Des intercommunales bien opaques
Conseiller Écolo à Arlon, Jean-Marie Lambert lance un pavé dans la marre : faut-il continuer à donner un blanc-seing aux intercommunales ?
- Publié le 05-06-2009 à 10h00
Quand il parlait de l'ONU, De Gaulle disait « le machin » . Et un machin, c'est quelque chose qu'on a du mal à cerner, dont on ne parvient pas à appréhender le fonctionnement ou le dessein. Au point de se sentir, à tort ou à raison, manipulé, sinon même floué ou menacé.
Ce sentiment, Jean-Marie Lambert, conseiller Écolo à Arlon, l'éprouve à l'égard des intercommunales provinciales. Il l'a dit haut et fort, vendredi, en séance du conseil communal, lequel était, comme chaque année à cette époque, appelé à approuver les ordres du jour desdites intercommunales. En l'occurrence, Interlux, Télélux et Sofilux, mais aussi Idélux, Idélux-Finances et AIVE, sans oublier Vivalia. Vous savez sans doute, parce qu'elle a été portée récemment sur les fonts baptismaux, que Vivalia est la nouvelle intercommunale unique des soins de santé - pour la petite histoire, Vivalia est née sur les cendres des Cliniques du Sud-Luxembourg (précédemment désignées par l'acronyme AIOMS, en toutes lettres « association intercommunale d'oeuvres médico-sociales », il faut du souffle pour le dire), du CHA (le Centre hospitalier de l'Ardenne) et de l'IFAC (l'Institut hospitalier Famenne Ardenne Condroz, à ne pas confondre sur internet avec l'Institut français d'art choral).
Aujourd'hui, c'est Vivalia, et ça sonne comme une marque de margarine light, mais au moins tout le monde s'accorde pour dire qu'on cause « hôpitaux ».
Télélux et Interlux, passe encore, ça sent la facture, mais les autres ? N'est-il pas arrivé que l'on parle, à l'endroit d'une intercommunale comme Idélux, qui a pourtant pignon sur rue dans la province, de « bidule » ?
« L'impression d'être menés par le bout du nez »
Vendredi, à Arlon, M. Lambert a exprimé tout haut ce que beaucoup disent tout bas : « J'ai beau m'être investi pour comprendre, et j'ai même assisté, avec d'autres mandataires communaux, à des réunions d'information, il n'y a rien à faire. Des choses m'échappent. J'ai l'impression qu'on nous mène par le bout du nez de façon abominable ! » Au point que le conseiller vert arlonais a suggéré de réagir collégialement et de ne plus voter les ordres du jour présentés en rafale - et naguère dans l'indifférence générale - les yeux fermés. De les sanctionner par un refus ou, au moins, une abstention.
« S'abstenir, ce ne serait pas très courageux », fait remarquer Raymond Biren (cdH). Pour le bourgmestre d'Arlon, ce serait s'en laver les mains sans prendre par le taureau par les cornes, sans chercher à comprendre. Pire, sans être entendus.
Si Jean-Marie Lambert s'est élevé contre l'opacité de structures dont plane confusément, jusqu'au sein de l'assemblée communale, l'ombre de la toute-puissance, André Balon, échevin cdH, écarte aussi la langue de bois : « Je partage votre avis, et je vous avoue qu'il m'est arrivé, à moi aussi, de voter contre, parce que je n'avais rien compris. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé ! D'ailleurs, plus le temps passe, plus je reste perplexe. Comme vous, M. Lambert, j'ai des poussées d'adrénaline et l'envie me prend de dire non, mais si je ne le fais pas, c'est pour le bien de la Ville. Nous sommes tellement engagés que se retirer aujourd'hui, ce serait nous ruiner ! » Vendredi, l'échevin Balon s'est abstenu, avec les deux conseillers Écolo. Mais après ? Nos communes sont-elles à ce point pieds et poings liés vis-à-vis d'intercommunales qui, sous couvert de grand-messes biannuelles, dicteraient leurs lois et leurs prix ? Après le débat qui vient de se tenir à Arlon, on peut se poser des questions.