Dire non à l’armée : refuzniks et objecteurs : épisode • 4/4 du podcast Service militaire : les citoyens en armes

Les 6 adolescents israéliens condamnés à la prison pour avoir refusé de faire leur service militaire, devant le centre de recrutement militaire de Tel Hashomer, à Ramat Gan, le 04/09/22 ©AFP - Jack Guez
Les 6 adolescents israéliens condamnés à la prison pour avoir refusé de faire leur service militaire, devant le centre de recrutement militaire de Tel Hashomer, à Ramat Gan, le 04/09/22 ©AFP - Jack Guez
Les 6 adolescents israéliens condamnés à la prison pour avoir refusé de faire leur service militaire, devant le centre de recrutement militaire de Tel Hashomer, à Ramat Gan, le 04/09/22 ©AFP - Jack Guez
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Cet été, six adolescents israéliens se sont ouvertement opposés à faire leur service militaire obligatoire. Ce sont des refuzniks, ces objecteurs et objectrices de conscience, ces pacifistes, qui refusent de se battre dans les territoires occupés par Israël et de répondre à l’appel de l’armée.

Avec
  • Martin Barzilai Photojournaliste
  • Karine Lamarche Chargée de recherche en sociologie au CNRS et membre du Centre nantais de sociologie (CENS)
  • Léonard Vincent Ecrivain et journaliste pour RFI

En Israël, le service militaire est universel et obligatoire. Il dure trois ans pour les hommes, deux pour les femmes. Pour les uns, c'est la chose la plus importante au monde, pour les autres, c'est un devoir auquel il faut absolument se soustraire. Une fois par an, les Israéliens réalisent ensuite une période de réserve où celles et ceux qui ont fait leurs classes doivent retourner dans leur unité. Avec 186 000 soldats, soutenus par 445 000 réservistes, pour une population de moins de 10 millions d’habitants, Israël figure parmi les sociétés les plus militarisées au monde.

En réalité, cette obligation fait largement consensus dans un pays qui se sent toujours très vulnérable dans son environnement régional. Mais chaque année, une poignée de jeunes au seuil de leur majorité, ou alors d’anciens conscrits devenus réservistes, refusent d’entrer dans l’armée ou d’y rester. Certains trouvent des arguments pour se faire exempter. D’autres sont emprisonnés dans la prison militaire d’Atlit dans le nord du pays. Ce sont les refuzniks.

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Quelle place occupe le service militaire dans la construction de la citoyenneté israélienne ? Qui sont ceux qui veulent s’y soustraire, et à quel prix ?

Pour répondre à ces questions, Julie Gacon reçoit Martin Barzilai, photojournaliste ainsi que Karine Lamarche, chargée de recherche en sociologie au CNRS, membre du Centre nantais de sociologie (CENS).

"Un citoyen israélien se définit avant tout par son identité militaire. Une des premières questions quand des adultes israéliens se rencontrent est : où est-ce que tu as servi à l'armée ? Le service militaire est un outil de définition de soi et de promotion sociale très important au sein de la société israélienne", affirme Karine Lamarche.

"Il existe en Israël depuis quelques années une commission d'objection de conscience qui examine la légitimité des raisons invoquées par toute personne désirant éviter le service militaire par pacifisme*. Les seuls qui ne passent pas cette commission sont ceux qui s'affirment contre la politique israélienne d'occupation des territoires palestiniens. Ceux-ci sont soit directement envoyés en prison, soit obligés de faire leur service militaire*", observe Martin Barzilai.

Pour aller plus loin :

Seconde partie : le focus du jour

Erythrée : fuir une vie toute tracée ou servir le Parti unique ?

En septembre 2022, les autorités érythréennes ont lancé un ordre de mobilisation de "l'Armée populaire" : tous les citoyens de 18 ans et plus devaient se présenter à leur unité, sans considération d'âge, de situation personnelle ou médicale, avec une couverture, des vêtements chauds et des rations de nourriture. Officiellement, le service militaire est limité à 18 mois. En réalité, il s’agit souvent d’un service à vie qui s’apparente à du travail forcé. Cette situation pousse des milliers de personnes à fuir.

Avec Léonard Vincent, écrivain et journaliste pour RFI. Il est aussi l'auteur de l’ouvrage Les Erythréens, paru aux éditions Rivages en 2012 et du blog erythreens.wordpress.com jusqu’en 2017.

"Le régime organise des rafles régulières dans des villes ou des quartiers pour vérifier si tout le monde a souscrit à ses obligations militaires et pour identifier ceux qui ne l'ont pas fait", explique Léonard Vincent.

Une émission préparée par Barthélémy Gaillard et Julie Ducos.

Références sonores et musicales

  • Ces Israéliens qui refusent de porter les armes ( Paris Match - 18/03/15)
  • Un jeune Israélien lors d'un stage de préparation au service militaire à 17 ans expliquant l’importance que revêt l’engagement sous les drapeaux à ses yeux ( Metropolis - 10/02/09)
  • Hallel Rabin, 19 ans, objectrice de conscience, libérée après y avoir purgé 56 jours de prison ( AFP - 2021)
  • Envoyé spécial. Erythrée, la terre des évadés ( France info - 24/06/21)
  • Keren Peles (2020)
  • "Skyliner" de Boards of Canada

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