(New York) Les parents désemparés d’Omer Neutra, jeune soldat américano-israélien otage du Hamas s’en remettent au président Joe Biden pour retrouver leur fils vivant. Dans l’angoisse, mangeant et dormant à peine, ces New-Yorkais disent survivre dans un « univers parallèle ».

« C’est inimaginable, n’est-ce pas ? », interroge Orna Neutra, une mère visiblement épuisée qui a accepté, avec son mari Ronen, de témoigner auprès de l’AFP de leur calvaire depuis que leur fils Omer a été enlevé par le Hamas le 7 octobre à la frontière entre Israël et la bande de Gaza.  

« Et bien c’est devenu une réalité. C’est comme si trois mois s’étaient déjà écoulés et, en même temps, c’est comme si c’était hier. C’est fou », murmure-t-elle d’une voix à peine audible.

PHOTO LEAH MILLIS, REUTERS

Le président américain, Joe Biden

Réputé très empathique, Joe Biden a échangé par visioconférence le 13 octobre avec les familles et les proches des Américains qui étaient à l’époque aux mains du mouvement islamiste palestinien, relatent les Neutra, un couple israélo-américain de Long Island, à l’est de la mégapole new-yorkaise.

Le président des États-Unis « a passé plus d’une heure à écouter nos histoires. Il a montré de la compassion et vraiment exprimé son engagement et celui de son gouvernement pour trouver une solution. Comme il l’a dit, c’est sa “priorité absolue” », espère Ronen Neutra, les traits tirés.

De fait, le 13 octobre, dans un discours à Philadelphie, le chef de l’État avait lancé à propos de ses concitoyens otages : « Nous ne nous arrêterons tant que nous ne les aurons pas ramenés à la maison ».

Dix otages américains

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE/ASSOCIATED PRESS

Omer Neutra

Parmi eux, Omer Neutra, né à New York il y a tout juste 22 ans, est un militaire engagé volontaire dans les forces armées israéliennes et qui patrouillait en véhicule blindé à la frontière entre lsraël et la bande de Gaza quand il a été enlevé avec d’autres soldats le 7 octobre, après l’attaque de leur char, racontent les Neutra.  

L’enlèvement de leur fils leur a été confirmé deux jours plus tard par les autorités israéliennes.  

Il reste aujourd’hui officiellement dix otages américains après la libération en octobre de deux femmes.

Leurs familles, dont les Neutra, ont été reçues le 27 octobre par la vice-présidente Kamala Harris qui leur « a fait part de son soutien total et de sa détermination à travailler avec le département d’État (Affaires étrangères, NDLR), le FBI (police fédérale, NDLR), et le gouvernement israélien pour tenter de trouver une fin heureuse pour les familles en ramenant tous les enfants et les adultes chez eux », souffle le quinquagénaire.  

Plus de 1400 personnes ont été tuées en Israël depuis le 7 octobre, essentiellement des civils massacrés par le Hamas ce jour-là, et au moins 240 personnes ont été prises en otage, selon les autorités israéliennes. Plus de 10 500 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans les bombardements israéliens lancés dans la bande de Gaza en représailles à cette attaque, selon le ministère de la Santé du Hamas.

« Survivants de l’Holocauste »

Depuis un mois, les Neutra, dont les parents étaient des juifs « survivants de l’Holocauste », disent évoluer dans un « univers parallèle ».

« On ne mange pas bien, on ne dort pas bien et on ne travaille plus », témoigne le père, la voix fatiguée et le regard dans le vide.

« On ne sait rien de leur sort : sont-ils blessés, sont-ils nourris ? », implore le couple « surpris que la Croix-Rouge n’ait aucun accès » aux otages.

Omer Neutra, qui a eu 22 ans en captivité le 15 octobre était parti en Israël pour « vivre l’expérience du pays » de ses parents, disent-ils.

Repoussant son entrée à l’université aux États-Unis, il s’était rendu en Israël pour renouer avec les racines familiales. Il s’y était engagé pour des causes sociales et humanitaires, comme l’aide aux enfants handicapés, et finalement avait décidé d’y faire son service militaire comme ses parents et la plupart des jeunes Israéliens.  

« Omer a grandi ici (à New York). Il est très américain », défend sa mère.

Mais « il est allé là-bas (en Israël) pour de bonnes raisons : il voulait protéger. Il n’est pas du genre à chercher à faire la guerre, personne ne cherche à faire la guerre. C’est simplement fou. On veut qu’il revienne », réclame Orna Neutra.