Iridologie : selon cette pratique, l’oeil serait le reflet de notre santé

Si, selon l'expression usitée, les yeux sont le miroir de l'âme, ils le seraient également de notre corps… C'est en tout cas ce qu'affirment certains naturopathes.
Carole de Landtsheer
Iridologie : selon cette pratique, l’oeil serait le reflet de notre santé iStock

Scruter l'iris, la partie colorée de l'œil, pour évaluer l'état général d'une personne, tel est le postulat de l'iridologie, qui « interprète » des signes caractéristiques : taches, anneaux, creux, bosses, pigmentations, déformations, etc. Par exemple, « des traits rectilignes foncés, ou radii solaris, partant de la pupille vers la partie supérieure de l'iris, entre 11 heures et 13 heures si l'on suit le cadran solaire, où est localisé le cerveau, sont le témoin d'une grande tension nerveuse », explique Patrice Ponzo, auteur du livre l'Œil, miroir du corps (Dangles) et directeur de l'Institut français des sciences de l'homme (IFSH), un centre de formation spécialisé dans les métiers de la naturopathie.

Une cartographie de nos organes

Cette pratique, non conventionnelle et non reconnue, est un outil très utilisé par les naturopathes aujourd'hui et, dans une moindre mesure, par des homéopathes, des acupuncteurs et des ostéopathes. Elle serait née il y a environ trois mille ans, mais il faudra attendre 1881 pour que ses principes fondamentaux soient consignés dans un premier ouvrage écrit par Ignaz Von Peczely, médecin homéopathe hongrois et père de l'iridologie moderne. Il livre la première cartographie irienne, représentant l'homme debout : la tête et le cerveau sont localisés au nord de l'iris et les jambes, au sud. A l'image de la réflexologie plantaire, « l'iridologie projette sur l'iris les différents organes du corps (estomac, foie, cerveau, poumons, etc.), auxquels s'ajoutent les grandes fonctions de l'organisme (système nerveux sympathique, système lymphatique, circulation veineuse…) », poursuit notre interlocuteur. De plus, l'iris droit représente la moitié droite du corps et l'iris gauche, la moitié gauche.

Une pratique non encadrée

Devenir diplômé en iridologie ne nécessite qu'une soixantaine d'heures de formation dans le cadre des études de naturopathie ou bien sous forme de « module » à part pour les praticiens qui souhaitent se perfectionner.

Cette formation est délivrée par des organismes privés et il n'y a pas de diplôme reconnu par l'Etat. L'iridologie n'est pas une médecine – elle n'a pas vocation à soigner – mais une méthode d'investigation qui accompagne les conseils des naturopathes. Attention aux charlatans : il est vivement conseillé de se renseigner sur le profil et le type de formation du thérapeute. S'il ne vous pose guère de questions et se fie uniquement à la photo de votre œil, vous pouvez avoir un doute sur son sérieux. Comme dans de nombreux domaines, le bouche-à-oreille reste le meilleur des conseillers. Sans contre-indication, l'iridologie peut être pratiquée à partir de 7 ans.

Une démarche préventive

L'observation des différentes particularités de l'iris alerte le praticien sur les faiblesses organiques de son patient, éventuellement liées à son mode de vie, ainsi que sur ses risques (diabète, pathologie cardio-vasculaire…). D'ailleurs, la seule couleur de nos yeux, regardée ici comme une « constitution » héréditaire, nous prédisposerait à certaines maladies. Cette méthode est avant tout exploitée à des fins préventives « afin de dresser un panorama des fragilités avant que la maladie ne se déclare », souligne Patrice Ponzo. Précision importante : « L'iridologue ne pose pas de diagnostic, au sens médical du terme, mais propose un bilan de santé. S'il détecte un organe en souffrance, il doit renvoyer son patient chez un spécialiste. » Plus largement, l'étude des iris donnerait également des informations sur notre vitalité et notre état émotionnel.

Un outil parmi d'autres

Cette technique ne peut être exercée à l'œil nu et requiert l'utilisation d'un appareil photo numérisé pourvu d'une bague d'iridologie (iridographe), connecté à un ordinateur pour charger les images, ou d'une sorte de microscope (iridoscope binoculaire). L'examen ne dure qu'une dizaine de minutes. Ce moyen de dépistage permet de « mieux orienter l'anamnèse, questionnaire sur les antécédents et possibles symptômes du malade, lors de la séance », résume Patrice Ponzo. Car l'issue de la consultation n'est autre que des conseils d'hygiène de vie (alimentation, activité physique, relaxation…) pour préserver notre santé. Comme le décrit Caroline, 52 ans : « D'après la photo de mon iris, mon naturopathe Julien Allaire* s'est aperçu d'une mauvaise dégradation du glucose par les neurones, essentiel à leur fonctionnement. Je me plaignais, par ailleurs, de coups de barre fréquents dans la journée. Il m'a dit que cela pouvait provenir de ce problème et m'a donc recommandé de consommer des aliments riches en vitamines B pour favoriser la bonne assimilation du glucose. » S'il est habituel de se rendre chez son naturopathe à intervalles réguliers, l'examen d'iridologie ne sera réitéré que six mois plus tard pour observer d'éventuels changements, voire la disparition de certains signes caractéristiques.

*iridologue à Paris et à Marseille, auteur du livre La santé par l’œil, aux éditions Mango.

le 02/07/2023