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Des agriculteurs à la reconquête du bocage perdu

Le gouvernement veut inciter à reconstituer 7 000 kilomètres de haies d’ici à 2022. Mais des obstacles perdurent, malgré les bienfaits de celles-ci pour les sols et la biodiversité.

Par Emma Grivotte (envoyée spéciale, Seine-Maritime)

Publié le 18 juillet 2021 à 01h53, modifié le 18 juillet 2021 à 05h23

Temps de Lecture 5 min.

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Bocage normand au printemps.

Quatre lignes de plants, bien enveloppés dans leurs housses de protection, s’étirent à perte de vue dans le champ de blé de la famille Le Prévost de la Moissonnière. « Avant, il n’y avait rien. C’était nu comme le plat de la main », commente Servane Tisne, la mère de famille, âgée de 69 ans, droite dans ses bottes entre les épis. Elle étend ses doigts abîmés de cultivatrice vers l’horizon : « Encore avant, tout ça, c’était des prés-vergers. »

Cet hiver, la Ferme des Anglais a fait planter deux kilomètres de haie – charmille, sureau, mûrier ou encore caraganier – sur ces 150 hectares très exposés au vent, à Rocquemont (Seine-Maritime). « On a voulu redessiner nos parcelles comme c’était avant », explique la fille de Servane, Camille, 41 ans, revenue s’occuper des terres après la mort de son père il y a deux ans. En 1977, celui-ci avait arraché les 65 hectares de vergers devenus moins rentables, selon la logique de mécanisation de l’époque.

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Ses héritiers suivent aujourd’hui le chemin inverse. Apprenant l’existence de l’appel à projets « Plantons des haies » lancé au début de 2021, Camille Le Prévost de la Moissonnière a demandé le subventionnement à 80 % de sept kilomètres de haie supplémentaires à la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de Normandie.

Avec cette mesure du plan de relance, le gouvernement va financer 7 000 kilomètres de haie d’ici à 2022, alors que 70 % du bocage français a disparu depuis 1950, d’après l’Office français de la biodiversité, notamment au moment du remembrement. A partir des années 1960, cette nouvelle répartition des terres visait à créer des parcelles de grande superficie pour faciliter le passage des engins agricoles et augmenter les rendements.

« Avec mon père, on a eu sept îlots, contre une vingtaine de petites parcelles avant », se souvient Michel Lefer, exploitant de 65 ans à Mesnil-Verclives (Eure), grand gagnant de l’openfield et du travail mécanique. Eric Jourdain, lui, a été traumatisé lorsqu’il était enfant par l’arrachage de la vigne de son père, en Vendée. « Ils ont démarré les bulldozers, les pelleteuses, et puis tout a disparu », raconte le fondateur, à 62 ans, de l’association probocage La Haie d’honneur. Le bois était ensuite incendié : « On regardait les brûlots d’arbres se consumer pendant des jours entiers ! »

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