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Claude Brouet, journaliste de mode : « Il faut s’habiller pour soi et pour se plaire »

Dans ses mémoires, l’ex-journaliste de 93 ans, passée par « Elle » et « Marie-Claire », raconte avec nostalgie un monde de la mode révolu, celui qui a vu éclore Pierre Cardin ou Jean Paul Gaultier. Et déplore sans détour le manque d’originalité actuel.

Propos recueillis par 

Publié le 20 mars 2023 à 16h00, modifié le 03 avril 2023 à 11h41

Temps de Lecture 6 min.

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Claude Brouet, le 20 décembre 2022, dans sa maison du 14ᵉ arrondissement de Paris.

L’industrie de la mode a tant changé en vingt ans qu’elle peut paraître méconnaissable à ceux qui la pratiquaient au siècle dernier. L’ex-journaliste Claude Brouet, 93 ans, a dirigé la rubrique mode de Elle dans les années 1960, puis occupé de 1972 à 1988 le poste de rédactrice en chef mode, beauté et cuisine à Marie Claire, qu’elle a marqué de son empreinte. A son époque, les défilés de mode n’avaient pas encore pris la forme de superproductions à la limite du divertissement ; c’étaient encore des événements professionnels destinés à montrer des vêtements, où l’on observait de près la forme d’une manche, le volume d’un manteau, le plissé d’une jupe. Bien entendu, les invités n’étaient pas encore munis d’iPhone ; mais Claude Brouet y venait armée d’un talkie-walkie de la taille d’une brique pour indiquer à son photographe, également dans la salle, quelles tenues immortaliser en priorité.

C’est ce monde englouti que Claude Brouet raconte avec précision dans son ouvrage Claude Brouet. Journaliste de mode (écrit avec Sonia Rachline, éditions du Regard, 2022). Elle remonte au temps de son enfance parisienne dans les années 1930, où sa mère travaillait chez Chanel puis Schiaparelli, raconte comment elle s’est fait une place dans le journalisme de mode qui jouait alors un vrai rôle de prescription dans l’après-guerre, décrit l’ascension de Pierre Cardin, Hubert de Givenchy, Kenzo Takada ou Jean Paul Gaultier (qui signe la préface de l’ouvrage).

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Nous avons rencontré Claude Brouet chez elle, dans sa petite maison parisienne du 14arrondissement remplie de livres. Elle est toujours d’une élégance redoutable, la sobriété de son pull ardoise et de son pantalon noir opposée à ses Nike jaunes et à sa chevelure flamboyante lissée en arrière. Visiblement heureuse de discuter du passé, elle a ressorti pour l’interview des anciens Elle et Marie Claire, des vestes Mugler et une robe Chloé par Karl Lagerfeld qu’elle garde précieusement.

Pourquoi écrire un livre maintenant ?

Quand j’ai arrêté de travailler en 1996, mes amis me disaient que je devais laisser un témoignage. Je suis très visuelle et n’ai jamais écrit [elle choisissait les sujets, les photographes, les vêtements portés, les images], l’idée me faisait donc un peu peur. Mais je me suis rendu compte que le métier changeait, que la liberté rédactionnelle dont j’avais bénéficié disparaissait, que les annonceurs prenaient de plus en plus de place dans les choix éditoriaux des magazines. Dans les photos de mode, les tenues ne sont plus pensées pour montrer une femme astucieuse, bien habillée ou drôle. Elles servent à créditer des marques et donnent parfois lieu à des silhouettes invraisemblables, des mannequins avec trois sacs sur le dos. Je suis peut-être complètement ringarde, mais j’ai connu un autre monde. Mon livre n’a pas d’autre prétention que de le raconter.

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