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Jacques Dutronc : « Françoise a sauvé ma vie et Sylvie m’a sauvé la vie »

En 1966, Jacques Dutronc chante « Les cactus » et fait de Monticello son fief. Qu’il ne quitte plus désormais, pas même pour les enterrements de ses amis. Petite visite chez le chanteur à l'occasion de la publication de ses Mémoires
Marie-Laure Delorme, envoyée spéciale en Corse

Jacques Dutronc, c’est un tempérament. À 80 ans, il accepte enfin de lever un bout du voile dans une autobiographie « Et moi et moi et moi » (Cherche Midi) qui lui ressemble : pudique et insolente, acide et tendre. Quelques jours avant la sortie de son livre, il nous a reçus chez lui, en Corse, pour partager ses drôles de souvenirs.

Fidèle à lui-même. Veste élégante, cigare, verres teintés. Il nous reçoit dans la maison de Monticello, au-dessus de L’Île-Rousse en Corse, que Françoise Hardy a fait construire au milieu des années 1960. Jacques Dutronc ne fait rien comme tout le monde.

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Il est donc toujours marié avec Françoise Hardy, mais il partage la vie de la discrète Sylvie Duval, ancienne maquilleuse de cinéma, depuis 1997. C’est elle qui nous ouvre les portes de Monticello.

Si Johnny Hallyday est une star, Jacques Dutronc est une légende. Sa carrière musicale s’est envolée dans les années 1960 et il a commencé au cinéma en 1973, pour remporter le César 1992 du meilleur acteur dans « Van Gogh », de Maurice Pialat. L’homme aux mille talents, ironique et désinvolte, a décidé de ne pas se prendre au sérieux. Le chanteur de « Play-boys », « J’aime les filles », « Il est cinq heures, Paris s’éveille » se raconte en pointillé dans « Et moi, et moi, et moi ».

Jacques Dutronc, 80 ans, reste inchangé : il fuit les profondeurs, de peur de s’y noyer. Il est l’homme du pas de côté.

 Si j'avais su que j'allais écrire mes Mémoires, j'aurais simplifié ma vie 

Jacques Dutronc

Paris Match. Avez-vous hésité entre plusieurs titres pour votre autobiographie ?

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Jacques Dutronc. J’aurais bien aimé l’appeler “Bio-logique”, mais cela ne veut rien dire. Je ne sais pas encore comment vont se dérouler mes dernières années. La maison d’édition va donc faire une réédition, en ­laissant quelques pages blanches à la fin, pour que les gens y écrivent ce qu’ils veulent à ma place. Ceux qui n’aiment pas pourront conserver le livre et s’en servir comme dessous de plat. Et pour ceux qui n’aiment vraiment pas, attention aux toilettes, car le papier est rugueux.

Jacques Dutronc, chez lui, à Monticelle, le 23 septembre 2023.
Jacques Dutronc, chez lui, à Monticelle, le 23 septembre 2023. Paris Match / © Patrick Swirc

Pourquoi maintenant ?

Je n’avais sans doute pas assez de souvenirs avant. Je suis parti dans une petite maison, à côté, pour relire et corriger le texte. Plus je me relisais, plus j’avais de nouveaux souvenirs. À force de rajouter des choses, j’ai dû arrêter de me relire. Je ne voulais pas me retrouver avec un énorme pavé.

Des souvenirs, j’en ai beaucoup. Comment faire le tri ? La plupart d’entre eux sont visuels. J’ai trouvé étrange, pour ne pas dire mélancolique, de revenir en arrière. Si j’avais su, à l’époque, que j’allais écrire mes Mémoires, j’aurais simplifié ma vie. J’aurais fait moins de choses et, du coup, il y aurait eu moins de pages et le livre aurait coûté moins cher.

Vous commencez par l’enfance. Faites-vous partie de ceux qui pensent qu’elle est essentielle ?

Je commence par la naissance parce que c’est par là que l’on commence tous. Le choix n’est pas personnel et, généralement, on en a peu de souvenirs de ce moment-là. Mais je n’aime pas les gens qui se servent de leur enfance comme d’une perpétuelle excuse. On a souvent des moyens, des références, tout au long de sa vie, pour sortir de son enfance. On a toujours le choix et jamais le choix.

Avez-vous aimé votre enfance ?

Mes parents n’ont pas été derrière moi pour que je réussisse à tout prix et que je rapporte du pognon. Ils ne m’ont poussé à rien parce qu’ils n’étaient pas comme ça et parce qu’ils n’auraient pas pu avec moi. Après, parfois, je me dis que j’aurais davantage dû les écouter. Les enfants d’aujourd’hui peuvent conserver la parole de leurs parents sur leurs portables. Moi, j’ai des images précises qui en suppriment beaucoup d’autres.

Paris - décembre 1966 √† janvier 1967 - Rue de Provence, lors d'un déjeuner de famille, assis autour d'une table, le chanteur Jacques DUTRONC en costume et cravatte, en compagnie de son fr√®re Philippe, son p√®re, sa ni√®ce Isabelle, sa m√®re et sa belle-soeur Chr
Déjeuner dans l'appartement familial, rue de Provence, à Paris, en 1966. De g. à dr. : son frère aîné, son père, sa mère avec sa nièce sur les genoux, Jacques et sa belle-soeur. Paris Match / © Jean-Claude Deutsch


Votre famille avait le goût des études et de la musique. Vous ne vous êtes jamais adapté à l’école ?

J’ai eu des professeurs extraordinaires, mais je n’aimais pas le statut d’élève. Durant la plupart des cours, je pensais à la petite gare du Croisic, en Bretagne, avec les départs et les arrivées de trains. J’avais tout le temps la tête fracassée, avec des bandages tant on se bagarrait entre élèves sous le préau.

Depuis toujours, vous avez la passion des animaux. Qu’aimez-vous chez eux ?

J’ai eu jusqu’à 150 souris dans mon enfance et j’habite aujourd’hui chez mes chats. D’ailleurs, un jour, mon ingénieur du son est venu ici et il a avalé par erreur les croquettes pour chat qui traînaient sur la table. Il les a trouvées un peu trop salées. Je respecte les animaux et j’aurais pu faire une collection de fourmis. J’ai voulu être vétérinaire. La seule chose qui me gêne, c’est qu’ils mangent parfois leurs patients.

 Johnny Hallyday était fait pour être une star. Il n’aurait pas pu être plombier ou géomètre. 

Jacques Dutronc

Vous êtes devenu ce que votre père rêvait d’être : un chanteur à succès...

Je ne rêvais pas d’être un artiste. J’admirais les chanteurs, mais je ne me pensais pas capable d’en être un et je ne le pense toujours pas. Johnny Hallyday était fait pour être une star. Il n’aurait pas pu être plombier ou géomètre. Il était fait pour la scène. Durant son audition chez Vogue, dans un petit studio avec une vitre, il a soudainement disparu. En fait il était à genoux en train de jouer. Il regardait vers ­l’Amérique et moi vers la Bretagne.

Sa présence était inouïe. Il était un véritable caméléon : Mad Max, un hippie, Davy Crockett… Mais à chaque fois, pour le public, il était lui-même. Les médias ont été très durs avec lui car il chantait du rock’n’roll français. Durant la tournée des Vieilles Canailles, en 2017, avec Eddy Mitchell, il se remémorait les paroles de ces adaptations françaises de tubes américains et il en riait beaucoup. Johnny Hallyday a traversé toutes les critiques et il est devenu indestructible. Seules les cigarettes ont fini par avoir sa peau.

Portrait de Jacques DUTRONC, cheveux ébouriffés, portant un sweat-shirt √† l'effigie de Charlie Brown et Snoopy
Ébouriffé, il s'amuse à parodier Bob Dylan, en 1966. Paris Match / © Jean-Claude Deutsch

Pourquoi racontez-vous votre carrière comme un long malentendu ?

Si j’étais mal entendu, je ne chanterais plus depuis longtemps. D’ailleurs, moi-même, j’entends mal. Il est dommage que je ne puisse pas régler le son, selon les conneries que j’entends. Récemment, au téléphone, Sylvie a demandé à Eddy Mitchell s’il aimait le saumon ? Il a répondu : “Pourquoi veux-tu que j’aille à Besançon ?”

Dans ma vie, il y a beaucoup de hasards. J’étais l’assistant de Jacques Wolfsohn, chez Vogue. Il voulait que j’écrive des chansons. J’ai composé “Fort Chabrol”. Françoise Hardy a repris mon instrumental “Fort Chabrol”, en version chantée, qui est devenu “Le temps de l’amour”. Je ne devais initialement pas chanter “Et moi, et moi, et moi”. Jacques Wolfsohn m’a dit : “Ta gueule, tu le fais.” À l’époque, on se parlait comme ça. Moi, j’adorais Brassens et je trouvais inutile de faire de la chanson après lui. Quand je pense qu’il y a des gens qui s’imaginent que Brassens c’est “poum poum poum”… S’ils essayaient avec une guitare ou un piano, ils se rendraient compte que c’est beaucoup plus compliqué.

Vous découvrez l’alcool en 1962, lors de votre service militaire en Allemagne...

J’ai découvert l’alcool et les cigarettes. Les gens disent que l’on se suicide lentement avec l’alcool. Je ne buvais pas pour faire le clown, mais parce que j’aimais ça. En Allemagne, c’était bière et schnaps. L’alcool est un ami qui fait du mal ou un ennemi qui fait du bien. Aujourd’hui, je ne bois plus. L’alcool m’a sans doute détourné de la drogue, où tous mes camarades sont tombés. J’ai dû fumer deux ou trois pétards, mais je n’ai pas aimé. Après, on peut dire que tout est une drogue : l’alcool, les cigarettes, les chats.

Attitude de Jacques DUTRONC, son éternel cigare √† la bouche, une bouteille et un verre √† la main dans la cave de sa maison du XIV√®me arrondissement de Par
En 1975, dans sa cave à Paris. Paris Match / © Jean-Claude Deutsch

Vous étiez un séducteur. Étiez-vous conscient de votre beauté ?

À part un connard, qui peut se trouver beau ? Je n’ai pas mis de glaces en contreplaqué chez moi, mais je ne me suis jamais posé la question. Jacques Wolfsohn ne disait pas que j’avais les yeux clairs, mais que j’avais un regard de binoclard.

Le cinéma est votre grande passion. Pourquoi ne souhaitiez-vous pas être acteur ?

Je n’avais pas la volonté d’être ceci ou cela et j’aimais le cinéma en tant que spectateur. C’était sacré pour moi. Dans mon quartier de la Trinité, que je connaissais par cœur, j’empruntais les sorties de secours pour m’y rendre.

Vous êtes ovationné debout par la salle, en recevant le César du meilleur acteur pour “Van Gogh”, de Maurice Pialat, en 1992...

On ne sait pas si la salle se levait pour moi ou contre Pialat. Beaucoup ne pouvaient pas le supporter. Il affirmait son talent par la tyrannie, mais il avait un beau sourire. Il avait insisté, auprès de Jacques Villeret, pour me rencontrer. Il est resté une semaine en Corse.

Je m’occupais du jardin car je n’avais rien de spécial à lui dire. Il m’observait derrière les buissons. On l’attendait le soir pour dîner. Sa grande phrase : “Je ne veux pas vous déranger.” Il finissait par s’asseoir et dire du mal de toute la profession.

Vous avez rencontré Romy Schneider, avec qui vous avez eu une aventure, sur le tournage de “L’important c’est d’aimer” (1975), d’Andrzej Zulawski...

Andrzej Zulawski et moi étions amis. J’ai de l’admiration pour lui. Il n’a pas été assez reconnu car il était trop à part. Romy Schneider était une référence. Il faut que les actrices d’aujourd’hui prennent conscience qu’il y a eu d’autres actrices avant elles. Elle était vraie et elle en est morte.

Durant le tournage, on ne savait pas quand le film commençait et quand il s’arrêtait. J’étais chargé de surveiller, moi, la consommation d’alcool de Romy Schneider. Je ne pense pas que c’était une bonne idée. Zulawski a commencé, avec moi, par la scène du suicide avec Viandox et Alka-Seltzer. J’ai de grands souvenirs avec lui. Il fallait le séduire et ne pas se ­contenter du texte.

Info - Jacques Dutronc fête ses 80 ans le 28 avril - Info ( Le 29 mai 2022 marquera les 40 ans de la mort de Romy Schneider) - ARCHIVES - JACQUES DUTRONC ET ROMY SCHNEIDER A LA PREMIERE DU FILM
Jacques Dutronc et Romy Schneider, à la première du film "L'important, c'est d'aimer", en 1977, à Paris. © Bestimage

Vous avez préféré être acteur ou chanteur ?

J’ai été content de faire les deux. Selon les périodes, je pouvais trouver les acteurs ridicules car semblables à des perroquets, ou penser qu’être chanteur était péjoratif.

Vous avez eu beaucoup de ­succès. Quel rapport avez-vous avec l’argent ?

Comme dirait Jean-Marie Périer, l’argent ne m’aime pas. J’ai la passion des belles voitures et j’ai pu m’en acheter. L’argent est fait pour être dépensé. J’ai aidé aussi des amis qui sont aussitôt devenus des ennemis. Je suis fâché avec les gens à qui j’ai prêté de l’argent. Désormais ils me fuient.

Jacques Dutronc au volant de sa jeep américaine, chez lui, à Monticello, en Corse, le 25 septembre 2023.
Jacques Dutronc au volant de sa jeep américaine, chez lui, à Monticello, en Corse, le 25 septembre 2023. © Patrick Swirc

Dans son dernier livre, “La danseuse”, Patrick Modiano a des phrases dures sur le Paris actuel. Les partagez-vous ?

Quand je retourne à Paris, je ne reconnais plus la rue de Provence, dans le IXe arrondissement, où je suis resté jusqu’à mes 31 ans. J’ai appris à marcher dans le métro, station Chaussée-d’Antin-La Fayette, dont les environs sont devenus un immense magasin de fringues. Les immeubles ont été ravalés, mais la ville est extrêmement sale. Il faut lever la tête. Le Paris de Modiano a disparu.

La politique vous intéresse-t-elle ?

Je la subis. Comme je l’ai dit à ­l’acteur, qu’on appelle aussi président de la République, en citant Napoléon Bonaparte : “Le moyen d’être cru est de rendre la vérité incroyable.” Si la politique consiste en l’art de gouverner, je préfère un capitaine de navire qui connaît son chemin. J’ai admiré Michel Rocard et j’aime bien Fabien Roussel. Il est au Parti communiste, mais je ne me sens pas obligé de prendre la carte pour autant. Fabien Roussel a eu quelques discours intéressants et il a parfois de bons réflexes.

Vous êtes toujours fan de la série policière “Inspecteur Derrick” ?

Elle est un somnifère non remboursé par la Sécurité sociale. Tout est assez monstrueux, dans les teintes de vert et d’ocre, mais, de temps en temps, je regarde un épisode car je ne dors toujours pas.

Vous êtes un solitaire qui a besoin des autres...

Quand on n’est pas bien, il y a des gens qui ont le don d’être réconfortants. Leur présence soigne. Quand j’avais mal à la jambe, mon copain charcutier me disait : “C’est rien, ça va aller.” Je me sentais tout de suite mieux. Johnny Hallyday était parfois perdu. Il appelait alors un pote en lui disant de venir, mais il avait oublié qu’il en avait appelé déjà quinze auparavant. Ils se retrouvaient alors à une vingtaine. La fête démarrait. L’amitié est capitale. C’est la ­fondation, la cave et le bar.

Vous écrivez ne pas réussir à vous blinder avec l’âge...

Je suis de plus en plus perméable et je me retrouve atteint par davantage de choses qu’auparavant. Je ne regarde plus les ­informations car j’ai l’impression de prendre toute la douleur du monde en pleine figure. Je suis né pendant la guerre et il n’y aura jamais de fin à la guerre. Les marchands de canons ne feront pas grève.

 Je ne parle pas de Françoise Hardy parce que je l’aime 

Jacques Dutronc

Votre compagne, Sylvie Duval, ne veut pas apparaître dans les médias. Françoise Hardy est, elle, un personnage public. Pourquoi est-elle si peu présente dans votre livre ?

Je ne parle pas d’elle parce que je l’aime. J’ai écrit l’essentiel : Françoise a sauvé ma vie et Sylvie m’a sauvé la vie. Sylvie, à deux reprises. Sans elle, je ne serais pas là, mais avec Serge Gainsbourg.

Jacques Dutronc, chez lui, à Monticello, le 23 septembre 2023.
Jacques Dutronc, chez lui, à Monticello, le 23 septembre 2023. Paris Match / © Patrick Swirc

Votre fils, Thomas Dutronc, ressemble davantage à sa mère ou à son père ?

Je crains qu’il ait parfois le caractère de sa mère. Il est beaucoup plus ­perfectionniste que moi. J’écrirai un jour un livre sur Thomas.

Quelle a été la période la plus heureuse de votre vie ?

Si j’en ai connu une, je n’ai pas dû m’en rendre compte. En ce moment, je suis ­heureux, mais pas tout à fait. Le bonheur est dans l’air.

 Je n’irai ­probablement pas à mon enterrement. Enfin, on verra. 

Jacques Dutronc

Quelle a été la période la plus malheureuse de votre vie ?

J’en ai connu plusieurs, mais j’ai fait en sorte qu’elles ne s’éternisent pas. Je ne ­pouvais cependant pas ressusciter mes parents. J’aime bien Dracula, mais au cinéma. J’ai été étonné de ma peine à la mort d’un chat, un seul, alors que j’en avais près de soixante autres. Je ne suis pas un prêtre, je ne peux pas aimer tout le monde. Mais, lui, j’y étais particulièrement attaché. Il a attendu mon retour de tournée pour mourir.

Pourquoi n’allez-vous pas aux enterrements ?

J’ai assisté à ceux de ma mère, de mon père, de mon frère. Après la mort de mon père, nous avons fait une fête, comme on le fait à la campagne. Récemment, j’ai perdu plusieurs amis d’un coup. Je suis allé les voir dans leur cercueil. J’avais déjà ­l’habitude de les voir ainsi car la sieste est sacrée en Corse. Ils se sont absentés avant que je ne les rejoigne.

Nous sommes tous de passage, mais on ne sait pas où est la sortie. Je me rends peu aux ­enterrements, aussi parce que je marche mal, ce qui est un comble pour un chanteur. J’ai subi deux opérations à la hanche, pour imiter Johnny Hallyday, mais du même côté. Je n’irai ­probablement pas à mon ­enterrement. Enfin, on verra.

Jacques Dutronc,
Jacques Dutronc, "Et moi et moi et moi", éd. Le Cherche Midi, 254 p. © DR

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