Quand le tir se fait à la verticale
À Rixensart se trouve la dernière tour de Wallonie où l’on pratique le tir à l’arc à la perche verticale. Une discipline qui malheureusement se meurt.
- Publié le 09-08-2012 à 07h00
Rue Auguste Lannoye à Rixensart, trône une tour haute de 36 mètres. À l’intérieur, on y tire à l’arc… à la perche verticale.
Les archers du cercle des tireurs de Rixensart Sainte-Croix y visent des cibles qu'ils doivent décrocher de la perche. Ces cibles sont appelées oiseaux, cannes, poules ou coq en fonction de la hauteur où ils se situent: 22 m 50 pour les oiseaux, 27 m 50 pour le coq. «Il faut être d'une précision extraordinaire», assure Jean-Claude Verbois, le président du cercle.
Ce dernier explique que l’origine du tir à la verticale remonte sans doute aux archers du Moyen Âge qui, lors d’un siège, pour continuer à s’entraîner, visaient des cibles installées sur le donjon. La discipline s’est perpétuée ensuite jusqu’à devenir très populaire fin XIXe, début XXe.
Un patrimoine à protéger
La tour à Rixensart a été construite entre 1922 et1928 sur un terrain des papeteries. «Près de 2 000 ouvriers travaillaient six jours par semaine aux papeteries. Le dimanche, ils allaient boire un verre dans un des cinquante-deux bistrots du coin. Leurs épouses s'en sont plaintes auprès d'Auguste Lannoye, le directeur des papeteries. Il a donc été décidé de construire une tour pour le tir à l'arc, un sport très prisé à l'époque.»
Rénovée à partir de 1998, la tour abrite deux perches et est la dernière tour de ce type en Wallonie. Tous les jeudis, les archers s'y entraînent et des compétitions s'y tiennent en hiver. Il existe aussi des perches extérieures pour l'été, mais pas à Rixensart. «Nous sommes une petite dizaine au club. Le tir à l'arc à la perche verticale se meurt, se désole le président. En Flandre, on compte 6 000 adeptes, contre 500 affiliés en Wallonie. Mais les jeunes ne s'y intéressent plus. C'est dommage. Mais heureusement d'autres sports naissent et le plus important, c'est que les jeunes fassent du sport.»
En 2002, un musée du tir à l'arc a vu le jour au bas de la tour. «Il faut que ce patrimoine soit protégé», conclut Jean-Claude Verbois.
En ces temps de JO, comment ne pas évoquer le tir à l'arc? Aux JO de 1900 à 1920 et de 1972 jusqu'à maintenant, dans ses différentes épreuves (mais plus à la verticale depuis 1972), le tir à l'arc a permis à la Belgique de glaner quelques breloques: 19 au total (10 d'or, 7 d'argent et 2 de bronze). Toutes remportées aux JO de 1900 à Paris et de 1920 à Anvers. C'est d'ailleurs au tir à l'arc que la Belgique doit sa première médaille d'or aux JO. Elle a été remportée à Paris par Hubert Van Innis. «On a vu l'engouement du tennis suscité par Justine et Kim. À l'époque, c'était pareil pour le tir à l'arc», raconte Jean-Claude Verbois, le président du cercle des tireurs de Rixensart.
Et si notre pays n’a plus gagné la moindre médaille au tir à l’arc depuis 1920, il est toujours la troisième nation de cette discipline en nombre de médailles remportées aux Jeux…
Q. C.