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Mise en place du dispositif de relais social de Charleroi.

  • Session : 2001-2002
  • Année : 2002
  • N° : 21 (2001-2002) 1

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  • Question écrite du 24/04/2002
    • de VLAMINCK-MOREAU Monique
    • à DETIENNE Thierry, Ministre des Affaires sociales et de la Santé

    Au cours de l'année 2001, la presse a donné écho de la mise en place d'un dispositif de relais social sur le territoire de la ville de Charleroi. Ce dispositif, qui vise à la mise en réseau de l'ensemble des services publics et privés socio-sanitaires dans leur action de lutte contre la précarité, devait donner lieu à la libération de moyens financiers complémentaires.

    Monsieur le Ministre peut-il me dire

    - quelle a été la somme octroyée au dispositif de relais social de Charleroi au cours de l'année 2001;

    - à combien on estime le nombre d'emplois supplémentaires de travailleurs sociaux créés à Charleroi grâce au renforcement des moyens budgétaires;

    - quels sont les services et associations de Charleroi qui ont souscrit à la Charte du relais social et qui en sont donc partenaires;

    - quels sont les services bénéficiaires et l'effort consenti ainsi que la ventilation des moyens accordés ?
  • Réponse du 24/05/2002
    • de DETIENNE Thierry


    J'ai l'honneur de porter à la connaissance de l'honorable Membre, les éléments de réponses suivants :

    Dans la première version du Contrat d'Avenir pour la Wallonie, un certain nombre de priorités en matière d'action sociale avaient été définies : celles-ci se sont ensuite trouvées renforcées dans le cadre du Contrat d'avenir pour la Wallonie actualisé (CAWA).

    Une de ces priorités était de lutter contre la grande précarité localisée dans les centres urbains en allant à la rencontre des personnes en complète désaffiliation sociale qui, pour des raisons diverses, ne sont plus à même d ‘effectuer des démarches personnelles vers les services susceptibles de les aider.

    Dans ce contexte, le point d'ancrage des initiatives nouvelles que sont les Relais Sociaux a été les dispositifs d'urgence sociale actifs dans six villes wallonnes ( Charleroi, Liège, Namur, Mons, La Louvière et Verviers) et implantés le plus souvent au sein du CPAS.

    L'objectif de ce dispositif d'urgence sociale (le DUS) consistait à permettre à toute personne qui se trouve en situation de détresse sociale d'obtenir une aide rapide, sur place si nécessaire, quel que soit le moment de la journée ou de la nuit.

    Après avoir procédé à l'évaluation de ce dispositif d'urgence sociale fin 1999, quelques constats se dégagent :
    - le dispositif d'urgence sociale répond à une nécessité;
    - si beaucoup d'appels reçus par le dispositif relèvent de l'urgence, un certain nombre de ces communications sont équivalentes à une demande d'information;
    - une décentralisation des équipes serait utile;
    - la gestion de certaines demandes récurrentes n'est pas simple à prendre en charge;
    - la dimension santé mentale prend de l'extension dans les appels.

    A côté des dispositifs d'urgence sociale, un tissu dense de services répond à l'urgence sociale ou aux problèmes liés à la précarité, tant à Liège qu'à Charleroi.

    Suite à ces constats et en vue de concerter tous les services concernés, avant de lancer une quelconque initiative, six tables rondes sont organisées tant à Liège qu'à Charleroi, d'avril à juillet 2000:

    - elles comportent trois approches : accueil de jour, travail de rue et accueil de nuit;
    - elles rassemblent, outre les acteurs locaux, des représentants de la Région Wallonne (cabinet, Direction Générale de l'Action Sociale et de la Santé, Direction Interdépartementale de l'Intégration Sociale) ainsi que des observateurs de l'autre Ville au sein de laquelle un projet de Relais Social est également en cours;
    - elles permettent des échanges fructueux entre les partenaires potentiels du projet, mais aussi avec d'autres acteurs tels la police ou les maisons d'accueil.

    Ces tables rondes sont l'occasion d'affiner le diagnostic des besoins et de préciser certains contours du nouveau dispositif.

    En juillet, une charte est proposée par les partenaires potentiels du nouveau dispositif et est acceptée par le cabinet(voir annexe). Elle met en valeur la philosophie du projet et les méthodologies utilisées.

    Ainsi, le Relais social est considéré comme un réseau de services publics et associatifs qui, grâce à l'implication des bénéficiaires dans le processus, crée du lien et du sens pour les usagers.
    C'est le premier maillon d'une chaîne qui va de l'urgence à l'insertion. Il s'agit d'aller à la rencontre, dans leur milieu de vie ou au sein de lieux d'accueil les moins conditionnels possible, des personnes en complète désaffiliation sociale en étroite collaboration avec le service d'urgence sociale préexistant.

    Rencontre avec les usagers

    Avant de lancer le dispositif, les personnes directement concernées par le projet, les usagers des services, ont été rencontrés afin de leur en présenter les grandes lignes et d'entendre leurs réactions.
    Certains points du projet ont suscité davantage l'attention, notamment l'évocation d'un budget participatif dégagé spécifiquement pour permettre aux usagers de développer des projets d'ordre culturel ou social.

    Si la construction du projet fut similaire à Liège et à Charleroi, les résultats concrets de cette dynamique ne se dégagèrent pas en même temps.

    En effet, les réalités politiques et locales étant quelque peu différentes, les négociations furent un peu plus longues à Liège qu'à Charleroi surtout parce que la ville de Liège compte un nombre encore plus important d'acteurs publics et d'associations .

    Quoi qu'il en soit et même si le fonctionnement du dispositif n'est pas identique dans les deux villes, le schéma de base du relais social est le suivant :


    Structure du dispositif : quatre pôles et une équipe de coordination


    1. Service d'urgence sociale – CPAS

    - passage à un système de garde de nuits non dormantes

    la volonté de la majorité des acteurs, lors des tables rondes, était d'avoir une prise en charge plus active de certaines urgences nocturnes, une liaison permanente avec une institution de santé mentale étant jugée utile. C'est le cas avec l'ouverture d'une permanence de nuit du service d'urgence sociale à l'hôpital Vincent Van Gogh (Charleroi) et au CHR " La Citadelle " ( Liège), ce qui assure une plus grande présence sur le terrain en cas de nécessité.

    - prise en charge plus adaptée de la dimension santé mentale de certaines urgences

    l'engagement d'un psychologue attaché au dispositif permet d'évaluer les signes de déviance ou de pathologie dans un comportement ou une attitude. Cette personne est désormais le référent, pour l'équipe, en matière de santé mentale et l'interface avec le monde médical et para-médical.

    - organisation de permanences d'un assistant social " hors les murs "

    l'engagement d'un travailleur social " hors les murs " représente une avancée importante pour valoriser la notion de réseau. Aller à la rencontre de la personne à l'extérieur du CPAS par le biais de permanences organisées dans d'autres lieux comme celui de l'accueil de jour par exemple, constituait une priorité pour les participants aux tables rondes.
    Une telle collaboration entre les différents organismes est également l'occasion d'améliorer, si nécessaire, l'image des différents acteurs aux yeux des usagers.


    2. Accueil de jour

    Différents lieux d'accueil ont été rénovés afin de remplir les fonctionnalités suivantes :

    - espace d'accueil où boire un café, se réchauffer, faire la conversation;
    - espace hygiène avec salle de douche, machines à laver, séchoirs,…;
    - espace santé avec permanences d'info, offre de soins légers et détection de pathologies plus lourde, distribution de certains médicaments…;
    - espace social avec permanence d'un assistant social du CPAS, info logement, transport, etc.

    Le dispositif tient bien entendu compte des spécificités de ces services, à savoir leur équipe mixte de bénévoles et de salariés, leur méthodologie d'accueil respectant le visiteur-y compris dans son refus parfois de dialoguer.
    La mission d'accompagnement et d'assistance des personnes dans leurs démarches administratives est également soutenue.

    Ces lieux sont en même temps un espace de projets : projet individuel mais aussi projets collectifs dans le cadre d'une démarche citoyenne en collaboration avec les plus démunis.


    Remplir l'ensemble de ces objectifs a conduit à revoir fondamentalement les heures d'ouverture de certains lieux d'accueil en vue de permettre une accessibilité 7 jours sur 7 et en soirée. Pour ce faire, les équipes de départ principalement composées de bénévoles ont été renforcées par l'engagement de professionnels.


    3. Le travail de rue

    Nombre de personnes habitent la rue sans être demandeur auprès des services sociaux. L'objectif du travail de rue consiste à établir des relations individuelles et/ou de groupes avec ces personnes en désaffiliation complète. La mission de l'éducateur de rue est prioritairement la création de liens sociaux. L'offre relationnelle doit précéder la demande. Cette offre ne peut se faire que grâce à une présence active, aussi bien spatiale que temporelle. La présence de l'éducateur de rue doit être régulière, tant au niveau de ses horaires que des différents lieux fréquentés.
    La méthodologie suivie est fondamentalement différente de celle appliquée en cas de demande au sein d'une institution quelconque. Pas de dossier, pas d'engagement de la personne mais l'établissement d'une relation de confiance, d'échanges, qui permettent par la suite de travailler sur le cheminement de l'individu, l'émergence de demandes éventuelles, l'accompagnement vers diverses institutions.

    Le Relais Social, outre l'augmentation et la polyvalence du personnel qu'il a permis, a renforcé la notion de réseau. Des synergies avec les autres pôles du relais social sont constamment valorisées.
    Enfin, le travail de rue est susceptible d'être mené également en différents lieux autres que la rue. La prison, l'hôpital psychiatrique, parfois le logement sont des espaces d'isolement nécessitant un soutien moral. Les sorties de prison sont ainsi des moments délicats à l'occasion desquels un accompagnement s'avère porteur. Le logement, pour une personne qui a connu la rue, est souvent vécu comme un espace d'enfermement. Il est dès lors utile de maintenir un lien avec ces nouveaux habitants en phase de réinsertion sociale.
    Les moyens supplémentaires ont permis de mieux y répondre ainsi que de tenir une permanence au sein du lieu d'accueil de jour.

    4. L'accueil de nuit

    Les abris de nuit se veulent proches des réalités des personnes en difficulté pour répondre à un besoin spécifique.
    Face à la complexité des problématiques exprimées par les personnes, à la solitude et aux ruptures vécues par celles-ci, une présence de qualité est la base du travail qui est valorisé par ces services.

    Le Relais Social a permis d'augmenter le nombre de travailleurs assurant cet encadrement et d'assurer une ouverture permanente tout au long de l‘année.
    Un accompagnement social de qualité permet également aux usagers de participer à des activités socio-culturelles, voire à des actions d'insertion socio-professionnelle


    5. La coordination générale

    Pour remplir les missions du Relais Social, une structure souple mais forte a été créée afin de coordonner les différents partenaires impliqués .
    Ce pôle de coordination poursuit cinq objectifs :

    - assurer des approches convergentes des différents partenaires dans le cadre de la Charte du Relais social;
    - mettre en place, une fonction d'alerte, un dispositif d'analyse des prises en charge des phénomènes d'exclusion et de l'adéquation des prescrits légaux. Ce dispositif devra également permettre d'établir une cohésion des politiques au travers des différents niveaux de pouvoir (fédéral, régional et communautaire);
    - créer une cellule de formation continuée au profit des travailleurs participant au nouveau dispositif;
    - organiser de manière permanente des lieux de parole et de concertation rassemblant les usagers, les travailleurs de terrain ainsi que les responsables des institutions associées;
    - permettre aux bénéficiaires du dispositif de disposer de moyens budgétaires pour mener à bien des projets collectifs de nature sociale ou culturelle.


    Du Comité de pilotage à l'Association Chapitre XII

    Le pôle de coordination est composé d'un coordinateur général, d'un secrétaire et de deux ou plusieurs coordinateurs de pôle.
    La coordination générale est placée sous l'autorité d'un comité de pilotage présidé par le représentant du cabinet du Ministre ayant les Affaires sociales dans ses attributions, accompagné de l'administration de la Région wallonne (DGASS et DIIS) et composé à parts égales de représentants d'institutions publiques (CPAS, Villes par le biais du Contrat de sécurité, Hôpitaux) et d'associations privées.

    Ce Comité de pilotage est l'organe décisionnel du Relais social en attendant la création d'une association chapitre XII qui conférera dès lors au Relais social une personnalité juridique.

    Outre ce Comité de pilotage, un Comité de coordination composé de tous les acteurs s'étant impliqués dans les différentes tables-rondes ( police, gendarmerie, hôpitaux, maisons d'accueil, A.M.O…) est constitué afin que le processus de concertation soit maintenu et qu'il soit loisible à chaque acteur de faire de nouvelles propositions ou d'émettre son opinion quant au travail et aux résultats obtenus.

    Un évaluateur externe désigné par le Comité de pilotage sera chargé de vérifier l'adéquation entre les objectifs poursuivis et les résultats obtenus.


    Le Budget

    45 millions de francs belges ont été engagés dans le cadre du budget 2001 pour chaque relais social tandis que 125 millions ont été prévus sur le budget 2002 pour continuer à financer les Relais sociaux existants, leur extension à la Communauté urbaine et pour lancer 2 nouveaux relais, l'un à Namur et l'autre à Mons.


    Spécificités du Relais social de Charleroi

    Concernant Charleroi, les montants libérés ont permis d'engager 25 ETP pour mener des missions de coordination de services existants, d'amélioration des conditions d'accueil, de suivi des usagers, de professionnalisation des équipes et de développement de projets participatifs.

    Lors de l'inauguration du pôle de coordination du relais social de Charleroi, en avril 2001, 25 services ont délégué leur représentant pour procéder à la signature de la Charte.
    Les signataires sont les suivants :

    - la ville de Charleroi par le biais de son Contrat de Sécurité et de Société (Carolo rue, Ulysse et Coordination drogue);
    - le CPAS (Dispositif d'urgence sociale, le Dortoir, le S.A.S – Structure d'accueil socio-sanitaire);
    - le parquet du procureur du Roi (Thierry Marchandise);
    - A.I.S (Agence immobilière sociale);
    - A.J.M.0 (service d'accompagnement des jeunes en milieu ouvert);
    - la Bastide blanche;
    - Comme chez nous;
    - la Croix-Rouge;
    - le Cygne (A.M.O);
    - le Figuier (centre d'accueil pour adultes);
    - le Fonds du logement des Familles nombreuses de Wallonie;
    - ICAR Wallonie;
    - l'Ilot;
    - la Maison maternelle Fernand Philippe;
    - la Pioche;
    - Promotion Famille;
    - Sans-Abris Castors;
    - Service Droit des Jeunes;
    - Solidarités nouvelles;
    - Trempoline;
    - Le Triangle (Centre d'accueil pour adultes).

    Si tous ces services sont partenaires, tous ne sont pas subventionnés par la Région wallonne.

    Les partenaires subventionnés sont ceux faisant partie du réseau de base du dispositif : ils s'y sont investis en temps et en énergie, ont rédigé la Charte et ont fait des propositions concrètes pour construire un Relais Social qui tient compte des spécificités de la ville de Charleroi.


    En 2001 :

    Le CPAS a donc bénéficié de 9.217.000 FB pour renforcer le dispositif d'urgence sociale en personnel afin d'assurer les gardes de nuit non dormantes 24H/24, d'engager un assistant social hors les murs et d'organiser l'accueil d'urgence des personnes présentant des problèmes de santé mentale et/ou psychiatriques à l'hôpital Vincent Van Gogh.

    L'ASBL " Comme chez nous " s'est vue octroyer 9.464.000 FB pour renforcer et professionnaliser son personnel (composé jusqu'il y a peu de bénévoles), organiser un accueil de soirée 7j/7, créer un dispensaire médical.
    1.050.000 FB supplémentaires lui ont été versés pour engager un coordinateur à mi-temps

    La Maison d'accueil " le Triangle " a reçu 2.000.000 FB pour organiser l'accueil d'urgence des femmes seules ou avec enfants, service qui n'existait pas à Charleroi.

    L'ASBL AJMO a bénéficié de 2.500.000 FB pour créer et installer un comptoir fixe d'échange de seringues dans ses locaux et participer ainsi à la politique de réduction des risques en matière de toxicomanie, insufflée par le Contrat de Sécurité.

    9.490.000 FB ont été octroyés à la Ville de Charleroi (Contrat de Sécurité) pour renforcer son équipe d'éducateurs de rue engagés dans le cadre du Contrat de sécurité et permettre à l'Abri de nuit " Ulysse " de fonctionner toute l'année.

    Le Dortoir du CPAS de Charleroi a reçu 2.000.000 FB pour lui permettre de fonctionner toute l'année et offrir ainsi un accueil de nuit supplémentaire et décentralisé.

    5.000.000 FB ont aussi été octroyés à l'ASBL " Sans abri Castors " pour aménager les locaux d'accueil de Comme chez nous et permettre ainsi un accompagnement social de qualité aux personnes fréquentant ce lieu.

    5.000.000 FB ont aussi été destinés à l'installation de la coordination générale dans des locaux propres à cette fonction et ont permis d'engager une coordinatrice à temps plein, sa secrétaire et deux coordinateurs adjoints à mi-temps (l'un représentant le secteur public et l'autre le secteur associatif)

    Pour 2002 :

    50.000.000 FB (1.239.467 €) sont prévus au budget pour le relais social de Charleroi ainsi que 5 millions supplémentaires pour assurer son extension à la Communauté urbaine du pays de Charleroi.

    Les statuts de l'Association Chapitre XII seront bientôt proposés au Gouvernement wallon afin de pérenniser le dispositif.