Au CDH, l’opération renouveau a du plomb dans l’aile

Parachutée à Liège par le parti, l’ex-journaliste choisit de prendre ses distances avec le CDH. Elle reste « simple » conseillère communale. Plusieurs élus ont du mal à digérer sa mise sur la touche.

Temps de lecture: 4 min

J e ne ferai plus de la politique mon métier mais je n’exclus pas de continuer de siéger sur les bancs du conseil communal de Liège ».

C’est tout dit : Anne Delvaux ne sera pas l’échevine que le CDH liégeois devait propulser en cours de législature. Du coup, l’opération renouveau retombe comme un soufflé. « C’est dommage parce que j’ai l’impression que s’il y avait bien une personne capable de fédérer, de rassembler et d’insuffler une nouvelle dynamique, c’est elle. Elle a une grande force d’écoute et beaucoup d’empathie », déclare l’échevin André Schroyen (CDH).

Du coup, c’est retour à la case départ pour les humanistes avec le risque de devenir à terme un petit poucet du Conseil, derrière Écolo. « Sans les 3.361 voix que Anne a faites lors du dernier scrutin communal (NDLR : mieux que les 3.089 voix de la tête de liste Michel Firket), nous n’aurions sans doute pas 6 conseillers, peut-être même pas 5 », estime le vétéran Jacques Marneffe, remonté contre les « barons » du parti. « Ceux-là qui ont alimenté un article pour salir le travail d’Anne. Et puis le parti qui n’a pas condamné ces propos anonymes. C’est un scandale ! Et surtout, ce n’est pas honnête. Si Anne est venue à Liège, c’est d’abord parce que le parti lui a demandé de venir y faire des voix. Elle s’est investie, a rempli pleinement sa mission et puis plus rien ! Quand il s’est agi d’acter le fait qu’elle pourrait quitter l’Europe et devenir échevine en cours de législature pour renouveler les troupes, même le président Lutgen a refusé. Bref, le parti l’a tournée en bourrique ».

Son avenir sur les bancs du Conseil ? Rien n’est encore clair mais le scénario le plus probable est qu’elle continue de siéger, le temps d’évaluer, au sein du CDH liégeois, quelle est sa marge de manœuvre, entre ses amis et supporters (Marc Gillis, André Schroyen, Jacques Marneffe) et, comment dire, ceux qui ne sont pas ses plus chauds partisans (Michel Firket, Benoît Drèze et Michel de Lamotte).

Mais voilà, c’est quasi une tare génétique au sein du CDH liégeois que ne pas croire en la vertu des jeunes pousses, particulièrement féminines. En son temps Colette Lapaille avait l’envergure d’une échevine format grande ville mais le CDH de la rue des Deux Eglises a préféré imposer un Benoît Drèze au sein du collège PS-CDH.

Ceci dit, l’effacement d’Anne Delvaux va créer des tensions entre mâles. Il n’est en effet pas du tout acquis que le député régional Michel de Lamotte et le fédéral Benoît Drèze parviennent à sauver leur place à l’issue des élections. Surtout si le CDH n’est pas au pouvoir. Du coup, la tentation sera grande de les recaser (au moins un des deux) au sein du Collège. Mais l’actuel premier échevin Michel Firket n’entend pas céder sa place tandis que le second échevin André Schroyen reste fidèle à son annonce initiale : céder sa place en 2017 à un quadra (Marc Gillis) pour autant qu’une majorité des 7 conseilleurs soit d’accord. Bref, si c’est pour s’effacer au profit d’un Michel de Lamotte ou d’un Benoît Drèze, les quatre de la « Delvaux family » diront niet !

Dans l’immédiat, Anne Delvaux va se laisser du temps et évaluer le côté « praticable » de sa situation. Va-t-elle jouer un rôle à Liège ? « Le parti n’a sans doute pas bien réfléchi aux conséquences de ses actes, en instrumentalisant puis en laissant tomber Anne », déclare Jacques Marneffe. « Le parti est responsable de son retrait mais elle ne jette pas les deux gants », ajoute le conseiller Marc Gillis. « Son annonce de ne plus vouloir être échevine est un caillou dans le soulier du renouveau. Ce qui m’interpelle c’est le silence révélateur de certains camarades de groupe (NLDR : Michel Firket, Michel de Lamotte et Benoît Drèze que nous avons essayé de contacter, en vain). J’ai demandé au président de section une mise au point pour clairement reconnaître le travail d’Anne. Mais cela est resté lettre morte… »

Pas besoin de faire un dessin : le CDH liégeois a raté sa relance.

 

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