L’acteur Jean-Pierre Marielle est mort

La légende du cinéma français s’est éteinte à l’âge de 87 ans.

 Jean-Pierre Marielle est décédé ce mercredi selon sa famille à l’âge de 87 ans.
Jean-Pierre Marielle est décédé ce mercredi selon sa famille à l’âge de 87 ans. D.R.

    « Au théâtre, c'est sur ses silences qu'on juge un acteur », disait Jean-Pierre Marielle dans l'un de ses chefs-d'œuvre, « Les Grands Ducs ». Et pourtant, c'est notamment grâce à sa voix chaude et caverneuse que l'acteur des « Galettes de Pont-Aven » était connu du grand public. Jean-Pierre Marielle est décédé ce mercredi à l'âge de 87 ans, selon sa famille. Le cinéma français perd l'une de ses grandes gueules et de ses voix les plus célèbres. Un monstre sacré qui a joué dans plus de cent films et plusieurs centaines de pièces de théâtre.

    « Agathe Marielle a la tristesse d'annoncer que son mari, l'acteur Jean-Pierre Marielle, s'est éteint le 24 avril à 16h24, à l'hôpital des Quatre Villes à Saint-Cloud des suites d'une longue maladie. Les obsèques se dérouleront dans la plus stricte intimité », a tristement annoncé son épouse dans un communiqué.

    Grand amateur de jazz, Marielle a charmé une génération de cinéphiles et de Français. Il a débuté sa carrière au cabaret dans les années 60 aux côtés de Guy Bedos, sans grand succès. Il s'est alors tourné vers le grand écran, plus en adéquation avec son mètre 85 à la toise. Son talent explose à l'écran dans « Faites sauter la banque » dès 1963, aux côtés du géant du rire Louis de Funès. Mais c'est « Le diable par la queue » de Philippe de Broca qui fait de lui un acteur « bankable », comme on dirait de nos jours. Dans les années 70, il deviendra l'icône d'un certain type de cinéma français, comique, gaulois, grivois et subversif.

    Star des « Galettes de Pont-Aven »

    Il est la star de « Galettes de Pont-Aven » (1975) de Joël Séria, film culte pour lequel il sera nommé en tant que meilleur acteur à la première cérémonie des César. Il apparaît aussi dans « On aura tout vu » (1976) de Georges Lautner, où il incarne un hilarant producteur de films pornographiques, ou encore dans le fantastique « Calmos » (1976) de Bertrand Blier, ovni cinématographique antiféministe. « Ce sont des films de dernier plan », revendiquait-il avec humour.

    Mais comme souvent pour les acteurs de comédie, c'est dans le drame qu'il se révèle. « Que la fête commence » (1974) de Bertrand Tavernier, où il incarne un Marquis de Pontcallec grandiloquent, lui donnera ses lettres de noblesse dans la profession.

    « C'est le Bob Denard du cinéma »

    Durant la décennie suivante, il enchaînera les films mais avec beaucoup de grands noms du cinéma français, de Claude Sautet (« Quelques jours avec moi ») à Claude Berri (« Uranus ») en passant par Bertrand Blier, son éternel copain (»Tenue de soirée »). Un Bertrand Blier qui se moquait de lui en disant : « C'est le Bob Denard du cinéma ». Autrement dit, un mercenaire.

    En 1991, il tourne le film « Tous les matins du monde », réalisé par Alain Corneau, immense succès critique et populaire. Jean-Pierre Marielle y incarne Jean de Sainte-Colombe, violiste veuf et janséniste, refusant les honneurs de Versailles et les sollicitations de Louis XIV. Le film attire plus de deux millions de spectateurs en salles. Il est au faîte de sa carrière. En 1996, il retrouve ses copains Jean Rochefort et Philippe Noiret dans un rôle désabusé d'acteur has been qui lui colle à la peau, dans « Les Grands Ducs ».

    Le cinéma le sollicitera jusqu'à 2015, comme le théâtre ou la télévision, car Marielle était capable de transcender les rôles les plus insignifiants en sommets d'anarchisme revigorant. Est-il nécessaire de rappeler son Molière du meilleur comédien en 1994 pour son interprétation dans « Le retour » d'Harold Pinter ? C'est un grand qui nous a quittés.