Joseph Daussogne n’habite plus à Jemeppe-sur-Sambre
On ne l’a plus vu au conseil. Que devient Joseph Daussogne? L’ex-mayeur est convalescent en maison de repos.
- Publié le 15-04-2020 à 00h00
Que devient l’ex-phénoménal bourgmestre de Jemeppe-sur-Sambre aux trois mandatures, Joseph Daussogne? La question mérite d’être posée car d’aucuns s’inquiètent de ne l’avoir plus vu et encore moins entendu à la table du conseil communal. Or, que n’a-t-il pas animé les réunions de son bon sens paysan. On sait que cet homme à poigne, qui sut asseoir si longtemps son autorité, et dépeint comme étant le chef, vit plutôt mal sa retraite forcée.
Âgé de 86 ans, l’ancien et bouillant homme fort de Jemeppe est convalescent. Il a eu de gros ennuis de santé et se remet d’une opération chirurgicale dans une maison de repos, à Auvelais. Il ne retournera pas vivre dans sa maison de Spy. Lui, si populaire et si résistant au temps, dont le naufrage de l’âge avancé semblait ne pas atteindre la vaillance et l’âpreté à rester le premier, vit strictement confiné. Lui qui avait tant à dire et qui ne comprenait pas la signification du mot «retraite» est désormais tombé du côté obscur de la force, et de la politique.
Une chaise vide
Nous avons tenté de le joindre afin de connaître ses intentions quant à la suite de son mandat de conseiller communal. En vain. A-t-il encore la santé pour l'assumer? Si non, démissionnera-t-il pour faire monter son suppléant? «Il n'en a pas encore manifesté le souhait, souligne Béatrice Valkenborg, sa colistière. Mais connaissant l'homme, son ardeur à faire de la politique, à laquelle il a consacré toute sa vie, il restera tant qu'il pourra.»
Le bruit court dans Jemeppe que, même en cas d'absence de longue durée, Joseph Daussogne ne lâcherait rien, par orgueil, quitte à ce que sa chaise reste vide. Au moins survivra-t-il dans l'esprit du conseil par la seule mention de ses nom et prénom sur le carton déposé devant chaque élu. Se faire remplacer par son suppléant, c'est tombé dans l'oubli. Béatrice Valkenborg ne confirme pas le potin, plutôt amusant, mais «que voulez-vous dit-elle, c'est une personnalité, travailleuse, efficace, attachante, qui n'a laissé personne indifférent.»
On n'en saura pas plus. Du côté de l'actuel collège, on affirme que c'est délicat de prendre de ses nouvelles, «parce qu'il n'a pas envie qu'on sache qu'il est en maison de repos. C'est dur pour lui.»
Rembobinons l’histoire d’un crépuscule politique.
Un ego mauvais conseiller
En 2018, il aborde l’élection communale comme bourgmestre sortant, mais désormais seul. Ses anciens camarades, estimant que le temps était venu de s’affranchir de sa tutelle déclinante et encombrante, le lâchent pour fonder leur propre liste (Peps) avec Philippe Carlier, son 1er échevin, à sa tête. Le message peut ainsi être décodé: ça suffit! Mais l’octogénaire mayeur compte bien s’accrocher. Il constitue une liste qui l’incarne, la liste du Mayeur, sur laquelle personne ne lui conteste d’occuper la première place.
À 84 ans, il n'est cependant plus en capacité de remporter la bataille face à la liste coalisée JEM (Jemeppe Ensemble Maintenant), de rupture, représentant quatre sensibilités d'une nouvelle génération emmenée par une avenante quadra, Stéphanie Thoron, l'actuelle bourgmestre. Joseph Daussogne n'amènera au conseil que trois élus, dont lui-même. «C'est dommage. Comme il n'a pas su partir à temps, il fait l'amer constat qu'on n'a plus besoin de lui pour faire tourner la commune, à laquelle il s'identifiait» résume un élu de la majorité. Son ego lui a joué un tour pendable.
Cet homme du passé, qui voudrait encore tant être comme il a été, reviendra-t-il faire entendre sa voix aux assemblées communales? C'est possible, voire probable, tant que ce battant en aura la santé. «Je suis un gros morceau» nous avait-il un jour lancé, au début des années 2000. Résident d'une maison de repos sambrevilloise, il n'y est pour autant pas domicilié. Selon nos informations, il devrait revenir couler des jours, qu'on lui souhaite heureux, dans la nouvelle maison de retraite Van Cutsem, à Jemeppe.
Quand Stéphanie Thoron (MR) est arrivée aux affaires en 2012 – (avant le retour fracassant du bourgmestre Daussogne à la faveur d’une motion de défiance, en février 2016) – le premier devoir de son collège avait consisté à dépoussiérer les placards et faire évoluer l’administration, restée dans le XXe siècle.
En faisant implicitement le procès de l’ère Daussogne, et d’une politique ayant fait le choix de ne pas engager trop d’argent dans le (coûteux) entretien du patrimoine. Conséquence: 79% du budget extraordinaire 2020 sont consacrés à des réparations. Joseph Daussogne avait la réputation d’être pingre malgré une caisse bien garnie, et de mettre de l’ambiance. À la présidence du conseil, ses répliques étaient parfois savoureuses voire culottées. Beaucoup moins dans la minorité.