Sur les hauteurs, on veut rester au vert
On entend uniquement le chant des oiseaux. Et, au loin, le ronronnement d'une tondeuse. En déambulant sur un sentier bucolique, on tombe tour à tour nez à nez avec des moutons et leurs agneaux, des poiriers chargés de fleurs blanches et même trois chevaux qui pâturent. "
- Publié le 12-04-2007 à 00h00
On entend uniquement le chant des oiseaux. Et, au loin, le ronronnement d'une tondeuse. En déambulant sur un sentier bucolique, on tombe tour à tour nez à nez avec des moutons et leurs agneaux, des poiriers chargés de fleurs blanches et même trois chevaux qui pâturent. "A les voir ici, on ne dirait pas qu'on est dans la ville de Liège, hein !", s'exclame Marc Vanhamel, président de l'Association des habitants du quartier des Tawes. Effectivement. Nous sommes ici à deux minutes de l'autoroute et à cinq minutes du centre-ville : dans le quartier du Thier-à-Liège.
Dans ce quartier sur les hauteurs de la Cité ardente, les habitations unifamiliales règnent. Beaucoup bénéficient d'un large jardin. Conscients de la chance qu'ils ont d'habiter dans un tel espace vert, les riverains passent de longues heures à planter, sarcler, arroser... Et à voir deux tourterelles roucouler sur le toit d'une maison, on devine la relation particulière qui existe entre les habitants et la nature. "C'est clair que ceux qui n'aiment pas la nature ne cherchent pas à venir ici. Certaines maisons ne sont accessibles que par un sentier. Il faut une brouette et de nombreux amis pour y amener ses meubles !", indique Marc Vanhamel.
Sentiers restaurés
S'ils prennent soin de leurs lopins de terre, les riverains sont aussi les jardiniers des espaces publics avoisinants. Ils ont ainsi restauré l'ensemble des chemins Matraifosse et Beùr du Raskignoû, empruntés autrefois par les miniers pour se rendre au terril du Haut des Tawes. Maintenant, c'est devenu le circuit préféré des enfants à vélo et l'itinéraire habituel de la balade en fin de journée.
Tout du long de ces sentiers, les habitants ont planté des aubépines, des érables champêtres, des cornouillers... Soit, au total, près de 2000 pieds de haies en cinq ans. Objectifs ? Préserver la biodiversité mais aussi lutter contre l'érosion des sols et le ruissellement. Chaque année, une dizaine de bénévoles du quartier s'évertuent aussi à faucher les phragmites de la plus grande zone humide en région liégeoise : la roselière des Tawes. Les tiges de roseaux consolidées peuvent ainsi abriter des nids d'oiseaux et des crapauds accoucheurs. En raison de ces spécificités, un projet de verger pédagogique près de ce marais a vu le jour. Mais l'Association des habitants et les deux écoles riveraines attendent que la Ville soit propriétaire de cette zone verte avant de débuter toute plantation.
"Tout le monde se connaît"Après chaque opération "fauchage" ou "tornade blanche", les habitants se retrouvent autour d'une soupe ou d'un verre. "Après la plantation des haies, on a été chercher des frites et des bières pour tout le monde, explique l'ancien conseiller communal Ecolo Marc Vanhamel. Une famille marocaine est quant à elle venue avec des biscuits au miel et du thé à la menthe... C'était délicieux ! Cette mixité du quartier permet un véritable enrichissement".
Si, dans la cité du Thier-à-Liège, les populations de diverses origines se mêlent moins, la maison du quartier sert de véritable trait d'union. A l'école des devoirs comme au cours d'alphabétisation et de français, Indiens, Polonais et Marocains sont assis dans la même classe. "Pour soutenir l'intégration, nous organisons aussi des cours de permis de conduire, d'informatique et de gymnastique pour les femmes étrangères", détaille sa directrice Véronique Fouarge. Et, malgré un renouvellement progressif de la population, "pratiquement tout le monde se connaît ici, selon Joseph Lacrosse, président du Comité de quartier Thier-à-Liège. De nombreuses personnes âgées résident ici depuis leur enfance. Moi, quand je suis arrivé, il n'y avait pas encore de routes. Juste de grands terrains maraîchers et des terrains vagues. C'est la Maison de Liège qui a créé les premières habitations".
Premières habitations auxquelles sont venues s'en ajouter d'autres, des commerces de proximité, une mairie... Bref, un véritable petit village populaire où verdure et quiétude ne manquent pas. D'ailleurs, comment se fait-il que les promoteurs immobiliers ne se soient pas encore rués sur ce quartier ? "Tout simplement parce que ce coin de paradis n'est pas très connu", observe Marc Vanhamel.
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