Ce n'est pas fini
- Publié le 13-10-2005 à 11h00
Le président du CPAS, Michel Wilgaut, lâche une dizaine de mandats. Du mobilier a disparu à l'asbl Ocal, dont il était trésorier. Abus de pouvoir à la Carolo
CHARLEROI En pleine tempête politique, Michel Wilgaut, président du CPAS et très proche de Van Cauwenberghe, a décidé de démissionner d'une dizaine de mandats. Il quitte ainsi ses postes d'administrateur à l'asbl Diapason, à l'ONE, au CEME, à la Régie des Quartiers, au Conseil du Logement, etc. «A l'heure où le PS milite contre le cumul des mandats, j'ai décidé de faire le ménage devant ma porte», déclare Michel Wilgaut pour expliquer son geste étonnant. «J'en ai une vingtaine au total, la plupart non rémunérés. A ce stade, on ne maîtrise pas toujours tout. Et il s'est peut-être passé des choses dans mon dos».
Et l'on en vient ainsi à l'asbl Ocal (Organisme de Coordination d'Action du Logement social de Charleroi), de laquelle Michel Wilgaut vient également de démissionner de son poste de trésorier. A la tête de cette association, on retrouve Serge Van Bergen, ex-administrateur de la Carolorégienne. Claude Bael, échevin à Charleroi, en est quant à lui le secrétaire. Et il semble que ces deux derniers n'aient pas soumis certaines factures à la signature de Michel Wilgaut. Selon certaines sources, du mobilier et du matériel de bureau auraient ainsi été rachetés par l'Ocal à La Petite Propriété foncière lors de sa liquidation. Et apparemment, une partie de ces marchandises a disparu de la circulation.
Problèmes de comptabilité ? On sait en tout cas que les comptes étaient gérés depuis 2003 par... la Coreva, société de Luc Frère, l'ex-directeur gérant de la Carolorégienne. Le tout pour 320 euros par mois. «Auparavant, c'était un membre du personnel qui s'occupait de la comptabilité. Et en 2003, la Coreva est subitement apparue, sans que je sache pourquoi», poursuit Michel Wilgaut. La Coreva, on la retrouve décidément partout où passent Claude Despiegeleer et Serge Van Bergen. Elle s'occupe en effet de la comptabilité de la Carolorégienne et du Parc des Sports, notamment des Dauphines et des Spirous de Pont-de-Loup. On comprend dès lors que les enquêteurs s'intéressent de plus en plus à ce juge consulaire chez qui des perquisitions ont été menées lundi soir. L'Ocal, elle, devrait être prochainement dissoute. Il semblerait qu'elle ait rempli sa mission et qu'elle n'ait plus d'utilité. Sans ces nouvelles révélations, on n'aurait sans doute jamais connu le fonctionnement mystérieux de cette asbl.
© La Dernière Heure 2005
Abus de pouvoir de la Carolo
La Carolo interdit à ses locataires d'ester en justice en les obligeant à payer l'équivalent de deux mois de loyers
CHARLEROI L'affaire de la Carolorégienne n'aura donc jamais fini de dévoiler les pratiques honteuses qu'elle utilise à l'encontre de ses locataires. C'est d'ailleurs grâce à l'un d'eux que nous avons pu découvrir l'existence d'un document que cette société de logements sociaux présente à chaque locataire lors de la signature du bail.
Il s'agit d'une cession de créance. En d'autres mots, en signant ce document, le locataire permet à la société d'intervenir sur son salaire pour s'acquitter du loyer. Le premier paragraphe ne pose en lui-même aucun problème puisqu'il s'accompagne de l'article 24 de la loi du 12 avril 1965.
L'inadmissible se concentre sur le deuxième paragraphe qui dit ceci: « toute action judiciaire à quel titre que ce soit entraînera l'application d'une clause pénale évaluée à deux mois de loyer...». En clair, le locataire sera contraint de payer une clause pénale équivalente à deux mois de loyer si une action en justice est intentée. Impensable!
Plusieurs juristes ont confirmé non seulement l'illégalité de cette clause pénale, mais aussi son caractère abusif. « Cette clause pénale est contraire à la loi, explique un avocat carolo. Il s'agit clairement d'une atteinte à la liberté de se défendre. Cette clause empêche les locataires de recourir à la justice. Même un propriétaire privé n'oserait pas faire cela».
Voilà donc comment la Carolo exerce une pression sur les personnes qui sont souvent, les plus défavorisées et fragilisées de la société. « Il s'agit là d'un abus de position dominante, constate encore le juriste. Bien entendu aucun tribunal ne validerait cette clause pénale, mais cela pose une chape de béton sur toute personne qui souhaiterait contester».
Patrick Evrard, commissaire spécial envoyé par le ministre wallon du Logement pour gérer la Carolo confirme que ce formulaire est proposé à la signature de chaque locataire. « Nous n'avons pas encore pu l'analyser sur le plan juridique. À ma connaissance, cette cession de salaire n'a jamais été appliquée.»
M.I.G.
© La Dernière Heure 2005