a troisième génération d’eudemis (lobesia botrana) a pris son envol. « Ce vol va se poursuivre voire s’intensifier compte-tenu des conditions climatiques actuelles » prévient la dernière édition du Bulletin de Santé du Végétal (BSV) du Nord Aquitaine.
Les premières pontes ont été signalées fin juillet dans le Libournais, le pays Foyen et le Sauternais. Certaines en sont déjà au stade « tête noire ». Cette semaine, l’Entre-deux-mers, les Graves, le Blayais et la Dordogne sont venus allonger la liste. Dans le bordelais, seul le Médoc serait pour l’heure épargné.
« Le vol de 2ème génération a été très étalé dans le temps. Il se pourrait que le vol de 3ème génération en fasse de même » avertissent les techniciens, enjoignant les viticulteurs à poursuivre leurs observations et à envisager un éventuel traitement. Sans cette prudence, ils courent en effet le risque de voir leurs baies se vider et d’y laisser entrer botrytis ou les drosophiles.
Eudémis fait des siennes dans tout le Sud-Ouest. C’est aussi le cas en Provence et dans plusieurs secteurs languedociens, « surtout à Saint-Chinian, dans certaines zones des Costières, et vers Fitou » observe Nicolas Dutour, œnologue aux laboratoires Dubernet. « La pression est plus forte qu’en 2018 et 2019 » estime-t-il.
Le BSV le rejoint. Dans l’Hérault, jusqu’à 570 œufs viables pour 100 grappes sont signalés dans les parcelles de référence. « Le seuil indicatif du risque est dépassé dans de nombreuses situations, parfois même dans les parcelles en confusion sexuelle » rapporte le bulletin.
Les languedociens ne sont pas davantage épargnés par la pyrale du Daphné (cryptoblabes gnidiella). L’hiver n’a pas été suffisamment froid pour freiner son expansion. « Cette semaine encore, des papillons sont capturés dans les pièges sur l’ensemble du Gard avec des intensités parfois importantes. Des larves sont facilement visibles au sud du département » indique le BSV.
Dans l’Hérault, des papillons sont observés dans le Biterrois et dans la Basse Vallée, tandis que dans les Pyrénées-Orientales des larves sont visibles dans les grappes de parcelles du littoral, de Banyuls et de la plaine.
Selon Nicolas Dutour, si le papillon est présent un peu partout, « il ne devrait pas faire trop de dégâts, comme le black rot qui a touché toute la région mais s’est limité à une feuille par ci par là. »
Le sujet ayant été bien médiatisé, il fait confiance aux viticulteurs pour repérer les œufs. Pour l’heure, il estime qu’ils n’ont pas besoin de sortir les pulvés.
« S’il y a moins de 10 papillons en 10 jours dans les pièges, aucun traitement contre eudémis n’est nécessaire » rappelle l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV). Au-delà, pour les 2ème et 3ème générations d’eudémis, l’IFV conseille de traiter à partir d’une grappe attaquée si la pression botrytis est forte, et à partir de 10 grappes dans le cas contraire.
L’IFV rappelle que ses seuils sont indicatifs. « Le raisonnement de la lutte varie selon les régions, les dégâts de la génération précédente, et les dates de vol. »
En 3ème génération, l’insecticide doit être positionné 7 à 9 jours après le début du vol, juste avant les premières éclosions, au stade tête noire. Les parcelles traitées ne doivent pas être vendangées avant 14 jours.