Le cercle dans l’art

Que ce soit dans l’art égyptien avec ses pyramides, dans l’Antiquité grecque et romaine déjà familières du nombre d’or, ou à la Renaissance, la géométrie a toujours constitué l’un des fondements des inventions des artistes. Au 20e siècle, elle est au cœur de l’art abstrait et a permis aux artistes de donner naissance à un vocabulaire artistique inédit. Dans l’art contemporain on la retrouve sublimée par les oeuvres des artistes.

Le cercle a une place privilégiée avec le triangle et le carré.

Très difficile à réaliser à la main, le cercle défie tous les artistes. Une légende écrite par Vasari évoque le cas de Giotto.

Giotto fut, dès son vivant, admiré pour la perfection de son trait et la sureté de sa main. S’il savait dessiner à la perfection la nature et les animaux, une anecdote célèbre raconte également qu’il aurait étonné Benoît IX, le pape de l’époque, en traçant à main levée un cercle parfait sur une feuille de papier. Un dicton subsiste même en Italie : « Perfetto come la ‘O’ di Giotto.» (2)

Le Zodiaque de Denderah, dans l’Egypte antique, Musée du Louvre. Il était fixé à l’origine au plafond d’une chapelle ou salle dédiée à Osiris élevée sur le toit du temple d’Hathor à Dendérah dont certains futurs égyptologues, déjà lors de la Campagne d’Égypte, ont écrit qu’il s’agit là d’un observatoire consacré à l’astronomie dans l’Égypte antique plutôt qu’un temple traditionnel. Cet édifice fut construit sous Pépi Ier et restauré plusieurs fois par la suite jusqu’aux derniers Ptolémées. Le cercle est associé à l’idée du ciel.

Dans l’Antiquité grecque, le cercle organise des compositions savantes.

Éos soulevant le corps de son fils Memnon, médaillon d’une coupe attique à figures rouges de Calliadès (potier) et Douris, v. 490-480 av. J.-C., musée du LouvreSigné par Douris (peintre) et Calliadès (potier) — User:Bibi Saint-Pol, own work, 2007-05-09

Les mandala sont en premier lieu des aires rituelles utilisées pour évoquer des divinités hindoues. Le mot « mandala » est en réalité un mot Sanskrit à l’origine, il signifie « cercle » ou « objet en forme de disque ». Le bouddhisme héritier de ces pratiques utilise également les mandalas pour ses rites et ses pratiques de méditation. La construction du mandala est en elle-même une pratique spirituelle. Dans la salle, d’autres moines méditent et prient afin de renforcer la bodhicitta et ainsi bénir le mandala, qui sera offert aux Bouddhas et à l’univers. Le mandala est ensuite « détruit » et le sable est rassemblé devant tout le monde pour une offrande spirituelle à une divinité. Les mandalas sont aussi là pour montrer que tout est éphémère. Wikipédia

Du point de vue purement symbolique, il représente une certaine forme de perfection, de par sa symétrie et son absence d’aspérité, car, selon Ronsard, « rien n’est excellent au monde s’il n’est rond ».

Les vitraux gothiques sont souvent composés en forme de cercle.

En architecture et en décoration, une rosace ou rose est une ouverture (baie) en forme de rose dans un mur, dans une cloison, dans un garde-corps, dans une séparation bâtie qui délimite un espace. Ces ouvertures sont destinées à fournir le jour mais pas la vue. La rosace est préalablement aussi l’élément de décor sculpté, sans aucune ouverture. Ces éléments présentent une forme circulaire symétrique centrée avec des portions de courbes. En histoire de l’art, c’est un grand vitrail, soit ensemble de vitraux de forme circulaire décorant une église. La rosace doit être plus proprement appelée « rose » lorsqu’elle désigne une ouverture ou une fenêtre.

Rose sud de Notre Dame de Paris

Sculptés sur la Pierre du Soleil dans une configuration circulaire, les 20 glyphes temporels (colorisation didactique). La lecture se fait de midi et dans le sens contraire aux aiguilles d’une montre. La Pierre du Soleil, également appelée  » calendrier aztèque  » est non seulement un calendrier mais aussi une pierre commémorative d’une date sacrée car comme les stèles mayas, certaines pierres aztèques rappelaient une fête rituelle célébrée tous les 52 ans. On retrouve en effet gravée sur cette Pierre du Soleil la date du 13 Acatl qui marqua la fête du Feu nouveau en l’année 1479.

« Le cercle est le symbole le plus répandu, et d’une signification universelle. Il est l’une des premières formes tracées par les humains. Il n’a ni commencement ni fin, ce qui en fait un symbole universel d’éternité, de perfection, de divinité, d’infini, … Il représente les cycles du monde naturel. » (1)

Très tôt, les coupoles dominent l’architecture. La coupole du Panthéon de Rome, érigée au iie siècle.

La coupole reprend de la vigueur dans l’architecture occidentale à la Renaissance : Filippo Brunelleschi y recourt à la cathédrale Santa Maria del Fiore (1418-1438) et dans la chapelle des Pazzi à la basilique Santa Croce de Florence (1430-1444).

Le cercle apparaît dans les compositions picturales à la Renaissance.

Le format en cercle dans l’histoire de la peinture, contrairement au carré, a connu un statut privilégié avec le Tondo utilisé par les peintres. Un terme le qualifie. Le tondo (tondi au pluriel) est un profil, généralement sculpté en faible relief, mais qui peut aussi être peint, réalisé sur un support de format rond ou à l’intérieur d’un disque, et non en rectangle comme il est plus courant. Le terme provient de l’italien, c’est une aphérèse du mot rotondo (rond).

Madone du Magnificat de Botticelli. 1481, Musée des Offices, Florence.

Magnificatio

Dans les Epoux Arnolfini, de Van Eyck, 1474, le miroir est circulaire et bombé.

Andrea Mantegna, Oculus du Plafond de la Chambre des époux, 1474, fresque, Mantoue – Palais ducal. Le trompe l’oeil permet au regard de s’échapper vers un ciel imaginaire.

L’Homme de Vitruve (ou le proporzioni del corpo umano secondo Vitruvio en italien, les proportions du corps humain selon Vitruve) est un célèbre dessin annoté, réalisé vers 1490 à la plume, encre et lavis sur papier, par Léonard de Vinci (1452-1519). Célèbre représentation des proportions idéales parfaites du corps humain parfaitement inscrit dans un cercle (centre : le nombril) et un carré (centre : les organes génitaux) (symbolique du cercle et du carré), l’Homme de Vitruve est un symbole allégorique emblématique de l’Humanisme, de la Renaissance, du rationalisme, de « L’Homme au centre de tout / Homme au centre de l’Univers », de la mesure et de la représentation du monde. wikipedia

Autoportrait dans un miroir convexe, de Parmesan, 1520,Musée de l‘Histoire de l’art de Vienne, représente l’artiste dans une composition circulaire où la déformation du miroir confère à la main une autre dimension.

 

Tondo de Jacopo Pontormo représentant la naissance de Jean Baptiste.

Le cercle prend une dimension symbolique lorsque l’art tend vers son abstraction.

Après avoir présenté sa série L’Équipe de Cardiff au Salon des indépendants dans le début de l’année 1913, il se retire à Louveciennes et entame une importante série intitulée Formes circulaires. Par ce travail, Robert Delaunay souhaite rendre la puissance de la lumière solaire, thème qu’il avait déjà esquissé dans sa peinture de 1906 Paysage au disque, et l’irradiation lunaire. À propos de l’une des œuvres de cette série, il déclare plus tard qu’elle est la « première peinture circulaire, premier tableau non figuratif »

Robert Delaunay, 1913, premier disque, 134 cm, 52,7 cm, collection privée.

Kandidnsky réalise sa peinture, Cercles dans un cercle, 1923, Musée ed Philadelphie. Le cercle devient un sujet de peinture. La « nécessité intérieure » est pour Kandinsky le principe de l’art et le fondement de l’harmonie des formes et des couleurs.

Georges Rousse réalise de anamorphoses comme celle de Chambord en 2011-2012

Le land art met en scène de nombreux cercles.

Philippa Jones et le photographe, designer & artiste environnementaliste  Martin Hill collaborent pour créér des installations en milieu naturel, en utilisant plusieurs matières directement issues de leur environnement, comme la glace, la pierre, les feuilles, le bois etc…

Le duo utilise fréquemment le cercle dans leurs installations, comme un écho du système cyclique de la nature.

CERCLE DE PIERRES – Sculpture ©2017 par Marc Mugnier – Pierre, Sculpture, Statue

Laurent Grasso parvient lui à l’évocation de la nature avec un matériau aussi artificiel que le néon. Son éclipse, ingénieusement retranscrite à l’aide de deux tubes circulaires, parvient à garder l’aura du phénomène naturel. 2010.

Danièle Orcier avec ses dessins à la mine de plomb donne de la matière aux cercles. Suite le juste milieu

Inclinée vers le parterre d’eau, 219.5° Arc x 28, sculpture de Bernar Venet se détache sur la façade du château de Versailles et se reflète sur le plan d’eau. L’acier corten de couleur rouille s’harmonise avec la pierre beige et le ciel orageux de l’île de France. Les courbes contrastent avec les lignes droites de la façade mais répondent aux entrelacs des parterres. 2011

« Je vois dans Versailles des espaces ouverts et immenses, des perspectives à perte de vue. C’est à la fois le lieu idéal pour installer mes sculptures et un véritable challenge de se retrouver confronté à un paysage sublime et grandiose. Mes Arcs doivent s’y intégrer sans se perdre dans l’espace, pour cela de nombreux paramètres sont à prendre en considération, c’est pourquoi j’ai tenu à réaliser de nouvelles sculptures pour cette exposition, les adaptant à la topologie et à l’échelle du lieu. »

Le cercle est monumental et traverse les âges de l’architecture de Versailles.

(1) https://www.structurenomade.com/2015/10/08/la-puissance-du-cercle/

(2) https://www.geo.fr/voyage/10-choses-que-vous-ne-saviez-pas-sur-giotto-183059

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