Polypes, fibromes et kystes sont autant d’aspérités pouvant apparaître au sein de l’appareil génital féminin et qui peuvent être effrayantes. Pourtant, elles sont généralement sans gravité, rappelle la gynécologue médicale Odile Bagot. Et en particulier le polype utérin, qui est simplement une "excroissance de l’endomètre", indique-t-elle.

Et malgré sa qualification de "tumeur bénigne", la gynécologue rassure : contrairement au polype intestinal, le polype utérin n’est que "très rarement" d’origine cancéreuse. D’après le manuel Merck, 2 à 5% des femmes en auront au moins une fois dans leur vie.

Qu’est-ce qu’un polype utérin ?

En médecine, un polype n’est rien d’autre qu’une excroissance en forme de doigt qui se développe sur la muqueuse. N’importe quelle muqueuse, note Odile Bagot. "Les polypes peuvent se développer aussi bien dans l’utérus que dans le nez ou l’intestin". 

"Il s’agit plus précisément d’un épithélium", précise la gynécologue, que Futura Sciences définit en un "tissu composé de cellules juxtaposées disposées en un ou plusieurs couches tapissant la face interne des organes". 

Spécifiquement, le polype utérin correspond à une excroissance de l’endomètre - la muqueuse qui tapisse l’utérus -, et ne mesure pas plus de 3 centimètres. À ne pas confondre avec le fibrome utérin, qui ne déforme pas l’utérus. "En général, les femmes le découvre lors d’une échographie quelconque de l’endomètre, visant, par exemple, à expliquer des troubles du cycle", avance le Dr Bagot. 

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Polypes utérins : les signes d'alerte 

Car si le polype utérin est asymptomatique et indolore chez la majorité des femmes, lorsqu’il saigne, il peut donner lieu à des spottings, des règles abondantes ou des saignements après les rapports sexuels. "Dans de rares cas, les polypes s’infectent et provoquent des pertes vaginales semblables à du pus", note le manuel Merck.

"On ne connaît pas l’origine exacte des polypes, mais on sait que l’endomètre a tendance à croître sous l’effet des œstrogènes", explique Odile Bagot. Les polypes pourraient en effet résulter d’une hyperoestrogénie, elle-même favorisée par la prise d’un traitement hormonal, notamment à la ménopause

Les polypes utérins peuvent aussi résulter d’une inflammation ou d’une infection chronique. 

Doit-on faire retirer un polype ?

Bien que ces cas soient très rares, les polypes utérins peuvent aussi être d’origine cancéreuse. "Chez une femme ménopausée, ils peuvent notamment être le signe clinique d’un cancer de l’endomètre", note le Dr Bagot.

Dès la suspicion d’un ou plusieurs polypes - à la suite de spottings, par exemple -, la femme devra subir une hysteroscopie visant à examiner son endomètre. "On regarde l’épaississement de la muqueuse utérine et s’il y a bien présence de polype, on opère", explique la gynécologue.

Une ablation du polype n’est envisagée que si celui-ci excède 10 millimètres, provoque des saignements hors des règles ou si la femme connaît des troubles de la fertilité. "Un polype peut en effet nuire à la bonne implantation de l’embryon", indique le Journal des femmes

Pour pouvoir vérifier l’innocuité de l’excroissance, il est obligatoire de l’extraire. Ne nécessitant pas d’anesthésie, l’ablation du polype est peu invasive et peut se faire au sein du cabinet gynécologique. "S’il est situé au niveau du col, on va simplement le bistourner jusqu’à ce qu’il tombe", indique notre experte. Cette opération est indolore et ne provoque aucun saignement. 

En revanche, si le polype est installé plus profondément dans l’utérus, alors une opération chirurgicale en bloc opératoire sous anesthésie peut s'avérer nécessaire. 

Un traitement médicamenteux à base de progestérone peut aussi traiter les polypes, mais "il est généralement prescrit aux femmes qui ont déjà été opérées pour un ou plusieurs polypes et que le polype est de petite taille", précise le Dr Benchimol, gynécologue obstétricien, au Journal des femmes. 

Comme l’indique le manuel Merck, si les saignements persistent malgré l’opération, un échantillon de muqueuse utérine peut être examiné par biopsie afin d'exclure le diagnostic de cancer de l'endomètre. Pour les femmes ménopausées ou celles qui n’envisagent pas de grossesse, une ablation de la muqueuse utérine est envisageable en cas de récidive.