien croustillants. A Venise, il s’agit le plus souvent de friture de calamars, crevettes et sardines. Il est possible d’en trouver dans de nombreux restaurants mais nous avons cherché une adresse un peu à l’écart de la foule, dans le quartier de Cannaregio et nous sommes tombés sur l’Osteria Alla Frasca. Le restaurant est sur une petite place tranquille, avec une terrasse et propose une carte assez courte de spécialités de fruits de mer. Le service est un peu lent mais la qualité des plats le vaut bien.

Les pasta, evidemment!

Nous avons testé également les Pasta al nero di Seppi, les pâtes à l’encre de seiche, un plat typique de la Vénétie. Et elles sont délicieuses, passé l’a priori de cette couleur un peu inhabituelle pour des pâtes. J’ai aussi goûté d’excellents gnocchis à la vénitienne (jambon-crème) faits maison, dans un petit restaurant qui ne payait pas de mine près du Grand Canal. La serveuse était une petite mamie adorable qui ne parlait pas très bien anglais mais qui a vraiment fait l’effort de nous conseiller sur les plats (pour moins cher en plus). Parmi les plats de pâtes les plus typiques, les bigoli in salsa, un genre de spaghettis plus gros et plus courts, servis avec une sauce oignons-anchois ou encore les spaghettis aux palourdes. De quoi prendre des forces pour se balader des heures durant dans les petites ruelles de la cité!

Notre hôte Airbnb nous également conseillé le restaurant Acqua Pazza, situé sur une très jolie place de San Marco pour leurs plats de poisson (50€ le plat environ), la Casa bonita dans Cannaregio qui propose une cuisine traditionnelle dans des tarifs abordables ou le Paradiso Perduto, spécialement pour ses Cicchetti.

Apéro et antipasti

Pour les apéros, place aux antipasti, la version italienne des tapas, parmi lesquels les cicchetti. Ces petites portions à partager se présentent souvent sous différentes formes : boulettes, petites tartines, fritures… Comme pour le reste de la cuisine vénitienne, le poisson et les fruits de mer y tiennent une bonne place. Il peut être sympathique de faire la tournée des petits bars dans le quartier de Cannaregio et qui proposent justement de nombreux Cicchetti.

La « Spritz Hour » à Venise : d’après notre hôte Airbnb, la « Spritz Hour » commence à 7 PM! Ses meilleurs spots pour en profiter sont :

• le quartier du Rialto et la place du marché toute proche. La place se vide de ses étals en soirée pour révéler de nombreux bars, parfaits pour siroter un Spritz tranquillement
• la taverne Al Remer, pour un apéro avec une vue exceptionnelle sur le Rialto depuis son ponton privé
• le Campo Santa Margherita, une place très animée le soir
• le quai de Zattere, pour observer les couchers de soleil et profiter du charme romantique du lieu dans les petits bars du coin.

D’ailleurs, si vous aimez l’amertume de l’orange, le Spritz est un cocktail très facile à préparer. Facile de ramener un peu de Venise chez soi avec cette recette! On trouve aussi de nombreux petits vins italiens rouges et blancs sans prétention, ainsi que deux digestifs typiques : la liqueur de cerises sauvages Maraschino et la Grappa, une eau-de-vie à 70 degrés…

Un peu de sucre?

Pour le côté sucré, les glaces (gelato) sont aussi particulièrement réputées et il paraît que les glaces bio de chez Alaska méritent le détour (avec des goûts classiques, mais aussi basilic, curcuma…). Je dois bien avouer qu’en ce mois humide et glacé de février, nous n’avons pas été trop tentés… Il y a également de bons tiramisus et la crème frite à la vénitienne pour les plus gourmands.

Ce que j’aurais aimé voir aussi…

Un weekend est très court pour visiter Venise dans ses recoins, surtout si comme moi vous aimer déambuler et vous perdre dans les rues sans regarder l’heure! Avec un temps mitigé (froid et averses) et un temps limité, il nous a fallu faire des choix et laisser de côté certains lieux de la ville pourtant très intéressants à visiter (et quelque part tant mieux si l’on a jamais tout vu, cela laisser de jolies perspectives de voyages!)

Visiter les autres îles de la lagune

Venise est la ville principale mais elle n’est pas la seule dans la lagune qui compte également la charmante île de Burano, à 7 km au nord de Venise, avec ses maisons colorées et sa dentelle, ou Murano, plus proche, réputée pour le travail de ses artisans verriers.

Plusieurs lignes de vaporetto relient Venise et son  »archipel » et permettent d’en visiter plusieurs en une journée car les îles sont petites et passer une ou deux heures sur place peut être suffisant.

Il est aussi possible de visiter Torcello, autrefois très peuplée et aujourd’hui quasiment déserte. On y trouve même une cathédrale qui témoigne de ce passé prestigieux, son Pont du Diable sans parapets ou encore l’étonnant trône d’Attila, un siège de marbre situé près de la cathédrale. L’île-cimetière de San Michele peut aussi être l’occasion d’un stop plus insolite.

D’autres îles, moins touristiques sont également accessibles en transports en commun comme Mazzorbo qui a autrefois comporté de nombreux monastères et qui est connue aujourd’hui pour son vignoble et ses vergers.

Découvrir plus encore cette ville pleine de poésie et de mystère

Visiter la Basilique Saint-Marc et monter dans le campanile (trop de monde et trop peu de temps), manger une glace et déguster plus encore cette cuisine pleine de goût, avec ses pâtes à l’encre de seiches, ses gnocchis maison et ses fritto misto. Et visiter encore plus de jolies ruelles, de palais, d’églises et de musées. Venise n’est finalement pas très grande, mais elle regorge de tellement de coins et de recoins, qu’elle donne une impression de mystère et de constante découverte. Et en période de Carnaval, l’ambiance doit être folle!

On sait que malheureusement le tourisme de masse cause beaucoup de torts à la ville et que celle-ci est menacée par l’enfoncement dans la lagune. Mais j’espère que la ville pourra trouver des solutions pour à l’avenir protéger à la fois son patrimoine naturel et culturel et conserver cette cité magnifique et sans pareille pour les générations futures.

Et vous quels souvenirs ou émotions vous inspire Venise ? Aimeriez-vous y aller ou en avez-vous déjà parcouru les ruelles et canaux?

J’espère vous avoir apporté du soleil et des conseils pour un prochain voyage et je vous dis à très vite pour une nouvelle destination!

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