La Caisse d’épargne de T ournai est morte, vive le CPH
Les jours de la CET étaient comptés. Il restait à sauver l’honneur en choisissant une banque au profil similaire : c’est fait avec la banque CPH.
- Publié le 11-07-2012 à 07h00
LA Caisse d'épargne de la ville de Tournai était la dernière des quatorze caisses d'épargne créées dans les années 1820 sous le règne de Guillaume1er. Elle a survécu. Elle a vécu. Lundi soir, le conseil communal, à l'unanimité de ses membres, a voté le principe de la cession de ses activités à la banque CPH. La mort dans l'âme. «J'aurais préféré ne jamais devoir vous présenter un tel dossier», a commenté le bourgmestre Christian Massy.
La BNB, Banque nationale de Belgique, sommait la ville de Tournai de trouver une solution sous peine de le faire à sa place en lui imposant un commissaire spécial chargé d’arrimer la CET à une institution financière plus importante. Que reproche-t-on à la banque tournaisienne? De détenir une masse de dépôts trop importants par rapport à ses fonds propres. De compter aussi trop peu de cadres en son sein, rendant les contrôles internes insuffisants.
En réalité, la petite banque publique faisait sans doute un peu tâche dans un contexte de libéralisation à outrance du monde de la finance. Pourtant, les grandes banques n'ont aucune leçon de bonne gestion à donner, s'emportent les conseillers. «Elles n'ont eu aucun scrupule à demander de l'argent des contribuables quand elles se sonttrouvées en difficultés», rappelle Marie-Christine Lefebvre (Écolo). «Nous ne cédons pas la CET parce qu'elle ne se porte pas bien», insiste Christian Massy. «Ce qu'on nous imposait pour rester en conformité avec les directives européennes était impossible à respecter. Nous ne pouvions donc pas la garder dans le giron communal. Liquider la CET? C'était la catastrophe. Il restait l'hypothèse de la cession des activités». Onze investisseurs ont été approchés. Le CPH a déposé une offre, puis Belfius est entré dans la danse et a fait monter les «enchères». L'offre du CPH a finalement largement recueilli les suffrages lundi. «Avec le CPH, l'ancrage régional reste important. La banque Belfius restait floue sur certains aspects non négligeables», insiste Marie-Christine Lefebvre. «Le CPH va dans le sens de la proximité et c'est une bonne chose. Et puis, que Belfius remette d'abord les choses en ordre en son sein, et ce n'est pas rien, avant de racheter quelqu'un d'autre», dit de manière cinglante Marie-Christine Marghem. La chef de file MR reflète un sentiment partagé en faisant remarquer que la CET n'était pas une banque comme les autres: «Nous la connaissons depuis que nous sommes tout petits, c'est la banque des dépôts du lundi matin à l'école…»
Hélène Couplet-Clément (cdH) abonde: «C'était une épargne symbolique, et c'était donc important de préserver l'intérêt des épargnants». Marcel Castelain (PS) note que l'avenir du personnel a été largement pris en compte. «Et ce choix du CPH permet de garder une certaine valeur à la caisse d'épargne».
«Nous n'avons jamais perdu de vue trois objectifs: préserver les intérêts des épargnants, du personnel, et de la ville», insistent le bourgmestre et son échevin des finances, Jean-Marie Vandenberghe. La façon avec laquelle ils ont mené les négociations a été saluée au sein du conseil, tant dans les rangs de la majorité que de l'opposition.