Escroquerie, malversations, corruption... L'asbl GIAL, machine à scandales

Escroquerie, malversations, conflit d'intérêt... L'asbl GIAL, machine à scandales

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Par Thomas Mignon

Le nom GIAL ne vous disait peut-être rien avant les révélations du Vif et les informations de la RTBF démontrant ce vendredi la mauvaise gestion de cette asbl chargée du parc informatique de la Ville de Bruxelles. Depuis sa création en 1993, cette structure a pourtant été source de plusieurs scandales.

Un déficit mystère de 3,5 millions d'euros

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Le centre de Gestion Informatique des Administrations Locales (GIAL) était déjà secoué à la mi-2005 : un commissaire réviseur ne parvient pas à trouver suffisamment de renseignements qui lui permettraient de définir l'origine d'un déficit de 3,5 millions d'euros dans les comptes de l'année 2004. Soit 20% du chiffre d'affaires de l'asbl... Rien que cela.

Face à cette information, le bourgmestre de Bruxelles de l'époque, Freddy Thielemans (PS), demande un premier audit externe. Il portera sur la gestion de l'asbl entre 1998 et 2005.

Des ordinateurs payés... jamais fournis ?

En attendant les résultats, GIAL apparaît en toutes lettres dans un rapport du bourgmestre d'Ixelles Willy Decourty (PS) en novembre 2005. Celui-ci s'interroge après avoir épinglé des transactions plus que douteuses pour un montant de plus d'un million d'euros.

Il est notamment question d'ordinateurs payés par la zone de police Bruxelles-Ixelles qui n'auraient jamais été livrés ou encore d'une somme de 400.000 euros également facturée à la police... laquelle aurait été utilisée pour la location d'un appartement à Paris.

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L'enquête demandée par le collège bruxellois rend ses conclusions en février 2006. Des pratiques de mauvaise gestion ont été constatées au sein de la société anonyme Fourwin, dont GIAL est le seul actionnaire, une structure destinée à encadrer les activités économiques de l'asbl.

Ces mauvaises pratiques ont conduit à un déficit croissant, lequel atteint 2,15 millions d'euros. L'administrateur-délégué et le secrétaire général de l'asbl sont licenciés dans la foulée de ces découvertes.

Des logiciels conçus par GIAL commercialisés en douce

Mais les conclusions ne s'arrêtent pas là : le duo de dirigeants possédaient également de hautes fonctions au sein de SP Expert France, une société qu'ils auraient utilisée pour commercialiser en Belgique et au Luxembourg une application informatique dont seul l'asbl GIAL disposait des droits.

Mi-2006, un second audit voit le jour. Le 8 juin, la Ville décide alors de porter plainte contre ces deux ex-dirigeants, mais aussi contre deux employés de Fourwin licenciés deux jours plus tôt pour faute grave. GIAL leur réclamera plus tard pas moins de 7 millions d'euros de dédommagements.

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"Motif principal (de la plainte de la Ville) : association d'intérêts personnels au détriment de l'asbl (...). La plainte qui porte aussi sur les activités de la S.A. Fourwin (...) a été motivée par les préventions suivantes : faux et usage de faux, abus de confiance, abus de biens sociaux, escroquerie, corruption passive et/ou active", écrit à l'époque l'agence Belga.

Fraude aux marchés publics et vacances aux frais du contribuables ?

En décembre 2016, un membre du personnel de GIAL dénoncera à travers une lettre envoyée aux autorités communales une série de fraudes aux marchés publics de la part du directeur général et de deux de ses collaborateurs. Lettre qui sera remise au procureur du Roi.

Yves Vander Auwera, en place depuis moins d'un an, et ses proches collaborateurs sont tous trois directement écartées sur base du principe de précaution.

Ils sont soupçonnés, raconte La DH, d'avoir bénéficié de vacances – présentés comme voyages d'affaires – qui "auraient été offertes par des soumissionnaires qui n’avaient pas encore remporté les marchés publics de Gial qu’ils convoitaient".

La Ville se veut alors prudentes quant à ces accusations "extrêmement graves" et indique par le biais de son avocat Marc Uyttendaele qu'un "audit général sur l’asbl a été prescrit".

Yves Vander Auwera dit aujourd'hui avoir justement été remercié pour avoir posé des questions sur le contrat de consultance de l'expert Michel Leroy, contrat épinglé dans la nouvelle affaire GIAL. L'ex-directeur général conteste toujours son licenciement au tribunal du travail de Bruxelles.

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