Achille Degryse part « avec tristesse »
Âgé de 83 ans, le populaire échevin de l’état civil Achille Degryse quitte la politique «avec tristesse». L’hôtel de ville était sa «deuxième maison».
- Publié le 29-11-2012 à 07h00
Lundi passé, il a assisté à son dernier conseil communal comme élu et, ce jeudi, il sera fêté à l’hôtel de ville. Nous avons rencontré cet homme d’une pièce, pour jeter un regard sur le passé.
Comment expliquez-vous que, en 1994, vous devenez échevin sans jamais avoir fait de politique avant ?
Mon père était catholique et j’avais trois oncles bourgmestres libéraux – Albert Mille à Pecq, Marcel Delcroix à Pottes et Lucien Delaunois à Saint-Sauveur – mais, à la boucherie, on ne parlait pas politique, pour des raisons commerciales. Il n’y a qu’en football que je montrais mon opinion. J’ai quand même fait savoir que j’étais contre la destruction de l’institut Saint-Joseph, un bâtiment si solide. Sachant que j’étais un commerçant populaire, et bien que n’ayant jamais eu de carte de parti, Marc D’Haene et Damien Delsoir m’ont sollicité pour figurer sur la liste Arc qui venait de se constituer, de tendance PSC mais avec des libéraux, des socialistes et des neutres comme moi. Pour avoir démoli Saint-Joseph, la majorité PS-PRL fut renversée et Arc décrocha la majorité absolue, à notre grande surprise. Comme j’avais le troisième score de la liste et qu’on avait décidé que seraient échevins ceux qui avaient le plus de voix, je me retrouvai au Collège, sans rien connaître de ce qui m’attendait.
Comme vous l’aviez fait en boucherie, vous avez appris sur le tas…
Oui, cela grâce à un personnel communal remarquable, qui m’a permis de m’adapter à mes nouvelles fonctions. Comme je n’étais pas politicien mais que je connaissais bien la population, je fus uniquement échevin de l’État civil. Bien que passionné de sport, je ne voulais pas de cette attribution-là car j’étais tellement engagé au Racing de Tournai, où j’ai joué dans les catégories d’âge, où j’ai été président des jeunes et des supporters. Et où je suis toujours administrateur, dans le club fusionné.
Vous avez fini par être échevin des Sports entre 2006 et aujourd’hui. On vous a reproché de ne pas prendre beaucoup d’initiatives…
C’est vrai que je n’ai pas bien travaillé. Mais j’avais prévenu Marc D’Haene que je serais un mauvais échevin des Sports, car trop pris par Tournai…
Par contre, comme échevin de la Population pendant 18 ans, vous n’avez reçu que des fleurs…
Le bureau des échevins était comme mon bureau. Tous les jours j’y recevais des gens qui me parlaient de leurs problèmes d’argent, d’emploi, de logement, un peu comme à un assistant social. Lors des mariages, on appréciait que je prenne le temps de faire une sorte de sermon laïc. Et que je m’adapte à mon public, comme je le faisais dans ma boucherie.
Pourquoi arrêtez-vous ?
Physiquement et intellectuellement, je diminue. On m’a demandé de me mettre dernier sur la liste, mais je ne sais pas faire les choses à moitié. Maintenant, c’est avec tristesse que je pars. L’hôtel de ville était ma 2e maison.
On ne reviendra pas ici sur les querelles qui ont causé l’éclatement du groupe Arc, mais comment voyez-vous les six prochaines années ?
Je suis optimiste. On est certes en pleine lune de miel mais le nouveau Collège est plus valable qu’avant: meilleurs relais, meilleure entente… Ça m’a fait plaisir que Marc soit encore bourgmestre. Je l’adore pour son dévouement, son désir d’essayer d’arranger les choses, son contact facile, ses bonnes décisions. Son exubérance parfois excessive? Il a fait des progrès!
Vos projets ?
D’abord mettre de l’ordre dans mes papiers et dans mes vieux journaux. Je voudrais aussi écrire ma vie. À l’école, j’ai toujours été un peu littéraire.