Le Cirque Royal change de propriétaire: quelle solution pour le Bota?

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Par RTBF

Un prochain déménagement aura un impact important sur l'offre culturelle à Bruxelles: le Botanique doit faire ses cartons et quitter le Cirque Royal avant la fin du mois. Cette salle de spectacle de 2000 places située dans le centre de Bruxelles était gérée par le Botanique depuis 17 ans. Elle a accueilli les plus grands noms. Ce déménagement est rendu nécessaire par la décision de la Ville de Bruxelles de reprendre la gestion de la salle.

C’est concrètement l’association Brussels Expo qui se chargera de cette gestion. L’association est très intimement liée à la ville et présidée, pour le moment du moins, par le socialiste Philippe Close, le nouveau bourgmestre de la ville de Bruxelles. Brussels Expo s'occupe déjà d'événementiel. Elle organise les concerts du Brussels Summer Festival, gère deux autres salles, le Palais 12 et la Madeleine. Ce qui intéresse Brussels Expo et la Ville, est précisément cette troisième salle du Cirque Royal pour pouvoir offrir trois espaces de tailles différentes et disposer d’une palette plus large pour organiser des événements d'une gamme plus variée et donc un choix d’artistes plus étendu.

Plus de variété culturelle?

C'est l'idée de la Ville, mais une partie du secteur culturel craint précisément l'inverse: une perte de variété culturelle.

Avec moins d'acteurs culturels et, surtout, un acteur plus puissant. Se présente aussi une crainte politique. Brussels Expo est non seulement un acteur imposant, mais aussi le bras d'un pouvoir public. La crainte existe donc de voir apparaître une programmation calquée sur une idéologie politique. Et la politique culturelle actuelle est davantage favorable à des événements grand public.

Le choix de Philippe Close

La Ville de Bruxelles, et singulièrement Philippe Close, devenu bourgmestre, répètent régulièrement leur souhait de créer de grands événements populaires et d'améliorer le rayonnement international de Bruxelles. Le nouveau patron de la capitale privilégie le "city marketing", qui est la ligne de conduite poursuivie par la Ville de Bruxelles depuis des années. Cela se traduit par des projets très porteurs, comme le Temple de la Bière à la Bourse ou les Plaisirs d'Hiver. Le côté positif est précisément cette accessibilité à un très grand public et une animation de la ville. Mais les détracteurs y voient la généralisation d'une culture qualifiée de "mainstream", monocorde, basée sur les flonflons et le divertissement.

Nous sommes bloqués par la capacité de 650 places

C’est ce qui permet d’affirmer que la reprise du Cirque Royal par l'ASBL n'est pas  un simple épiphénomène. Le sujet fait débat en donnant un poids croissant à la Ville de Bruxelles. Tout cela bouscule le monde culturel de la ville, explique Jean Demannez, ancien bourgmestre de Saint-Josse et actuel président du Conseil d'Administration du Botanique: "Le problème pour nous, est évidemment de vider dans les délais requis (avant la fin juin, ndlr) tout l'investissement qui a été fait. Parce que le Bota et le Cirque (surtout le Cirque), ont investi plus de 1 350 000 euros de matériel pour que ce Cirque ne soit plus une simple petite salle, qui fut gérée, il y a 18 ans, par la ville elle-même avant de la concéder pour 27 ans. Ce que nous voulons, c’est évidemment le matériel nécessaire pour pouvoir à relocaliser cette activité dans un espace qui nous est vraiment nécessaire. Nous ne pouvons pas aller au-delà de 600-650 personnes dans la salle de l'Orangerie du Bota. Dès que l’on a un artiste plus important, ça nous pose un réel souci".

Trouver une alternative est donc vital pour le Bota, même si Jean Demannez se défend de vouloir imiter le Palais 12 : "Le problème n'est pas là. Mais nous devons dépasser la limite des 650 places. Les Nuits Botanique ont largement dépassé les frontières européennes. Il n’est donc pas possible de drainer un large public si on ne peut pas l'intéresser à des personnalités qui remplissent 2000 ou 2500 places."

En guise de boutade, Jean Demannez ne désespère pas de retrouver son ancienne salle : "Nous allons demander au nouveau bourgmestre (Philippe Close, ndlr) s'il ne veut pas nous recéder le Cirque Royal, par exemple. Ce serait une excellente idée, mais j'imagine qu'ils ont un autre projet. On peut faire de l'humour à ce propos, parce qu’il est triste que des pouvoirs publics comme la Fédération Wallonie-Bruxelles propriétaire d'autres lieux, ont soutenu le Bota ".

Et pourquoi pas l’église du Gésu ?

Une alternative consisterait à construire un lieu, mais cela entraînerait des difficultés d’ordre urbanistique, explique Jean Demannez. Ou alors occuper l’église du Gésu qui se trouve juste en face du Bota. Mais ce bâtiment est " noyé dans des difficultés d'ordre urbanistique et de recours au Conseil d'État par rapport à la Région. Je ne veux pas rentrer dans les détails. Je vais vous donner deux chiffres. Si on ne fait rien dans l'église, on peut y mettre, du jour au lendemain, 500 personnes. Et on peut y mettre jusqu’à 1200 personnes si l’on nous autorise à faire des travaux qui permettraient de garantir la sécurité des lieux."

En discuter avec Emir Kir

Le politique étant partout, L'autorisation de faire ces travaux doit être accordée par le bourgmestre de Saint-Josse. C'est-à-dire Émir Kir, qui est à l’origine de ce qui fut décrit, en 2012 comme " un putch " pour déloger Jean Demannez. Ce dernier assure essayer de rencontrer l’actuel bourgmestre, mais cela ne semble pas facile. "Nous voudrions savoir si une pratique culturelle dans cette église désacralisée, fait partie de son agrément. Il serait intéressant qu'il soit autour de la table pour débattre de ça. Ce serait la meilleure solution, à défaut de conserver le Cirque Royal. "

Quant à la politique de Bruxelles, Jean Demannez refuse de prendre parti. Il partage pourtant la crainte du risque de monopole de la Ville qui deviendrait le seul opérateur culturel de la capitale. "A priori, je n'ai pas de raison d'être méfiant, mais j'ai beaucoup de raisons d'être inquiet par rapport à ce que le Botanique puisse lui-même poursuivre sa progression."

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