Après 50 ans, Roger Gruselin range son sifflet (vidéo)
Arbitre le plus connu en province de Luxembourg, Roger Gruselin prend sa retraite. "Une décision difficile", dit-il.
- Publié le 02-07-2023 à 16h29
- Mis à jour le 02-07-2023 à 16h31
Plus qu’une page d’un livre, c’est tout un chapitre de la vie de Roger Gruselin qui vient de se refermer voici quelques jours. Le Bertrigeois, véritable Rémy Bricka dans le monde du volley, a décidé de ranger son sifflet au fond de l’armoire.
Arbitre dans les divisions nationales, dans les divisions francophones et dans les divisions provinciales, Roger Gruselin a terminé en sifflant Beauraing-Lesse&Lhomme, en Promotion B Dames, le 18 février. "J’avais encore six désignations avant la fin de la saison, signale Roger Gruselin. Mais ce soir-là, en rentrant à la maison, j’ai dit à mon épouse que l’arbitrage, c’était terminé. J’étais victime d’une blessure au niveau de la voûte plantaire, je souffrais le martyre à chaque fois que je devais monter ou descendre de la chaise d’arbitre. Quand je suis rentré à la maison après ce match, je ne savais plus poser le pied par terre. J’ai envoyé ma démission et elle a été acceptée. En prenant la route pour Beauraing, je ne pensais pas que ce serait mon dernier coup de sifflet. Mais il était temps d’arrêter. J’ai 74 ans, la fatigue commençait à s’installer. Il faut savoir être raisonnable."
Mais la décision d’arrêter, elle n’a pas été facile à prendre pour l’ancien enseignant. "Cela a été difficile. Très difficile, avoue Roger Gruselin. Normalement, cela fait déjà neuf ans que je ne pouvais plus arbitrer en Promotion puisque l’âge maximum, c’était de 65 ans. Mais bon, comme dans tous les sports, les candidats arbitres, ils ne se bousculent pas au portillon. Donc, chaque année, je disais aux responsables que j’étais encore prêt à continuer un an si c’était possible. Chaque année, on me remerciait de rendre ce service."
"Il fallait un pigeon, c’est tombé sur moi"
Et pourtant, l’arbitrage, Roger Gruselin est tombé dedans totalement par hasard. S’il a finalement arbitré dans toutes les salles de Belgique ou presque, être arbitre, cela ne faisait pas partie des plans du Bertrigeois. "Tout a commencé lorsque j’étais en quatrième secondaire, détaille l’intéressé. Je n’y connaissais rien en volley, mais j’avais entendu dans Bertrix qu’une réunion avait lieu afin de créer un club de volley. Moi, au départ, je pensais que le volley, cela se jouait avec deux anneaux. Je me suis rendu à la réunion et j’ai vu que cela se jouait avec un filet (rires). J’ai commencé à jouer et j’y ai pris goût. Quelques années plus tard, dans la salle des profs, nous nous sommes rendu compte que nous étions plusieurs à aimer le volley. Et nous avons créé un club, l’ASPROF. Nous avons même terminé à la deuxième place en première provinciale. La première année, le club n’était pas obligé de fournir un arbitre. Mais à partir de la seconde année, si nous voulions éviter l’amende, nous n’avions pas le choix, il fallait qu’un arbitre soit affilié dans notre club. Je n’avais pas du tout envie d’y aller. Mais dans le club, personne ne voulait devenir arbitre. J’ai été le pigeon (rires). Je me suis coltiné plusieurs séances en soirée à Bastogne. Et finalement, j’ai accroché et cela ne m’a plus jamais quitté."
"J’ai dit trois fois que j’arrêtais, mais cela n’a pas duré"
Au moment de se replonger dans l’armoire à souvenirs, Roger Gruselin retient énormément de positif de cette longue carrière avec le sifflet autour du cou. "En cinquante ans, je crois que je suis revenu trois fois à la maison en me disant que l’arbitrage, c’était terminé. C’était sans doute quand le match avait été un peu tendu et que cela n’avait pas été facile à gérer. Mais le lendemain matin, c’était de l’histoire ancienne et je n’avais déjà qu’une envie, c’était de me rendre à un autre match. Généralement, nous arbitrions entre un et deux matches par week-end. Mais les dernières années, il m’était parfois arrivé d’en arbitrer plus car il existait un manque. Petit à petit, j’ai pu faire mon trou. Je n’étais sans doute pas le meilleur, mais j’avais un bon petit niveau. Je suis passé sous le statut fédéral, j’ai dû suivre un stage durant deux ans, mais au final, j’avais mes trois étoiles sur le blason. Plus facile d’arbitrer des hommes ou des femmes ? C’est plus facile d’arbitrer les filles. Le jeu est un peu plus lent. Et les filles sont plus timides, elles osent moins râler. Ce que je n’appréciais pas sur le terrain ? Qu’un mec vienne narguer l’adversaire après avoir fait une chaussette (NDLR: un bloc gagnant). Fêter avec les équipiers, aucun souci. Mais provoquer l’adversaire, c’était la carte. Un mauvais souvenir ? Ce n’est pas un mauvais souvenir, mais c’est un souvenir marquant. Une fois, dans un match des Dauphines de Charleroi, j’avais sifflé une faute contre une joueuse de Charleroi, une Flamande, qui était internationale. C’était là chouchou du public. Quand j’ai sifflé, je me suis fait huer de tous les côtés. Le point suivant, la fille en question avait réalisé une attaque gagnante. Tout le public était en extase. Ce que j’avais fait ? J’avais applaudi (rires)."