Jean-Marc Poullain quitte le conseil communal de Momignies
Le chef de file des Intérêts Communaux quitte son poste de conseiller, après 26 années de politique communale et d’opposition.
- Publié le 08-09-2020 à 00h00
La rumeur courait depuis quelque temps. Elle est aujourd’hui confirmée. Le conseil communal de Momignies actera lundi prochain la démission de Jean-Marc Poullain, principal opposant de la majorité MR-PS et de feu le bourgmestre Albert Depret ces 25 dernières années.
Si les bruits de couloir expliquent le départ de l'élu centriste par son déménagement hors de la commune frontalière, lui s'en défend: «Je ne quitte pas Momignies. Je ne vends d'ailleurs pas ma maison. J'ai décidé d'arrêter la politique pour des raisons privées. J'ai le souhait, à 51 ans, de voir grandir mes deux filles et de m'occuper de mes activités professionnelles».
Jean-Marc Poullain assure également que sa décision n'est aucunement liée à sa récente nomination comme directeur adjoint de la nouvelle intercommunale Générations Thiérache, qui gère les maisons de repos et les crèches auparavant attachées à l'hôpital de Chimay: «Non, car les deux fonctions ne sont pas incompatibles. Il n'y a pas eu d'arrangements. Ce serait mal me connaître».
25 ans d’opposition
«Je me suis présenté au scrutin de 1994, un peu par hasard, à la demande de Paul Delahaye, qui était le vétérinaire de mon chien. J’étais alors trésorier de la jeunesse de Momignies. Il m’a dit: “ Tu as des idées. Tu viendrais bien avec nous? ”»
À la 13e place sur la liste des Intérêts communaux, Jean-Marc Poullain en obtiendra le 3e score, «le 6e de tous les résultats».
Un an plus tard, Paul Delahaye se retire de la politique et nomme le nouvel élu chef de file du groupe alors social-chrétien. Depuis lors, Jean-Marc Poullain n’a plus cessé d’être le principal opposant à la majorité en place et à son inaltérable mayeur Albert Depret.
Fort de puissants relais au PSC devenu cdH, Jean-Marc Poullain se targue de nombreuses réalisations pour sa commune: «Même si la majorité ne le reconnaîtra pas, j'ai porté beaucoup de dossiers, comme les infrastructures des clubs de tennis et de foot. J'ai fait entrer les clubs au cabinet d'André Antoine, d'où ils sont sortis une signature en main».
Mais son projet emblématique reste celui de la création d'une maison de repos et de soins sur le site de l'Heureux Abri: «Tout le monde m'a pris pour un fou». Alors conseiller du ministre Prévot, il obtient un subside de 5 millions d'euros pour installer 53 lits à Momignies, «sans parler de la démolition du chancre de l'Heureux Abri. La majorité continuera à dire que c'est la Commune qui a introduit le dossier. Mais je peux dire que j'ai emmerdé (sic) mon ami Carlo Di Antonio tous les jours pour obtenir le subside. Il ne suffit pas d'envoyer une demande, il faut l'appuyer. Ce dossier, c'est un peu mon héritage en politique».
«La force, c'est que les Intérêts Communaux, ce n'est pas juste Jean-Marc Poullain. Nous formons un groupe fort, cohérent. Cela va bien se passer, assure son ex-chef de file. Nos avis et interventions sont systématiquement préparés en équipe avant chaque conseil. Je ne doute pas que cela continuera comme ça après mon départ».
Pour l’heure, c’est le conseiller Éric Paquet qui endossera la responsabilité de chef de groupe. Second score de la liste pour son premier scrutin, l’entrepreneur maconnais n’a jamais hésité à exprimer son avis, parfois de manière véhémente.
Le siège laissé vacant par Jean-Marc Poullain revient quant à lui à Jean Furnémont, qui quitte dès lors le conseil de l’action sociale. Ancien directeur d’une institution pour personnes handicapées et président du pouvoir organisateur de l’École de la Croix à Momignies, il dispose d’un bagage utile pour engager le débat.
Reste à voir laquelle de ces personnalités se positionnera en leader pour mener la liste des Intérêts Communaux en 2024!
«J'aime ma commune»«Je suis arrivé à Momignies à l'âge de deux ans, mon papa, gendarme, y étant affecté. » Très jeune, Jean-Marc Poullain est actif dans les différentes associations du village, «notamment le foot, le tennis et la jeunesse». Diplômé en sciences du travail et en gestion, il entre en politique en 1994. «En 1995, je deviens conseiller du Parlement wallon, sous l'impulsion de Philippe Maystadt. » Il sera ensuite successivement conseiller des ministres André Antoine et Maxime Prévot, pour les matières médico-sociales. En 1999, il fonde avec Bernard Calicis et Georges Goffin l'ASBL Entraide et solidarité en Entre-Sambre-et-Meuse, qu'il développera au fil du temps: «Nous avons aujourd'hui la Maison des services et son pendant à destination des entreprises. Mais également un service d'accompagnement des personnes handicapées, un service SAFA et bien entendu la crèche «Les P'tits bouts». Ce qui représente quelque 170 emplois aujourd'hui. »